À l’occasion de la sortie de leur premier EP The Pure Land, nous avons rencontré deux membres de Visages : Paul et Julien. Ces derniers nous ont parlé de leurs différents projets artistiques, de la sortie de leur EP, de musique, de leurs live musicaux illustrés…
Le projet Visages est une invitation à explorer la richesse de nos mondes intérieurs. Il réunit plusieurs arts afin de produire un live audiovisuel alliant musique, illustration, VJing (performance visuelle en temps réel) et scénographie. Avec une identité graphique et sonore singulière, chaque performance est alors imaginée comme un voyage, entraînant la foule à s’abandonner à la transe et l’extase.
Pouvez-vous vous présenter ?
- Julien : Je m’occupe de toute la partie vidéo de Visages, et je m’occupe de tout ce qui est projection pendant les live et mises en scène des clips. Je travaille beaucoup avec mon frère Nicolas, illustrateur, qui n’est pas avec nous aujourd’hui, mais que je peux vous présenter ! Vous pourrez le découvrir sur Instagram sous le nom de Dipylon. Il exploite plein de supports différents pour créer : peinture, linogravure, sculptures, figurines, lampes, bijoux… C’est lui qui illustre tout le projet Visages.
- Paul : Pour ma part, je suis à l’initiative du projet et je m’occupe de la production de la musique. Nous avons chacun notre espace sur scène avec Julien : lui, il anime les illustrations de Nicolas en direct, et moi, je joue le live avec mes machines. C’est vrai que Nico est moins souvent présent physiquement car il n’habite pas à Lyon, mais il est vraiment partie intégrante de Visages. Il y a également plein d’autres personnes qui gravitent autour de ce projet qui fédère pas mal, à tendance participative. On est très curieux, donc dès qu’on peut exploiter un nouveau médium, on le fait ! C’est vraiment le concept d’œuvre d’art totale qui me passionne, au même titre que Julien et Nicolas.
- J. : Oui complètement. On a aussi déjà réalisé des installations avec uniquement de la vidéo, par exemple pour les Journées du patrimoine au fort Superposition. Il y a pas mal d’œuvres dérivées, car Nicolas produit beaucoup de matière autour de Visages. On teste plein de médiums pour exprimer ce qu’on a à dire, sans forcément qu’il y ait tout le temps de la musique ou de la vidéo. Mais c’est toujours assez visuel. On est aussi entourés de pas mal d’amis qui bossent dans d’autres disciplines comme le développement web, le design ou encore la réalité virtuelle, qui nous inspirent et nous accompagnent dans ce projet. Par exemple Maxime Etchebarne aka Barnemax, un pote qui nous a réalisé notre site conceptuel visagesvisages.com pour la sortie de notre 1er EP The Pure Land.
Vous vous produisez uniquement en France ?
- J. : On s’est produits une fois à Leipzig en Allemagne et on a pas mal tourné à Lyon. On a joué au festival La Vallée électrique dans la Drôme, en Bourgogne également et dans les Cévennes bientôt. On élargit un peu le périmètre ! À Lyon on a fait pas mal de salles, on a été accueillis plusieurs fois aux halles du Faubourg, au fort Superposition, au Paradox pour les dimanches Holy Warmness dédiés à l’ambient. Notre live a même été projeté sur un palais au Rajasthan ! On commence à bien tourner. Maintenant, on aimerait bien s’exporter un peu plus et jouer ailleurs en Europe.
- P. : En fait, c’est une question de logique et d’espace d’expression. Lyon on a commencé par là, c’est notre maison, on a tous nos copains, et c’est un bonheur de pouvoir jouer dans toutes les salles dont on profite habituellement en tant que public. Mais c’est vrai qu’à un moment on se sent un petit peu à l’étroit, il faut vraiment qu’on aille chercher ailleurs, c’est super important.
- J. : On est accompagnés par un label qui s’appelle Pomme sanguine, sur lequel on a sorti des tracks sur deux cassettes. En plus d’être de super copains, ils nous aident à trouver des dates. On vous recommande de vous intéresser à leurs événements et d’aller écouter ce qu’ils sortent, c’est un beau projet en devenir !
Comment définiriez-vous votre style ?
- J. : Je pense que c’est un petit peu tôt pour définir un style. On est encore en train de se chercher, on teste plein de choses. Je pense pas que ça soit intéressant de dire qu’on ait ce style-là précisément. La musique de Paul, du moins ce qu’il a fait au début, peut se caractériser comme de la trance mais après ça va évoluer, on ne se dit pas « je vais faire tel style ».
- P. : Par contre, il y a une marque qui commence à s’installer dans la musique comme dans l’image, et ça se fait naturellement. C’est pas forcément quelque chose qu’on a cherché… C’est plutôt surprenant en fait. Et pour l’image, le style c’est celui de Dipylon tout simplement.
- J. : On ne compte pas rester sur le noir et blanc, on ajoutera de la couleur plus tard. Nous n’en sommes qu’au premier live, nous ne souhaitons pas être catégorisés alors qu’on a vraiment vocation à s’ouvrir. On fonctionne de manière itérative : on avance et évolue sans se donner d’objectifs particuliers.
- P. : On ne sait pas forcément où on va, mais on sait ce qu’on veut.
Comment, quand et pourquoi est venu ce projet Visages ?
- P. : Pour ma part, je pense que c’était un réel besoin de crier. C’est quelque chose de profond. C’est pour le plaisir bien entendu, on prend énormément de plaisir à le faire. Mais c’est un truc qui me travaille tout le temps, toute la journée. Ça sort du plus profond de mes tripes.
