Changement de registre à la Galerie Elizabeth Couturier, après Brann et sa façon très personnelle d’aborder le monde de l’enfance, c’est l’artiste portugais Carlos No qui expose Printemps tardif, une série d’installations ayant pour principal thème les bidonvilles. Il travaille essentiellement autour de sujets provocateurs et sensibles tels que celui-ci, en évoquant également les conditions de vie déplorables de ses habitants, rythmées par la pauvreté, la famine et le manque d’hygiène. Par le biais de ses œuvres, il présente ces habitations comme des lieux inadaptés à l’être humain, en les apparentant par exemple à des cabanes à oiseaux, construites avec trois fois rien et entassées les unes sur les autres (photo ci-dessous).
Autre thème évoqué, faisant bien évidemment écho aux bidonvilles et au désir d’une meilleure qualité de vie, c’est l’immigration. Avec tous ces sujets suscitant avis divergents et débats, on pourrait penser que la démarche de Carlos No a une visée contestataire. Alors certes, il dénonce des choses qui le révoltent, mais il constate surtout une réalité dans laquelle il vit aujourd’hui. Tout cela étant dans une optique de non-violence, son travail est, de ce fait, relativement intéressant. Avec des panneaux, signifiant ici l’interdiction, il avance l’idée d’une Europe fermée, répressive et rejetant l’immigration. Des personnages constamment en train de marcher, comme pour fuir leur calvaire à la recherche de conditions décentes, dans l’attente constante et l’espoir que leur vie s’améliore… C’est peut-être en cela que Carlos No a décidé d’appeler son exposition Printemps tardif. Autre panneau qui mérite qu’on lui prête attention, c’est l’œuvre Bienvenue, représentant le drapeau européen, sur lequel les étoiles ont été remplacées par des grenouilles. L’artiste explique que pour les gitans, les grenouilles ont une connotation négative, qu’elles symbolisent le mal, et il joue donc sur ces deux discours : un officiel qui dit que l’immigration est un bien nécessaire et un officieux qui restreint l’immigration par la création de différentes lois. Il dénonce entre autres l’hypocrisie de notre institution, qui finalement souhaite la Bienvenue aux nouveaux arrivants, mais pas trop.
Si vous désirez voir cette exposition, elle se tient à la Galerie Elizabeth Couturier jusqu’au 19 avril, et si vous voulez découvrir d’autres installations de Carlos No ou en savoir davantage sur l’artiste en lui-même, c’est sur le site de la Galerie que ça se passe !