Juan Antonio Bayona. Retenez bien ce nom. Ce cinéaste espagnol découvert par Guillermo Del Toro (rien que ça…) s’est fait connaître du public français via son premier long-métrage, L’Orphelinat. Devenu le plus grand succès espagnol au box office de son pays, le réalisateur n’aura pas de mal à tourner son second long-métrage, The Impossible, cette fois-ci en langue anglaise. Après un chef d’oeuvre comme premier film, il y a de quoi être attendu au tournant, mais brisons le suspense de suite, ce second film est du même niveau que le premier.
Aussi, si l’on pouvait entrapercevoir une certaine admiration déjà pour Steven Spielberg dans le précédent film du réalisateur (via un hommage au film Poltergeist plus qu’évident), cela sonne ici comme une évidence. En effet, difficile de ne pas penser au cinéma du papa d’E.T et d’Indiana Jones devant cette histoire de famille brisée (l’évènement naturel remplace le divorce) puis reconstruite, le tout montré en grande partie à travers les yeux d’un enfant (le génialissime Tom Holland qui a intérêt à nous décrocher un oscar). Mais au-delà de cette constatation, c’est surtout la maîtrise formelle de l’ensemble qui ne cesse d’épater. Bayona réussit non seulement à filmer une catastrophe horrible à hauteur d’homme (ou plutôt de femme puisque c’est à travers le personnage de la toujours excellente Naomi Watts qu’elle nous est montrée) de manière magistrale, mais surtout parvient à nous faire comprendre par l’image, et uniquement par elle, chacune des émotions de ces personnages. Prenons un exemple concret : avant de monter à un arbre pour rejoindre son fils durant la catastrophe, Naomi Watts baisse les yeux puis les relève sur sa main gauche où elle porte une alliance, suivie par un mouvement de caméra. Ainsi, en à peine deux secondes, le réalisateur nous montre qu’elle pense à ce qui a pu arriver à son mari. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Difficile d’expliquer en soi pourquoi The Impossible est un chef d’oeuvre tout en essayant de ne pas en dévoiler trop le contenu. Toujours est-il qu’il faut savoir que rarement un film n’aura autant joué sur la corde émotionnel de ses spectateur, avec autant de brio. C’est simple, une personne sensible devrait pleurer au moins quatre fois durant les 1h50 de projection. Pourtant, on ne peut pas dire que Bayona en fait trop, seulement qu’il maîtrise le médium cinématographique à la perfection. A tel point qu’il réussit à faire bien jouer Ewan McGregor, ce qui, avouons-le, est tout de même assez rare.
Si vous voulez voir une histoire simple, humaine, et à la lisière du fantastique bien que pourtant véridique, The Impossible est fait pour vous. Et même si vous ne voulez pas tout ça, mais seulement voir un grand film, allez-y.