Cette semaine, on ne va pas parler cinéma mais clips, ce court moment pendant lequel le 7e art rencontre la musique et où l’image sublime la mélodie.
Et dans le milieu du clip français, s’il y a bien un groupe qui sort du lot et qui nous ramène un peu de fraîcheur, c’est Shoot !t !
Shoot !t est un collectif de Lyonnais amoureux de musique et spécialistes de l’audiovisuel qui se démarque grâce à sa devise « Un lieu, un live ». Leur force, c’est ça : un concept assez unique qui permet de capter l’instant, d’immortaliser la beauté de Lyon et de transmettre les émotions en mettant en scène des artistes (pour la plupart lyonnais) jouant en live dans un lieu donné. Du marché de la Croix-Rousse à l’Épicerie Moderne en passant par les toits de la ville ou encore une péniche, tout Lyon est mis à l’honneur. Plus que des clips, le groupe nous offre donc des petits concerts en privé. Des sessions très intimes à la réalisation à la fois douce et agréable qui nous donne l’impression de faire partie du moment. Il ne s’agit donc pas ici d’imaginer des chorégraphies douteuses ou des effets son et lumière dignes de la cérémonie de clôture des JO : le dernier Booba entouré de bonnets D et d’Audi R8 n’est pas au programme. Ce qui l’est en revanche, ce sont des artistes comme Billie, As Animals, Golden Zip, JC Villafan et j’en passe.
Arlyo est donc parti à la rencontre de François, le cofondateur du collectif avec Hugo, qui nous a présentés ce qu’était Shoot !t autour d’une bière.
Alors, pour commencer, pourrais-tu nous expliquer comment Shoot !t a démarré ? Et qu’est-ce que c’est maintenant ?
F. (François) – Avec Hugo, on se connaît depuis l’enfance et on est allé à la même fac. Il y a environ trois ans, on a décidé de se lancer dans la réalisation de courts métrages à travers une association qu’on avait créée. Puis on s’est lassé et on a décidé de se lancer dans les clips et les sessions live. On a commencé à faire des Shoot !t et ça a tellement bien marché qu’on a arrêté le reste pour se concentrer uniquement là-dessus. Ensuite, pour pouvoir les réaliser, on a appelé des potes pour qu’ils nous aident et qu’ils intègrent le collectif, c’étaient des gens qu’on connaissait et qui étaient dans l’audiovisuel. D’ailleurs, environ 80 % des membres sont des pros, de vrais techniciens qui travaillent dans la pub ou qui font des courts métrages.
À un moment, et c’était assez fou, on a commencé à recevoir des CV et des lettres de motivation alors qu’on était rien ! L’équipe s’est donc encore agrandie et aujourd’hui nous sommes environ une vingtaine de membres « permanents », plus d’autres qui se joignent à nous occasionnellement. Et donc ce qu’on fait, ce sont des vidéos musicales live dans un lieu différent à chaque fois : un artiste fait sa prestation et nous on Shoot ! Les lieux et le contenu du clip sont toujours décidés avec l’artiste en question, c’est une vraie collaboration.
Et pourquoi cette volonté de faire des sessions live de ce genre ?
F. – Déjà parce qu’on a tous en commun cette passion pour la musique et qu’on reste persuadé qu’il y a beaucoup de talent à Lyon. En plus de ça, les courts métrages ou les films d’animation demandent beaucoup plus d’organisation. Ce qui est bien avec notre forme de travail, c’est que tu peux poser ta caméra sur un pont, tourner pendant trois heures et c’est dans la boîte. Les sessions live ont forcément une grande part d’imprévu et nous forcent, parfois, à travailler dans l’urgence, ce qui est génial. Par exemple, pour le Shoot !t #5 tourné en pleine ville, il y a avait un ami derrière la caméra qui attendait avec un papier pour faire signer les passants qui étaient dans le champ et avoir l’autorisation de les mettre dans la vidéo. Mais ce que je préfère, c’est que cette forme de tournage laisse une grande place à la créativité spontanée.
