« Le monde de Steve McCurry » est à découvrir jusqu’au 26 mai 2019 à La Sucrière de Lyon. Le photojournaliste expose ses photos les plus célèbres, mais aussi d’autres plus récentes. Elles retracent 35 ans de voyage pour le compte du National Geographic.
Pour une bonne exposition photo, il faut d’abord un bon cadre. La Sucrière, espace protéiforme qui accueille la Biennale d’art contemporain, est un lieu idéal pour Le monde de Steve McCurry. L’exposition rassemble plus de deux cents photos, imprimées en grand format. La scénographie met en valeur chaque cliché en permettant au visiteur de découvrir des paysages et de nombreux portraits dans des conditions idéales. Sans parcours imposé, on se balade librement entre les photos avec son audioguide (compris dans le prix du billet et fortement conseillé).
Le monde de Steve McCurry, notre monde à tous
L’exposition revient sur plus de 35 ans de photojournalisme, une histoire débutée en 1979 avec une série réalisée en Afghanistan. L’audioguide traduit les propos de Steve McCurry, que les bilingues en anglais pourront écouter directement en VO. Le photographe commente ses clichés, et explique avoir voyagé à travers le monde pour montrer « tout ce qui nous lie et tout ce qui nous distingue ». Par exemple, l’artiste raconte qu’il a photographié des pêcheurs : il a été frappé par la similitude de leurs gestes d’un pays à l’autre, malgré les kilomètres qui les séparent.
Un monde de regards et d’instants
On dit d’une photo que c’est un « instantané », mais il faut parfois plusieurs heures ou jours pour la réaliser. Steve McCurry explique qu’il peut observer la rue pendant des heures en attendant la lumière idéale et le bon moment. Il s’est ainsi plongé dans l’atmosphère des moines Shaolin pour voir leur quotidien et suivre leur entraînement. Il en tire une série de clichés étonnants, qui montre avec poésie la vie surprenante de ces hommes.
À l’inverse, l’une de ses plus célèbres photos, Afghan Girl, a été réalisée assez rapidement. En 1984, dans un camp de réfugiés, Steve McCurry repère une jeune Afghane au regard inquiet. Il la fait poser quelques instants sans savoir que le cliché deviendra l’un des plus connus au monde. Le photographe ne note pas le nom de son modèle, il ne retrouve la jeune fille devenue femme qu’en 2002, et la photographie à nouveau.
Si cette jeune fille et son regard ont tant fasciné le monde, c’est qu’ils semblent refléter le même désarroi, la même peur de la guerre. Ces sentiments se retrouvent dans d’autres portraits, avec toujours cette attention portée aux regards.
Plus qu’un métier, une façon de vivre
Tout au long de l’exposition, l’artiste se livre dans une série d’interviews. Il parle de son métier et des moments les plus marquants qu’il a vécus. Ainsi, celui qui a photographié la guerre et la misère aux quatre coins du monde a été rattrapé par l’horreur dans sa propre ville, New York. Le 11 septembre 2001, alors qu’il se réveille, Steve McCurry est appelé par son assistante qui lui dit de regarder par sa fenêtre. De là, il constate que les tours du World Trade Center viennent d’être heurtées par deux avions. Incapable de faire face à ce qu’il voit, il sort son appareil, monte sur le toit et prend des photos, comme pour mettre de la distance entre lui et l’événement. Il capture en direct l’effondrement des tours, et passe la journée du 12 septembre à Ground Zero à photographier les décombres et le travail des pompiers.
Pour finir, le monde de Steve McCurry n’est pas seulement celui de la guerre ou du désarroi. De-ci de-là, des portraits d’enfants, de nourrissons, de visages souriants et colorés nous rappellent que parmi ce qui nous lie, il y a l’amour.
Exposition à La Sucrière jusqu’au 26 mai 201926
Ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 18 h
Week-end et jours fériés de 10 h à 19 h
Fermé le 1er mai et les lundis (hors vacances scolaires)