Hyperactif. Tel est le caractère qui correspond le mieux à Alexander Ridha, homme qui se cache derrière le crâne de Boys Noize. Producteur et Dj allemand d’origine, ce dernier développe depuis 2005 des activités de plus en plus diversifiées. Son label, Boysnoize Records, est agrémenté chaque année de nouveaux espoirs de la scène électronique internationale. Acclamé dans le monde entier, il a sorti son dernier album, Out Of The Black, le 28 novembre dernier. Il a conçu autour de celui-ci un live titanesque, décoré de son fameux crâne et composé d’une installation « terminatoresque ». Ses partenariats vont de Skrillex à Snoop Dog, mais sa technique sonore acid house est toujours aussi efficace.
Pour les quelques néophytes électro rock, derrière Boys Noize se cache un garçon d’une trentaine d’années. Né à Hambourg, il se met à mixer dès l’âge de 12 ans, puis commencent à développer différents projets à l’aide des boîtes et Djs berlinois. Il commence à se faire connaître du grand public en 1998, grâce à sa production electro house D.I.M. Sa vie prend un tournant 7 ans plus tard, lorsqu’il crée son propre label, Boysnoize Records. Il enregistrera alors son album référence « Oi, Oi, Oi » où il clame avec passion, énergie et mordant son amour pour la house et l’électro rock. Enormément reconnu par ses pairs, ses références restent impressionnantes : Justice, Digitalism, Para One, Surkin, The Bloody Beetroots… Il restera culte pour toute une génération grâce à ses remix de Tiga, Feist, Depeche Mode ou encore Bloc Party.
Ces derniers temps, on le voyait très peu à l’affiche des festivals. Mais « Kid Alex » se réservait à quelques clubs allemands afin de préparer en toute tranquillité son nouveau long format, qui lui aura seulement pris quelques mois de son temps. Cependant, il reste honnête et n’hésite pas à décréter que le disque, tel que nous le connaissons actuellement, ne correspond plus aux critères d’écoute de la nouvelle génération : « La plupart des gens n’ont pas le temps d’écouter un disque en entier. C’est vraiment un art qui se perd. Un album est toujours une oeuvre d’art, et elle restera toujours plus longtemps dans l’esprit des gens qu’un single qui durera plusieurs semaines. »
Vite satisfait de sa musique, la nouveauté de cet album tient dans l’incrustation de vocaux chantés par lui-même. C’est notamment le cas sur XTC, véritable retour aux sources électro rock de l’auteur. Un prochain single coup de poing avec une petite touche d’étrangeté et une voix robotique qui rend la track hypnotique. Un album qui a reçu les honneurs de Xavier de Justice, et de David de Soulwax, des honneurs mérités. Car lorsque le Kid commence à scratcher, nous obtenons de petites perles telle que Stop, mix éclectique directement inspiré des Daft Punk eux-mêmes. Il s’amuse de plus à jouer des sons actuels, comme sur le morceau Circus Pull Of Clowns, dubstep latente et agressive toute droite sortie du futur. Quant à son morceau avec la star du hip-hop Snoop Dog, la track de rap surprend quelque peu à la première écoute. Mais c’est ce qui fait toute l’originalité et la spécificité de Boys Noize, il sait se réinventer et réinventer sa musique. Nous doutons peu de l’explosion en single du morceau, tant le feat est unique et inhabituel.
Constamment en mouvement, l’homme au crâne brillant devrait très prochainement s’entendre avec Siriusmo, dans ses studios à Los Angeles. Peut-être une chance pour lui de se faire connaître aux States : « Je le considère comme un génie dans ce qu’il fait. Il fait aussi de la peinture, du graffiti. Il m’aide aussi à créer mon nouveau show, qui s’annonce assez excitant. ». En résumé, Boys Noize est un artiste phare de la scène électronique de ces dix dernières années. C’est donc avec plaisir que l’on déguste cette oeuvre futuriste et atypique, qui nous transporte entre douceur et violence, pendant plus d’une heure. Le trentenaire s’impose, avec Out of The Black, comme un monument incontournable du monde de la musique électronique.