On ne parle plus que du nouveau film de Steve McQueen, sorti en salle le 22 janvier 2014, 12 Years a Slave (douze ans d’esclavage). C’est le troisième long-métrage du réalisateur, il a déjà été fortement récompensé et déchaîne les critiques positives.
Le film aborde un thème récurrent ces deux dernières années : l’esclavage et la condition des noirs en Amérique. Le sujet était très peu exploité au cinéma, contrairement au contexte de la guerre de Sécession ou à l’esclavage durant l’Antiquité. En 2013, il a été abordé à travers le western spaghetti avec Django Unchained de Quentin Tarantino, d’un point de vue biographique avec Le Majordome de Lee Daniels ou encore historiquement avec Lincoln de Steven Spielberg.
12 Years a Slave est l’adaptation de l’autobiographie de Solomon Northup, dans les années 1840 dans le sud profond américain. Un homme se fait kidnapper et se retrouve esclave dans les champs de coton, le film est criant de réalisme, aucun détail de la cruauté des négriers ne peut nous échapper. À travers les autres personnages et le regard de Solomon, nous assistons à un témoignage poignant, notamment avec le personnage de Patsey, une jeune esclave qui subit les pires tortures sous les yeux des autres et du spectateur impuissants. Tout le film baigne dans une ambiance très pesante, par exemple une scène de pendaison inachevée est filmée durant de longues minutes de tous les points de vue possibles. McQueen a créé des attentes interminables et des images très dures. L’histoire du héros et sa vie dans la plantation montrent l’inhumanité et la stupidité des esclavagistes, surtout par le personnage de Edwin Epps, propriétaire de l’exploitation et prêt à tout pour faire de ses esclaves des machines de travail ou des objets sexuels.
Comme dans ses deux précédents films, on retrouve Michael Fassbender qui nous offre une incroyable performance, mais également Chiwetel Ejiofor dans le rôle principal. Il y a de nombreuses similitudes entre les trois films de Steve McQueen, Hunger dénonce la condition de vie en prison et la grève de la faim historique de Bobby Sands, le leader de l’IRA et Shame raconte la vie de Brandon, un homme obsédé maladivement par le sexe. Ces trois films tragiques racontent le parcours d’un homme (représentant une communauté victime) prisonnier et qui doit se battre pour trouver sa liberté et sa dignité. On commence à cerner le style du réalisateur à travers ses longs plans-séquences, sa volonté de choquer le spectateur, de le prendre à témoin et parfois même de le faire culpabiliser (les trois protagonistes, à un moment de leur film, fixent le spectateur de façon dérangeante durant un long moment). Le silence pesant et la violence des images de McQueen permettent de dénoncer brutalement, mais efficacement, les conditions de vie inhumaines de ses héros.
On remarque que les salles lyonnaises aujourd’hui sont plus nombreuses à avoir choisi de diffuser 12 Years a Slave en version originale plutôt qu’en version française.
VO : Pathé Bellecour, UGC Ciné Cité International, Comœdia, UGC Ciné Cité Confluence, Ciné-Caluire, Maison du peuple, Cinéma Toboggan, Cinéma La Passerelle, Cinéma Jacques Perrin
VF : UGC Lyon Part-Dieu, Pathé Carré de Soie, Mega CGR, Rex, Les Amphis, Megaroyal