Le ZUGZWANG est la situation, dans une partie d’échecs, durant laquelle un des deux joueurs se rend compte que la défaite est inévitable. Il doit alors choisir entre provoquer la chute du roi (en jouant un coup perdant) ou continuer la partie jusqu’à la dernière pièce. Dans le jeu, il est souvent considéré comme un déshonneur de choisir la deuxième option, car elle s’apparenterait à un aveu de faiblesse et à un refus de la défaite.
Le mot ZUGZWANG vient de l’allemand, il signifie coup perdant. Il fait partie du vocabulaire des amateurs du jeu d’échecs, dans le sens où plus un joueur arrive à mettre son adversaire en zugzwang rapidement au cours d’une partie, plus il est considéré comme un redoutable tacticien !
Souvent, on assiste au zugzwang en fin de partie lors de ce que l’on appelle le face-à-face des rois. Ce dernier est représenté par le moment où il ne reste aux deux joueurs qu’un petit nombre de pions en plus du roi.
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Plus qu’une tactique … Un état d’esprit.
Reconnaître sa défaite est en soi une victoire car il faut beaucoup de courage et de maturité pour assumer le fait d’avoir échoué. Quand je vois des associations, des startups, voire des entreprises mettre la clé sous la porte à cause d’une histoire de fierté mal placée, je me dis qu’à un moment donné il n’y aura plus que celles qui se sont « plantées » et se sont dits par la suite « D’accord on s’est planté, maintenant on va essayer autre chose ».
Peu importe l’échelle à laquelle on travaille, peu importe le secteur. Qu’on soit un artiste solitaire ou une grosse structure, c’est le même principe ; Tu foires quelques parts, tu testes autre chose. Car si tu continues à foirer en espérant un jour que ça marche …
Pas besoin d’en rajouter une couche … Revenons au Zugzwang, imaginez un artiste lyonnais qui n’arrive pas à percer. Il n’arrive pas à enchainer les dates, aucun média ne s’intéresse à lui, sa page facebook ne compte pour fans que ses amis d’enfance. Pour remédier à tout cela, il a une méthode. Seulement, celle-ci ne fonctionne pas (pourtant il a fait des études, des recherches, lu des bouquins, demander des conseils pour avoir une base théorique solide avant de se lancer dans sa carrière d’artiste). Théoriquement, il connait très bien les rouages de son secteur, les acteurs influents, comment intéresser les médias, il a un business plan en béton …etc.
Cependant, sa méthode ne fonctionne pas. Il ne cesse de la redéployer année après année : Pas le moindre effet. Sa carrière d’artiste se révèle donc être un échec. il en est conscient mais ne comprend pas pourquoi ça ne fonctionne pas alors qu’il sait tout, qu’il a tout ce qu’il lui faut pour que ça marche. Alors il continue encore quelques années … Toujours pas de résultat : Echec total. S’ensuit une longue depression nerveuse, et deux tentatives de suicide ratées (foirées?). Il a fait comme ce joueur d’échec qui a choisi de jouer jusqu’à la dernière pièce, refusant sa défaite.
Quelques mois plus tard, il se rétablit de ses tentatives de suicide. Il va à Pôle Emploi, il trouve un job (je rappelle qu’on est en train d’imaginer). Puis, Il se contente de pratiquer son art en s’adaptant aux difficultés qu’il rencontre. Il jette à la poubelle son business plan en béton et sa stratégie à long terme.
Son objectif principal n’est plus de réussir mais de montrer ses travaux, ou faire écouter ses chansons au plus grand nombre de personnes possible. Un an plus tard, son emploi du temps est trop chargé et il se voit obligé d’embaucher un ou deux stagiaires pour gérer les rendez-vous, les dates, les relations presse et sa communication.
Un soir il se demande pour quelle raison son business plan n’a pas fonctionné pendant plusieurs années. Alors que sans business plan précis ni de stratégie à long terme il a enfin pu être considéré comme un artiste par son entourage et les médias et il a même un petit fan club de 1000 personnes sur facebook.
Notre artiste ne connaitra jamais la réponse à sa question, moi non plus et vous non plus. Une chose est sûre, il avait oublié de prendre du plaisir en tant qu’artiste.