LA FAMILLE, CELLULE UNIVERSELLE
Jack : le personnage central.
Le personnage Jack, joué par Sean Penn se balade dans les architectures et les circonvolutions de la zone Ground Zero de New York. Sa vie est mise en adéquation avec le milieu dans lequel travaillait son père, une industrie des années 50. Lorsqu’il était petit garçon, le père lui dit de ne pas suivre sa voie. Dès lors, on sait que la vie de Jack est, de manière intuitive pour le spectateur, en train de se rater. Et le travail de réminiscence et de deuil qu’il s’octroie, l’aidera probablement à comprendre à trouver une issue. « I do what I hate », se dit Jack enfant.
Les plus beaux moments du film sont pourtant ceux qui paraissent les plus simples. L’évolution de l’enfance de Jack se met donc en corrélation avec l’évolution de la vie. Choisissant évidemment une narration enchevêtrée et elliptique, Malick réfléchit sur une portion de vie, qui ne doit pas être éloignée de la sienne. Tout ce qui touche au cocon familial est superbe. Il n’est pas exagéré d’écrire que l’on a rarement ressenti et vu une telle justesse dans l’observation des gestes et comportements. On croit dur comme fer à la description de cette famille.
Jack, bébé, en gros plans magnifiques, puis un travelling met en exergue les premiers pas de l’enfant, et enfin les premiers balbutiements vocaux. S’ensuit l’arrivée d’un frère, qui suscite d’abord de la curiosité. Celle-ci se mue progressivement en jalousie colérique, sublimement rendue dans ce film. Les relations contradictoires du père avec ses trois enfants (en particulier avec Jack) sont également impeccablement croquées.
Brad Pitt (Mr O’Brien) est exemplaire de sobriété, de force retenue et contraste bien avec la Mère. Elle devient volontairement une incarnation de Pureté, une image déifiée, qui marque à juste titre les souvenirs de Jack.