Le polar n’est plus à quai, cependant les maîtres de cette discipline n’ont qu’à bien se tenir, car la Compagnie Le Chromosome 42 a également le polar et le thriller dans leur ADN. Leur spectacle Légendaire, l’un des rendez-vous de cette dixième édition des Quais du polar, a été présenté du 1 au 6 avril à l’Espace 44, regroupant avec finesse les ingrédients pour une très bonne intrigue.
La lumière s’allume, deux personnes sont ligotées dans une cave (oui, je le sais, ça commence souvent de la sorte, mais attendez la suite…). Il s’avère que ces protagonistes sont une star du rock, Jack Burn, et son garde du corps, Walter Hill, qui ont été drogués et emmenés en ce lieu. Tout d’un coup, une voix résonne, leur annonçant leurs morts dans deux heures, sous les yeux de millions d’internautes. Le réveil est assez brutal pour nos personnages, désemparés, ils doivent remonter le fil de ces dernières 24 heures pour tenter de découvrir qui est derrière tout ça !
Une écriture créative et rythmée
Le spectacle est construit avec une partie jouée sur scène et une partie filmée projetée sur une toile, mêlant ainsi théâtre et écriture cinématographique. Le résultat est tel que, du générique de début jusqu’à celui de fin, en tant que spectateurs, nous sommes happés par l’histoire grâce à la fluidité et au rythme bien pensé du spectacle, mais également aux flashbacks bien structurés, ou encore aux différentes versions de narration des individus de la même histoire. Cette hybridation n’est pas étonnante, vu que les deux comédiens présents, Cédric Saulnier et Rémy.S, également le metteur en scène, ont un pied dans ces deux univers.
Une pièce intrigante
Ainsi, Légendaire n’est pas que du cinéma au théâtre, le spectacle n’oublie pas pour autant de mettre en avant une histoire et ses personnages. Respectant l’esprit d’un polar, nous avons un récit consacré avant tout à la découverte des circonstances exactes du mystérieux enlèvement de nos deux héros ; avec cette énigme qui nous taraude jusqu’à la fin et ces questions qui ne nous quittent pas : Quelle est cette personne qui les a kidnappés ? Qui diffuse ça sur le net ? Osera-t-il vraiment passer à l’acte et les tuer ?
Avec en point d’orgue, une fin totalement inattendue… (Je vous la dis ou pas…) Allez, je peux vous la dévoiler maintenant que la dernière représentation est donnée et que la compagnie arrête définitivement de tourner avec ce spectacle. Alors, ni le garde du corps ni la rock star ne meurent, ce dernier ayant mis en place toute cette mascarade pour feindre sa mort et devenir légendaire, avec la complicité de son garde du corps et de sa femme qui n’est autre que la voix menaçante du début (hé oui, qui l’aurait cru).
L’homme et son désir de reconnaissance
Légendaire évoque très justement les dérives concernant ce besoin de notoriété et de célébrité à tout prix, où l’être et le paraître prennent le dessus, considérant qu’on ne peut exister qu’à travers des écrans. Ainsi, nous devenons, semblables aux internautes, des voyeurs de cette situation, du calvaire subi face à la jubilation de cette voix dont la volonté était que sa vidéo soit la plus regardée. Ici, c’est un peu l’histoire de l’humanité qui se raconte, aussi comme les deux protagonistes que nous suivons, nous avons toujours voulu laisser une trace de notre passage sur terre, rester à jamais dans les mémoires, devenir légendaires !
Personnages en passant assez antithétiques et à première vue dysfonctionnels, car l’un est égoïste, antipathique à souhait, boit et se drogue (hum, Dr House sort de ce corps) ; tandis que l’autre est un bon père de famille, loyal, foncièrement bon, qui à le sens du sacrifice ; pourtant une amitié est née et vraisemblablement ça colle entre eux !!
Une belle surprise en prime
Une fois le spectacle fini, nous allions tous rentrer quand nous avons été heureux d’avoir la surprise d’un concert rien que pour nous (si ce n’est pas sympa, ça !), reprenant des chansons mythiques de Bob Marley, No Woman No Cry, ou d’artistes comme Michael Jackson, Nirvana et j’en passe. Nous sommes sortis d’ici avec plein de chansons qui bourdonnaient dans nos têtes, entre Club Foot de Kasabian ou encore Who Wants to Live Forever de Queen.