Nous avions évoqué par ici, une interprétation de ce que peut être le stylisme, du moins selon votre humble rédacteur d’Arlyo. Nous envisagions entre autre ce domaine d’expression comme plateforme ambulante pour véhiculer des valeurs propres à chaque individu. Ainsi, une simple terra cotta peut en dire long sur le parcours de la personne qui en ab-use (ces gens au teint orange) tout comme un turban raconterait d’un héritage ou d’une réappropriation d’ordre ethnique.
Bien, aujourd’hui, dans cette effervescence où tout le monde peut-être ce qu’il/elle veut et même plusieurs choses en même temps, le cumul des mandats, la confusion et le mélange des genres offrent leur lot de satisfaction, et d’optimisme.
Dans un contexte où tout se vend et s’achète, y compris les bons sentiments, quels sont les nouveaux visages et les formes de communication éthiques et éco-responsables/durables/solidaires ?
One miss, one mission
En France, pays des grèves et du bal des pompiers vers la mi-juillet, certaines miss France sont passées à la postérité en s’évanouissant au moment de leur couronnement, ou en voulant piquer la place de Jean-Pierre Foucault. Ailleurs dans le monde, elles ont un peu plus de choses à raconter, notamment au Canada.
Ashley Callingbull est Mrs Universe 2015, qui est la version femme mariée de Miss Universe, petit business dirigé depuis 1996 par Donald Trump, qui a lui-même tout racheté et revendu en septembre dernier à la société qui gère notamment les fashion weeks de Londres, Milan et New-York. Le concours Mrs Universe s’oppose et se différencie des autres foires, en cela qu’il s’articule autour de thèmes de société. Cette année, la cérémonie mettait en lumière les violences conjugales.
Ah c’est sûr, on ne se contente plus d’être contre la guerre et la pauvreté dans des speeches à la sincérité et à la syntaxe douteuses.
Ashley est descendante de la tribu Cree, des Indiens du Canada, que l’on appelle les Premières Nations. Elle a participé à plusieurs concours alternatifs comme Miss Friendship International, et est également comédienne et mannequin. Habituée donc à ce qu’on la regarde, elle a, dès le lendemain de sa victoire, annoncé qu’elle comptait bien être tout aussi écoutée.
Elle met donc sa notoriété et sa beauté au profit de ses co-natifs/ves du Canada, insistant sur la reconnaissance du pillage sur lequel a été fondée la nation actuelle, ainsi que la représentativité dans les médias et sur la scène politique. En politique justement, elle s’oppose vivement au Premier Ministre (conservateur) en charge, Stephan Harper, également candidat à sa propre succession.
Coté fringues, elle arbore tout naturellement des tenues et/ou accessoires créés par des Premières Nations, soutenant la créativité locale, comme ici lors de son discours à la conférence du MMWI (Murdered and Missing Indigenous Women) l’organisation des indigènes canadiennes portées disparues ou assassinées, luttant contre un véritable fléau raciste outre-atlantique.
Ce que j’aime chez Pamela…
Droite dans ses propres bottes elle aussi, l’actrice/activiste Pamela Anderson met l’accent sur différents problèmes et challenges qui nous concernent tou-te-s. L’éternelle CJ Parker d’Alerte à Malibu pose, écrit et converse autour des thématiques d’environnement, de santé, d’alimentation et d’éthique, toutes d’ailleurs interconnectées.
On a tous subi la campagne Peta dont l’égérie fut Zahia, campagne d’information dont on peut questionner le sexisme comme la plupart du temps pour cette association, connue également pour sa tendance à euthanasier des animaux sains et adoptables… Et bien la version originale qui date de 2010, alors déjà photographiée par le chanteur Bryan Adams, c’était elle !
Outre donc sa connexion avec l’incontournable et non moins sulfureuse association, Anderson nous gratifie et satisfait en ayant lancé sa propre fondation, en faveur des droits des animaux non-humains, promouvant le veganisme ; et a aussi depuis peu créé sa propre marque.
Ainsi sont nées les Pammies, bottes 100% cruelty-free (rappelez-vous nos articles sur la cosm-éthique et les produits testés sur animaux) confectionnées à partir de composants électroniques recyclés. À l’opposé d’autres célébrités comme la comique Ellen Degeneres qui s’est bâti une réputation sur le business vegan avant de lancer le mois dernier une gamme de chaussures en cuir, Pamela prouve qu’elle n’en n’a pas que dans le soutien-gorge.
À propos de Peta, il y eut aussi la fameuse campagne dans les années 90 : « je préfère marcher nue que porter de la fourrure » dont les top models protagonistes se sont toutes révélées adeptes de la fourrure.
Ne nous leurrons donc pas sur les bonnes intentions, mais soyons patient-es et positifs/ves, le stylisme est bel et bien dans la place. D’ailleurs, la campagne sur la fourrure avait quand même bien impacté les ventes à l’époque.
À noter également coté fashion et haute-couture, l’activisme efficace au succès planétaire de ces différentes créatrices (des américaines, des australiennes et pas encore de français-es), avec en tête de liste Stella McCartney, qui prête désormais sa griffe cruelty-free à des produits d’alimentation : vegan style icons.
Un, personne, cent mille : le(s) visage(s) lyonnais
Chez nous, à part Madame de Fontenay qui a toujours soutenu Arlette Laguiller ainsi que « le droit aux jeunes filles de porter un fichu sur la tête », on a comme bien trop souvent, bien trop de mal.
Passons l’épineuse controverse Bardot (NB : aucun rapport avec votre rédacteur Stylisme, Loulie Bardot !) qui donne dans le glamour intolérant, et demandons nous qui, côté style, représente une quelconque innovation socio-culturelle…
Et bien, encore une fois, pas d’égérie locale. Ceci dit, si nous attendons avec espoir qu’une figure de proue hexagonale – tant qu’à faire lyonnaise – nous tombe d’un calendrier de charme, ce n’est pas un seul, mais des centaines de visages qu’il faut saluer là.
Il existe plusieurs réseaux solidaires, qui exploitent nos besoins et envies en matière de vêtements, accessoires, design d’intérieur, et les transforment en réponses concrètes à d’autres besoin plus primordiaux.
Les nombreux Emmaüs, Bric à Brac du Foyer Notre-Dame-des-sans-abris, ou autres friperies solidaires, vous attendent un peu partout à Lyon et autour. On y propose de véritables trésors textiles, mercerie, vaisselle, affiches, objets et meubles au design vintage (et des livres à 1 euro !)
Ces structures nous permettent d’économiser, recycler, aider à employer/loger/nourrir des oublié-es et surtout réaffirmer notre pouvoir d’action (même indirectement) en tant que consomm-acteurs.
Encore une fois, c’est le Lyon alternatif, anonyme et talentueux qui nous donne matière à être fier-es, et soutenir sans complexe, la comparaison d’avec ces superstars du stylisme réfléchi.