Takamouv est un centre de hiphop créé à Lyon en 1998 par Red Locks et Doun, deux amoureux de la culture hiphop. A l’époque, le hiphop est peu et surtout mal connu en France. Ils font alors la démarche d’aller rencontrer les précurseurs américains, afin de pouvoir proposer un enseignement correct des différentes disciplines hiphop. Après un parcours difficile et éprouvant, leur structure accueille aujourd’hui 250 élèves, de 4 à 50 ans. L’accent est mis sur la transmission de la culture hiphop, de son histoire et de ses valeurs. J’ai rencontré Red Locks, co-fondatrice de Takamouv, qui m’a fait part pendant notre entretien de son amour pour cette culture et de son beau combat pour la reconnaissance du hiphop en tant qu’art, au même titre que les autres danses.
Besoin de formation de qualité en France
arlyo : Comment est venue l’idée de créer Takamouv ?
Red Locks : L’idée est venue tout simplement du fait que moi, je voulais me former en danse hiphop. Et qu’à l’époque en France on commençait à peine à voir quelques cours par-ci par-là, qui étaient enseignés un peu n’importe comment. Donc c’est parti de là, on a décidé de monter un centre pour apprendre à danser hiphop, destiné aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels. Parce que même parmi les professionnels, à l’époque en tout cas, les gens ne savaient pas donner des cours. Et on s’est fait traiter de fous bien sûr, parce qu’en 1998 ça paraissait complétement aberrant !
arlyo : En quelques mots, Takamouv ça consiste en quoi ?
Red Locks : Alors c’est assez vaste, mais bon notre cheval de bataille c’est de prouver que le hiphop est un art. Je considère qu’aujourd’hui le hip hop est vu plus comme un vecteur social, ou un petit brin d’exotisme parmi tant d’autres. Notre principal but, c’est de faire en sorte que que ça devienne plus professionnel, tout simplement. Comme les autres danses, qui ont été reconnues à un moment donné et qui donc peuvent prétendre à certaines choses auxquelles nous on ne peut pas prétendre.
Etre 100% autonome
arlyo : Et par quels moyens luttez-vous pour la reconnaissance du hiphop ?
Red Locks : Déjà la première chose c’est d’être autonome, à 100%. Les gens ne se rendent pas bien compte aujourd’hui de ce que ça veut dire. Parce qu’on est tellement habitués à un circuit subventionné, que même quand on dit qu’on est autonomes, ça résonne pas forcément dans la tête des gens.
arlyo : A la base ça a été un investissement financier personnel ?
Red Locks : Donc ça a été totalement personnel, tout en sachant qu’il n’y a eu aucun investissement financier, mais uniquement physique et moral. On est partis de zéro. Donc on a surtout donné de notre personne, pendant très longtemps, et encore aujourd’hui j’ai envie de dire. J’ai donné des cours bénévolement, toutes les actions que je mène la plupart du temps, c’est bénévole. Puisque étant donné qu’on voulait professionnaliser, on tenait à ce que nos professeurs soient rémunérés en tant que professeurs, ce qui fait que notre argent allait d’abord à nos professeurs.