À l’occasion de sa « Semaine de la Comédie », UGC mettait à l’honneur The Nice Guys, comédie hallucinée et débridée présentée à Cannes cette année dans la catégorie « Sélection Officielle – Hors compétition ».
Dernier film de Shane Black, scénariste et réalisateur de la comédie Kiss kiss Bang Bang et du film de super-héros Iron Man 3 , The Nice Guys nous plonge dans le Los Angeles des années 70 et met en scène un duo de détectives privés chargé d’enquêter sur le suicide potentiel d’une star du porno.
Malgré une intrigue qui peut paraître classique, The Nice Guys se révèle une comédie hilarante et jouissive à la dynamique burlesque et au rythme effréné ; et c’est dû pour beaucoup à la qualité de son casting. En effet, qui mieux que le Robin des Bois de Ridley Scott et le justicier sensible de Drive pour incarner cette paire de détective bras cassés et attachants ? Russel Crowe et Ryan Gosling habitent avec brio leurs deux personnages dont le costume en skaï semble taillé pour eux.
Le premier, brute à l’esprit plus fin qu’il n’y parait, loue ses services et sa colossale carrure comme protection ; le second, détective privé lunaire et porté sur la boisson, tente de reconquérir avec peine l’estime de son ado de fille (qui deviendra à mesure de l’intrigue le cerveau du duo).
Leurs routes viennent à se croiser lorsque tous deux se retrouvent sur les traces de la même jeune femme, activiste exaltée qui, pour faire tomber sa mère (Kim Basinger, dignitaire du département de la justice, excellente en femme de pouvoir machiavélique), n’a rien trouvé de mieux que de tourner un porno !
De fêtes arrosées en courses-poursuites dans les rues embrumées de Los Angeles, Shane Black dresse une peinture burlesque de l’Amérique des 70’s où l’essor de l’industrie pornographique entraîne magouilles et corruptions. Black réussit tout à la fois à moquer le type du détective tout en faisant de ses deux personnages des types eux-mêmes : ceux du duo d’anti-détectives, qui peut évoquer la figure de Joaquim Phoenix , détective hippie incapable et malhonnête du Inherent Vice de Paul Thomas Anderson.
L’honnêteté, c’est justement là l’un des thèmes sous-jacents du film, qui sous ses aspects burlesques soulève à la fois une question éthique et esthétique. Comment être un Nice Guy lorsque l’on use de la violence autant que ceux qui sont explicitement présentés comme nuisibles ?
Peut-on cautionner la violence qui est orchestrée au nom du Bien ? Cette question de la violence comme éthique rejoint celle de l’esthétique à travers les choix de représentation opérés par Shane Black, qui place naturellement le spectateur du côté de ses Nice Guys. La violence faite au nom du Bien est édulcorée (par le choix d’angle de prise de vue, la distance de la caméra et des corps), rendue burlesque : le rire permet d’évacuer cette tension éthique et de placer naturellement le spectateur du côté des protagonistes.
Buddy movie 70’s burlesque au rythme effréné ( genre dont Shane Black est passé maître , notamment avec la série de l’Arme Fatale ) , The Nice Guys convainc par la complicité manifeste de son trio d’acteurs qui offre au spectateur un excellent moment de comédie, ainsi qu’une photographie séduisante (le travail de la lumière tend à encrer visuellement le spectateur dans la période choisie) et ouvre une réflexion sous-jacente sur l’éthique et la représentation de la violence.