Flash back sur la Palme d’or 2011.

Une réalisation bouleversante.
La simplicité est ici transcendée par la puissance des mouvements de caméra et donne très souvent l’impression de voir ces séquences pour la première fois. Pour le coup, si l’un peut devenir totalement hermétique et distant, l’autre se met à comprendre que l’adhésion est curieusement immédiate. On peut prendre comme exemple la séquence où Mr. O’Brien tient son fils par le cou ou l’épaule : ils sont filmés de dos, la caméra les suit de manière fluide. On entend le fils renifler. Il pleure car son père lui reproche d’avoir mal tondu la pelouse en lui montrant les endroits en question… Puis soudain, le garçon le serre dans ses bras, dans un mélange de dernier recours et de besoin naturel et irrépressible. Bouleversant…

La question paternelle est remise en question. Quand on a le travail, on est responsable et on se sent dominateur. Quand on ne l’a plus, on se repentit car on sait qu’on n’est plus un modèle. Puis l’enfant Jack devient un adolescent, et la bifurcation comportementale se fait discrètement. Vient alors une petite séquence dont je ne dévoilerais pas le contenu, mais qui tient le spectateur en haleine, avec un sens du suspense aussi bref que magistral.

De l’infiniment grand à l’infiniment petit.
Le dernier quart d’heure du film (le plus sur le fil) est pourtant éblouissant et surtout vertigineux. Car cela atteint quelque chose que l’on peut avoir déjà imaginé une fois atteint un certain âge : préserver l’image de ses parents, de ses frères et soeurs, à leur plénitude. C’est à partir de ces scènes-là que l’on peut considérer The Tree of Life comme une oeuvre magnifique sur la transmission et le deuil. Rentre en jeu, la question de la place que l’on a dans un monde-univers où l’infiniment grand (le cosmos) renvoie à l’infiniment petit (l’histoire familiale). Tout cela ramène à une vision totalement intérieure, entièrement personnelle, extrêmement intime… et dont on peut se sentir proche… et beaucoup plus que l’on ne croit.