C’est vendredi soir, et le moment est venu d’aller se trémousser sur la piste de danse. Pas de soirée clubbing, mais un bal folk au Sixième Continent, un bar associatif situé aux alentours de Saxe Gambetta…
Il n’y a pas un chat dans la rue Saint-Michel. Puis en avançant, un peu plus loin sur la droite, je distingue un attroupement de quelques personnes. C’est la bonne adresse. Je pousse la porte, il est environ 21 heures. Une dizaine de personnes sont là entrain de discuter, un verre à la main, la soirée n’a pas encore commencé. Et soudain, un bruit d’accordéon qui s’échappe de la pièce d’à côté : un appel à la danse.
Le bal est animé ce soir par un groupe auvergnat, « La Vielha » ; une musicienne, une chanteuse et une marionnette : « Paulette ». Rapidement, les corps s’échauffent, les plus habitués prennent les devants. Quant aux plus timides, ils restent un peu en retrait, appuyés contre le mur, attentifs aux mouvements. Une ou deux valses passent et les voilà qui s’élancent. On se marche quelques fois sur les pieds, on se bouscule, on ne va pas aussi vite que l’on voudrait, on s’excuse de ne pas savoir bien danser, on s’accroche à notre partenaire : 1,2,3,1,2,3. Mais au fur et à mesure, les corps se détendent : on improvise. Certes, des danses codifiées mais que chacun a la liberté de s’approprier. Libre de choisir la cadence, libre de tourner, libre de sautiller.
Valse, mazurka, bourrée à deux temps, à trois temps… des danses à deux, des danses à trois, et des rondes pour danser tous ensemble. « Vous aimez vous toucher les uns les autres », lance la chanteuse. Et oui, force est de constater que ce n’est pas si désagréable. Ici sur la piste de danse, les regards s’entrecroisent, et les amoureux se regardent droit dans les yeux. Chaque morceau de musique est un moment unique. Un instant partagé avec un ami de longue date ou pourquoi pas un parfait inconnu. Quelque chose se crée. Des sourires apparaissent sur les visages : joie de vivre.
Je me fraie un passage en dehors de la foule pour échanger avec quelques danseurs. Je rencontre Max. Le bal trad’ pour lui, c’est une première fois. Il n’a pas l’habitude de danser, c’est « une initiation ». La musique, en revanche, lui est familière, elle le ramène au monde de l’enfance. Des CD que ses parents écoutaient à la maison. C’est une amie qui l’a poussé à venir, il ne serait peut-être pas venu seul. Mais cette ambiance lui plaît : c’est une belle découverte.
Puis il y a Maude, Maria, Lena, trois silhouettes que j’ai vues sur le parquet de danse et que je retrouve pour discuter. Elles sont venues pour la musique, pour danser, pour faire de jolies rencontres. Elles apprécient l’ambiance chaleureuse et conviviale des bals. Les plus expérimentés sont volontaires pour apprendre aux débutants les rudiments de base. Des bals traditionnels à Lyon, il y en a beaucoup me dit Léna : « On peut se débrouiller pour danser une fois par semaine ».
Pour Elsa, à n’en pas douter, les bals sont des moments privilégiés : « Tout ce monde réuni pour passer un bon moment autour de la musique, les mouvements, les danses… » Elle poursuit :
« Chaque danse raconte une histoire, c’est parfois ennuyeux, maladroit, burlesque, grotesque, léger, sensuel, fou, doux, à côté de la plaque, voguant, planant, terre à terre, bourrin, malicieux, conventionnel, improvisé, disloqué, insufflé. »
C’est un autre univers qu’elle nous décrit, un monde où la musique occupe une place centrale. Bien au contraire de ce que l’on pourrait croire, le répertoire des musiques traditionnelles est infini et se renouvelle en permanence. Elle aime le sixième continent car l’association propose également des cours de danse et puis l’entrée n’y est pas trop chère, même si il faut bien payer les musiciens.
Minuit, une dernière valse, on applaudit, on s’enlace, on se remercie. Le bal est fini. Il est encore tôt, c’est vrai, seul inconvénient du bal en pleine ville. Mais comme dit Elsa, « on y danse peu mais le plaisir y est ».
Venez vous aussi danser au Sixième Continent ; une fois par mois, l’association accueille un nouveau groupe.