Du 26 au 29 avril se tient la 20e édition des rencontres « Coups de Théâtre » de l’Université Lumière Lyon 2, qui se donne la tâche de promouvoir le théâtre universitaire. Création originale de Laurie Guin et Gautier Hertzler, Les Anges ont vingt ans ouvre dès mardi cette nouvelle édition. ArlyoMag a pu assister à une répétition générale et vous livre ses impressions. Attention, spoiler : on a beaucoup aimé.
Cinq personnages, cinq histoires : des hommes, des femmes, leurs confrontations et leurs espoirs. La scène prend place dans un entre-deux métaphysique. Au paradis, comme semble suggérer le titre de la pièce ? Rien n’est moins sûr. Des limbes plutôt, au quatrième mur angoissant et impénétrable, fait de visages indistincts. Belle métaphore du public, au demeurant, pour cette première création du Collectiflou.
Au sol, de la pelouse. Sur la pelouse, canapés et fauteuils (gageons qu’ils auraient eu meilleur goût au paradis). Sur les meubles, les personnages, endormis. Ils se réveillent, ne se connaissent pas. Reste alors à comprendre, et à fuir. Vous vous dites peut-être : Sartre dans un escape game, en quelque sorte… Pourquoi pas (même si vous devriez avoir honte de cette comparaison), mais alors en beaucoup plus poétique. Et plus poignant, aussi. Car on a beau essayer de faire de l’humour, au bout d’une heure, on ne sort pas totalement indemne de cette représentation.
« La pièce a été écrite avec colère et achevée avec apaisement » (Laurie Guin, l’auteure)
De ces limbes aux allures de purgatoire, ne pourront réchapper que ceux qui accepteront de faire tomber les faux-semblants, pour affronter les arcanes les plus sombres de leur Moi. Dans ce huis-clos qui sert de prétexte à la parole, l’histoire se joue par les mots. Mais cette tentative de trouver une échappatoire par la catharsis a-t-elle la moindre chance d’aboutir ? Existe-t-il vraiment une sortie, ou tout cela n’est-il qu’un leurre ?
« Ça se fait pomper, remercier, honorer, pendant que ça bave sur la Terre » (extrait)
On apprécie la violence du verbe, son ironie grinçante, et sa justesse surtout, qui confronte chacun des personnages à la réalité qu’il se cache à lui-même. Difficile pour le spectateur de ne pas s’identifier, de ne pas prêter une oreille attentive à l’écho que renvoie le texte.
La mise en scène est tout autant maîtrisée. Elle permet de maintenir la pièce dans une tension continuelle sans jamais tomber dans la démonstration superflue. Pour reprendre son souffle, il faut compter sur l’humour noir, omniprésent. La plupart des répliques font mouche, en particulier celles de Jeanne (Lou Le Goaër). Sans doute parce que ce personnage incarne en grande partie l’un des thèmes centraux de la pièce : la dialectique homme-femme.
« La pièce s’apparente à un conte » (Laurie Guin)
En fait, cette pièce fait du bien à l’amateur de théâtre parce qu’elle est parvenue à dénouer toutes ses appréhensions : Les Anges ont vingt ans n’est pas le produit de jeunes qui regardent le nombril de leur jeunesse, faute de savoir quoi dire d’autre. C’est une première création, amatrice et universitaire, et pourtant, à quelques détails près, elle aurait toute sa place dans le circuit professionnel.
Autre mérite, et pas des moindres, la pièce parvient à trancher un éternel débat : celui de l’orthographe de la pantoufle de Cendrillon. Oui, absolument.
Des airs de conte, on vous dit…
Les Anges ont vingt ans, par le Collectiflou
Mardi 26 avril, 19h, à l’Amphithéâtre Culturel du campus Porte des Alpes (Bron). Représentation gratuite. Durée : 1 heure.
Texte : Laurie Guin. Mise en scène : Laurie Guin, Gautier Hertzler. Avec : Alexandre Benomar, Hassen Fialip, Lou Le Goaër, Violaine Manent, Clémentine Pons.