Le Bec de Jazz, portrait d’un lieu distingué

C‘est de cet endroit inédit mais pourtant bien connu de tous, qu’ArlyoMag a décidé de peindre le portrait ce mois-ci. Sur les pentes de la Croix-Rousse, se trouve un endroit mystérieux, mélangeant punch et ambiance fiévreuse : le Bec de Jazz. 

« Le Bec de Jazz ramène aux racines de la musique. »

C’est très jeune que Tchangodei arrive à Lyon comme pianiste et joue régulièrement dans des bars et des boîtes. Ce mélomane s’installe rapidement dans la ville en tant qu’artiste, mais aussi en tant que propriétaire : dès 1984, il achète un local, le Bec de Jazz. Il lui donne ce nom en rapport à une chanson de Claude Nougaro sur le bec du saxophone. « L’idée est venue du fait que je ne pouvais pas mettre mon piano à queue dans mon appartement, je suis aussi peintre et j’avais besoin d’un local. Cela fait maintenant trente ans. » nous explique Tchangodei.

Après être passé des quais de Saône aux pentes de la Croix-Rousse, le Bec de Jazz est resté fidèle à lui-même, à sa programmation et à sa réputation. Il fait maintenant partie intégrante du patrimoine culturel lyonnais. Si ce lieu nous tient tant à cœur, quelque soit notre âge et nos préférences musicales, le mystérieux Tchangodei pense que c’est principalement lié à la musique jazz et au contexte actuel : « Depuis les années 2000, avec l’arrivée d’internet, on a du mal à vraiment trouver un esprit originel. Le Bec de Jazz, pour moi, ramène aux racines de la musique. »

Tchangodei
Tchangodei

« Les gens ont besoin de s’évader… »

Depuis quelques temps, on observe une augmentation du nombre et de l’attrait que suscitent les friperies, les disquaires vinyle, mais aussi les soirées aux thématiques des années 50, 60, etc. Ce retour aux sources, Tchangodei pense qu’il est nécessaire : « Les gens ont besoin de s’évader. Il y a une véritable détérioration de la nature humaine de nos jours. La nature est désertée à tout niveau, qu’il soit musical ou plus globalement, relatif à la pensée. Le virtuel prend le dessus sur tout. »

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Ce qui est sûr, c’est que le jazz dégage une énergie. Et c’est justement cette dynamique que l’on retrouve dans ces soirées folles au Bec de Jazz. Et pour cause, Tchangodei sélectionne avec soin ses musiques : « Je sais dès la première écoute si la musique est juste ou non. J’écoute un air et quand je ressens que le morceau est bon et qu’il a un vécu, je le choisis. D’où la diversité que l’on peut entendre d’une soirée à une autre. »

Ce qui fait la force de ce lieu, c’est surtout son rapport au passé. Tout le monde peut se rendre au Bec de Jazz, siroter du punch, se trémousser au rythme de la musique et se sentir à une autre époque, celle des années folles. C’est justement ce mélange d’époques et de styles qui rend le Bec de Jazz aussi culte. Sa musique, les peintures accrochées à ses murs et son ambiance font l’unanimité :  « La musique Jazz réconcilie toujours. C’est une pulsation que tout le monde ressent. »