- J. : On s’est retrouvés à travailler ensemble assez naturellement. Paul a commencé à produire des sons, Nico a créé toute la direction artistique et moi j’ai trouvé ça bien qu’on puisse animer tout cela. Comme on est très proches, on est vite au courant quand un projet commence à émerger, du coup on s’est naturellement rassemblés autour de ça, c’était très naturel. Le fait qu’on se retrouve tous les trois, ça donnait aussi un sens à tout ce qu’on faisait. Moi avec la vidéo j’arrive à canaliser ma créativité autour d’un projet. C’est un super bon exercice.
- P. : Chacun de notre côté, on créait déjà des choses. Quand t’es tout seul, t’as une seule vision, mais le fait de bosser à plusieurs, tu discutes, tu améliores, mais surtout tu concrétises.
Quel est votre processus créatif ?
- P. : J’avais quand même déjà une vision concernant ce projet, donc on a commencé par la musique et après on s’est répondu. Je pouvais dire « voilà, c’est cette ambiance que je recherche ». Après pour les besoins de l’histoire qu’on voulait raconter et de la narration, Nico et Julien me disaient « attention, calme-toi, tu ne peux pas partir en live à ce moment-là, ça colle pas avec l’image ». Donc j’ai dû moi aussi m’adapter.
- J. : C’est vrai que pour l’instant la musique est le point de départ de notre processus créatif. Ensuite vient l’illustration de Nico, puis la vidéo. Je ne commence pas tant que Nico n’a rien produit ! Après, il n’y a pas un processus vraiment défini. C’est d’abord une idée, une volonté de vouloir exprimer quelque chose.
Que voulez-vous exprimer à travers votre projet audiovisuel ?
- J. : L’espoir. On souhaitait vraiment adresser un message global. C’est un peu tiré des principes bouddhistes. On ne voulait pas véhiculer un message dark, type « la vie c’est nul, on va devoir se battre »… Au contraire, on voulait montrer qu’on pouvait parfois être complètement perdus, mais qu’il existe toujours un moyen de s’en sortir. Le titre de notre EP The Pure Land est tiré d’un concept du bouddhisme zen. C’est une zone physique et spirituelle de paix et de pleine conscience que nous avons chacun au fond de nous, que nous ne pouvons atteindre que lorsqu’on a abandonné toutes les questions qui polluent notre mental. Le live raconte ce voyage jusqu’au Pure Land.
- P. : Le projet part d’une lecture. Un jour, un ami m’a prêté The Dude and the Zen Master (The Dude, c’est le personnage principal du film très connu The Big Lebowski). Ce bouquin rapporte les correspondances entre l’acteur américain Jeff Bridges et Bernie Glassman, un grand maître du bouddhisme zen. C’est la première fois que j’ai pu expérimenter une lecture spirituelle avec beaucoup d’humour, et donc très accessible. C’est un bouquin que tu peux offrir à n’importe qui ! Ce projet fait vraiment écho au livre, et on retrouve d’ailleurs plusieurs enregistrements d’extraits « parlés » du livre dans les titres « The Stream » ainsi que « The Inner Gate » de notre EP.
Il y a quand même quelque chose aussi qu’on s’est fixé : on raconte au cours de ce voyage qu’on se pose trop de questions, mais le but est quand même d’apporter un message positif. Malgré le noir et blanc, malgré un personnage assez tourmenté, on parvient quand même au final à quelque chose d’assez idyllique.
En combien de temps avez-vous créé ce projet ?
- J. : On l’a concrétisé en un an et demi, on a eu des périodes de rush et d’autres plus calmes, mais on a toujours été occupés par ce projet. On a bossé dessus à différents niveaux : en musique, en illustration, en management… On a jamais vraiment lâché le projet.
- P. : On a commencé ça en novembre 2018 très exactement. Je me souviens que le premier live c’était pour la sortie de la première cassette de Pomme sanguine, il n’y avait pas d’illustration et ça a duré à peu près 17 minutes. C’était la première étape, et à chaque fois qu’il y avait une date, ça nous poussait à produire et sortir quelque chose.
Quels sont les premiers retours suite à la sortie de votre EP ?
- P. : Super positifs et encourageants ! Ce qui est étonnant, c’est que ça semble avoir touché beaucoup de personnes de milieux très différents, au-delà de notre entourage. Ce projet s’adresse à tout le monde et ouvre pas mal de portes, du fait qu’il exploite plusieurs supports.
- J. : Ce qui est intéressant, c’est de voir que des personnes ont été inspirées par notre travail. Nous avons depuis eu des propositions de collaboration. La sortie de l’EP, c’était aussi le moyen de concrétiser un an et demi de travail, de sortir de nos ordinateurs. La sortie de cet EP est très libératrice.
The Pure Land est le premier volet du projet Visages, un EP envoûtant menant vers le chemin du bonheur et de la prise de conscience. Découvrez le voyage d’un personnage, des tourments vers la paix intérieure sur le site expérientiel.
Merci à Paul et Julien pour cet échange enrichissant. Restez connectés pour découvrir leurs prochains projets !
Quelques liens :
Facebook : Visages
Site internet : visagesvisages.com
Instagram : @Visages_Visages
YouTube : Visages Visages
SoundCloud : Visages
Interview réalisée par Anna Kamenetzky et Emma Lesage