Du 9 au 13 février 2016, le Ballet de l’Opéra de Lyon (dont on vous parlait récemment ici) présentait le spectacle Révolution(s) au Toboggan (Décines). Il regroupait à l’occasion trois ballets différents : Sunshine d’Emmanuel Gat, Xylographie de Tânia Carvalho et Tout Autour de Rachid Ouramdane.
Le spectacle débute avec Xylographie. Dans un silence total, apparaît un homme seul au fond à droite de la scène. Il ne danse pas, mais effectue des mouvements étranges, rappelant ceux d’un insecte. Cela dure longtemps, très longtemps… trop longtemps ? A chacun d’en juger. Puis, l’homme-insecte est rejoint par d’autres danseurs, hommes et femmes, pour former trois groupes de six. Un groupe en costume rouge, un autre en beige, le dernier en noir. Les danses deviennent alors de plus en plus intéressantes : les groupes de couleurs se synchronisent, se mêlent et se divisent, forment des vagues multicolores. La chorégraphe portugaise Tânia Carvalho signe ainsi sa première collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, qui ne nous a pas particulièrement convaincus. Nous aurions préféré une musique moins digne d’un film d’extra-terrestres, et davantage de danse synchronisée par l’intégralité du groupe.
Après nous avoir plongés dans un univers tout à fait surnaturel, les danseurs nous emmènent cette fois au cœur d’une de leurs répétitions quotidiennes. Du moins, c’est ce que nous inspirent les costumes (des tenues de tous les jours) et la chorégraphie créée par Emmanuel Gat. Nous regrettons qu’aucune musique ne vienne appuyer les pas de danse, mais seulement des voix enregistrées de scènes de la vie courante. Toutefois, nous saluons plusieurs très belles figures, dont une danseuse parfaitement gainée, portée et renversée en arrière au dessus de ses cavaliers masculins. D’ailleurs, seulement trois femmes étaient sur scène sur une quinzaine de danseurs au total : on peut imaginer qu’elles ont été choisies pour leur niveau particulièrement époustouflant. De cette mise en scène finalement assez étrange, nous est venue une question : les danseurs doivent-ils sans broncher suivre chacun des délires du chorégraphe, même les plus incompréhensibles ?
La troisième chorégraphie restera notre préférée. Rachid Ouramdane, pour sa seconde collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, a clairement tout prévu au millimètre et dans le moindre détail. Comment est-ce possible que les danseurs, se croisant sans cesse à une allure folle, ne se cognent jamais les uns les autres ? Ici réside la magie du ballet. Prenez le temps de suivre l’un des danseurs, observez le courir, danser avec un autre, jeter immédiatement son regard vers le prochain qu’il va porter, et ainsi de suite, jusqu’à réitérer ces mêmes gestes encore et encore. Prenez maintenant du recul et voyez les 24 interprètes se mêler et effectuer leurs propres mouvements en parfaite synchronisation les uns avec les autres. Puis ils se croisent, 12 allant du fond de la scène jusqu’à nous, 12 allant de gauche à droite, évoquant un échiquier géant et vivant. En fond, le piano assourdissant nous appelle presque à nous boucher les oreilles, mais nos yeux sont fixés sur les corps qui se mélangent à la perfection.
Une conclusion mitigée donc, pour un spectacle mêlant trois chorégraphies contemporaines bien différentes, se terminant toutefois en beauté.