Dans le cadre de Cinécollection, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino ressort dans les salles de la région lyonnaise avec le GRAP (groupement régional d’action cinématographique) jusqu’au 3 février 2014. Les séances débutent parfois par des interventions de spécialistes ou d’étudiants. Sortie en 1978, Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) a profondément bouleversé le cinéma américain. Il est considéré comme un des plus grands films de l’histoire et a été récompensé de nombreuses fois. Il met en scène Robert de Niro et Christopher Walken mais aussi le génial John Cazale, John Savage ou encore Meryl Streep.
C’est l’histoire d’un groupe d’amis, ouvriers et immigrés en Pennsylvanie. Le milieu prolétaire est un des thèmes principaux du film avec la guerre du Vietnam, mais le sujet principal se concentre sur les rapports humains, d’amitié ou d’amour des personnages entre eux et vis à vis de leur communauté. Le film se divise en trois grandes parties : l’avant, pendant et après guerre, puisque trois des personnages principaux Mike, Nick et Steven se sont engagés au combat.
Avant leur départ ils célèbrent tous ensemble le mariage de Steven, durant cette séquence le spectateur découvre les personnages et s’y attache profondément. Si chacun a sa personnalité, Cimino fait un « portrait collectif » en nous présentant la bande d’amis durant ses beaux jours. Ce mariage nous montre l’ivresse, l’euphorie, la fraternité… malgré le départ des trois hommes sur le front, c’est une promesse d’avenir et de vie. Le lendemain ils partent chasser dans les montagnes, les paysages sont superbes, Cimino filme la grandeur de la nature avec beaucoup de poésie. Sans aucune transition on se retrouve alors projeté violemment durant la guerre du Vietnam, second chapitre du film, nos trois héros sont prisonniers des Vietcongs et se retrouve confrontés aux cauchemars de la guerre. C’est à ce moment que ce trouve la célèbre scène de la roulette russe, très éprouvante et qui marque durablement le spectateur. Ils réussiront à s’en sortir mais se retrouverons tous trois séparés, perdus et gravement meurtris. Le retour au pays de Mike est la dernière partie du film, on comprend alors que l’harmonie du début n’existe plus, le mythe du rêve américain est détruit. Chacun des personnages sort de cette épreuve avec quelque chose en moins (la liberté, la conscience, la mémoire, l’amitié, la vie…). Le contraste d’ambiance par rapport à l’introduction montre les conséquences violentes du combat sur la ville de Pennsylvanie. On retrouvera néanmoins un peu de chaleur et d’espoir durant la scène finale. Le film s’intéresse moins à la guerre qu’à la psychologie des personnages, les atrocités du conflit, ont ravagé la conscience américaine, toutes les illusions s’effondrent. Empreint d’une grande humanité Voyage au bout de l’enfer est bouleversant de réalisme.
Le film est un des premiers à évoquer le traumatisme post-Vietnam et l’essoufflement de l’Amérique. Il a fait l’objet de grandes controverses, si Cimino dénonce le désir de domination américain, il montre la guerre uniquement du point de vue de ces derniers. Il y eu une forte polémique sur la partie centrale, qui traite la guerre en simplifiant le conflit à des tortionnaires jouant à la roulette russe, le critique Jean-Baptiste Thoret donne la problématique majeure du film «comment une communauté réagit à une catastrophe ?» : ce n’est pas une œuvre politique. Avec Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino arrive au sommet de sa gloire, le film est absolument spectaculaire, toutes les scènes sont d’une grande beauté, notamment durant les séquences de rituels (le mariage, la chasse, la roulette russe, le retour, l’enterrement) qui structurent le film. On ressent le grand contraste entre le début du film et le retour du Vietnam, l’impact physique et psychologique qu’elle a eu sur ces personnages. La puissance du film est dans cette critique de l’idéologie américaine durant les années 1970, la descente aux enfers (avec de nombreux symboles : rivières, feu, mort, folie, chute…) et surtout la question centrale de la reconstruction d‘un peuple défavorisé et de cette communauté blessée.
Voyage au bout de l’Enfer est une impressionnante épopée sur l’amitié, sur cette « famille » qui va essayer de rétablir sa vie et sa liberté après la dévastation de leur quotidien. Un film profond et bouleversant, qui malgré son aspect tragique n’a au final rien de pessimiste. A voir ou revoir absolument !
http://youtu.be/9ylNk3L51ZE
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Lyon 4e – Cinéma St-Denis – Mar 21 jan 20h
Lyon 9e – CinéDuchère – Dim 26 jan 16h
Pierre-Bénite – Cinéma MdP – Jeu 23 jan 20h
Rillieux – Ciné Rillieux – Ven 17 jan 19h30
Rive-de-Gier – Ciné Chaplin – Lun 20 jan 20h
St-Bonnet-le-Château – Cin’Etoile Dim – 19 jan 17h
St-Chamond – Ciné Lumière – Mer 15 jan 20h00
St-Claude – Maison du Peuple – Dim 2 fév 17h30
Ste-Foy-lès-Lyon Ciné Mourguet – Mar 28 jan 19h30
St-Just-St-Rambert – Family Cinéma – Lun 20 jan 20h30
St-Martin-en-Haut – Cinéma Paradiso – Jeu 16 jan 20h
St-Priest – Le Scénario – Jeu 23 jan 20h
Tassin-la-Demi-Lune – Le Lem – Lun 27 jan 20h30