Marion, Baptiste et Joseph ont ouvert il y a peu une salle couteau-suisse de la culture, au 17 rue Royale dans le premier arrondissement. Concerts par-ci, ateliers créatifs par-là, tout ce qui touche à la culture devient ici une excellente excuse pour se rassembler et pour que le théâtre devienne aussi accessible que les autres arts de la scène.
Cela fait seulement quelques mois que le Nid de Poule a ouvert ses portes, mais on y trouve déjà un bouillon culturel bien assaisonné. A raison de 6 soirs de spectacle par semaine, plus les ateliers en journée et les vernissages le week-end, cette petite salle de 45 places assises est devenue un vrai nid, où il fait bon couver du regard les artistes qui s’activent. Pour les fondateurs, c’était le but : « le nom Nid de Poule, au tout début c’est parti de la pseudo légende urbaine des boîtes à œufs qui servent à insonoriser les lieux, puis on a aimé l’image du Nid, un endroit où on pourrait tous grandir, où on pourrait rassembler les gens. »
Tous les chemins mènent au Nid de Poule
A l’origine de ce lieu, trois personnes bien différentes, animées par la même envie de créer un lieu pluridisciplinaire et accessible à tous. Marion vient d’une formation de géographie, puis après un master médiation et gestion de projets culturels, elle travaille pour le CLAP, puis à l’OL. Baptiste a un diplôme d’ingénieur en risques naturels, et Joseph a fait de la philosophie et du montage vidéo.
Après trois années de recherche, ils tombent sur ce petit théâtre à vendre, et y voient l’occasion parfaite de faire éclore leur projet : valoriser le théâtre, mais aussi toutes les formes d’art qui permettent d’ouvrir le lieu à toujours plus de monde. « On veut faire un lieu pluridisciplinaire, mais avant tout on veut faire venir les gens au théâtre. Le théâtre c’est les Célestins dans la tête des gens, et ceux qui ne vont pas au théâtre d’habitude n’ont pas forcément de porte d’entrée. On s’est dit que si les gens venaient voir un concert ou une expo ici, ils se diraient « c’est cool », et auraient plus de facilités à venir voir du théâtre chez nous par la suite. Et puis on voulait avoir un lieu qui serve d’outil, de base pour travailler sur plein de projets derrière. »
Ici, l’artiste est chez lui. Pour que l’alchimie fonctionne, les compagnies et les artistes en tous genres sont invités à venir s’approprier la salle, construire leur spectacle autour de celle-ci : « On suit le processus, et on met la salle à dispo des compagnies pour qu’elle devienne leur outil à elles aussi, qu’elles s’en servent pour expérimenter. » La performance s’amuse alors de chaque recoin, jusqu’aux toilettes, qui permettent d’exposer des œuvres. La barrière s’affine entre le public et la scène.
La culture a un avenir
Les temps sont durs pour les petits lieux culturels : alors comment on tient debout, au Nid de Poule ? « On veut trouver un autre modèle, donc on fait de la billetterie, et le bar, c’est ce qui marche le mieux. Quand on veut offrir la culture à tous, on ne peut pas mettre la place à trente euros, donc il faut qu’on soit sur tous les fronts pour rapporter des revenus, d’où les stages et les ateliers. Et à Lyon, il y a plein de nouvelles structures qui arrivent, notamment l’Aquarium Ciné-Café et les Clameurs, c’est hyper intéressant et riche, on est en train de changer de modèle. On se débrouille comme on peut, et c’est sûr qu’il y a un autre modèle à trouver. »
Alternant donc entre théâtre et musique, expositions et ateliers, le Nid de Poule est un lieu où l’on risque de mettre les pieds plusieurs fois par semaine, sans jamais se lasser.
17 rue Royale
69001 Lyon