Faites-vous autre chose que des clips musicaux à Shoot !t ?
F. – Oui, on est assez actif. Des festivals (comme le Ninka Tour ou les Inouïs), mais des labels nous contactent aussi pour qu’on leur fasse des vidéos qui serviront à la promotion de leurs artistes. On a aussi organisé quelques soirées et, avec Hugo, on s’occupe de la programmation de deux soirées du festival du Premier Court au Zola, à Villeurbanne.
Vous tournez (presque) toutes vos vidéos à Lyon, pourquoi ce choix ?
F. – En effet, surtout lors de la première saison, l’immense majorité des vidéos ont été faites à Lyon. Nous sommes très attachés à cette ville qui est la nôtre. Elle est très belle et c’est un plaisir de la mettre en valeur, cela nous permet de faire des Shoot !t exceptionnels. Mais on a aussi tourné certains de nos clips dans d’autres régions, car les artistes nous l’avaient demandé. Pour le festival les Inouïs, nous sommes par exemple allés à Grenoble ou en Savoie. Hugo a même tourné à Hawaï et à San Francisco (Shoot !t de Papa Bear). Il faut aussi dire que dans la capitale, le milieu artistique est saturé alors qu’ici on arrive vraiment à imposer ce qu’on fait.
Et comment choisissez-vous les artistes avec qui vous travaillez ? Si vous les choisissez.
F. – Oui, on commence à se payer le luxe de pouvoir choisir avec qui nous travaillons. Encore une fois, la majorité des artistes sont lyonnais car c’est une ville qui regorge de talents, comme Doorsfall ou Daisy Lambert. Mais nous ne sommes pas fermés et on a aussi fait par exemple le clip de Villagers, un groupe irlandais ! En ce qui concerne le choix, encore une fois c’est très aléatoire, ça peut être le coup de cœur d’un des membres de l’équipe ou alors un artiste avec lequel il a pu prendre contact. Rien n’est réellement prévu à l’avance, mais nous essayons d’être le plus ouvert possible et d’élargir notre répertoire. On alterne entre des groupes à succès et d’autres moins connus, on s’essaye à tous les genres comme le rap, la folk, l’électro, la pop et même le gospel (Shoot !t #20). En fait, plus ou moins tout sauf le métal.
Shoot !t commence donc à connaître un succès important ?
F. – Oui, on commence vraiment à faire notre trou ! Beaucoup de personnes nous contactent pour qu’on leur fasse un clip et ça nous surprend toujours. Le milieu de la musique à Lyon est au final assez fermé et les gens nous connaissent maintenant. À force de faire des clips, on s’est construit un réseau et on est invité à pas mal d’événements dans lesquels on rencontre encore plus de monde. Des labels ou des festivals nous ont d’ailleurs contactés pour faire les clips des artistes qu’ils produisent et on a même eu des propositions assez loufoques comme de réaliser un reportage sur un coureur automobile ou des vidéos de campagne du PS et de l’UMP à Lyon.
Sans donner de noms, on a quelques artistes (très) connus avec qui nous allons probablement travailler sous peu…
Et cela vous donne envie de passer à la réalisation d’autres projets comme des courts ou des longs métrages ?
F. – Non, pour l’instant ce n’est pas le but pour Shoot !t. Moi ça ne m’intéresse pas, ou plutôt ça ne m’intéresse plus. Évidemment dans le reste de l’équipe, il y en a beaucoup qui ont envie de se lancer dans ce genre de projet, mais si ça se concrétise, cela se fera plus de manière individuelle. Shoot !t c’est un collectif qui fait des clips et qui a une certaine marque de fabrique : « Un lieu, un live » ! Nous n’avons pour l’instant pas envie de nous lancer dans d’autres projets ensemble. Les clips nous vont très bien, c’est là qu’on arrive à se démarquer. Si des membres du groupe réalisent des courts (ce qui est déjà fait) ou même des films, ce ne sera pas sous le label Shoot !t pour simplifier.
Le Shoot !t rêvé ce serait quoi ?
F. – Difficile comme question… Quitte à rêver autant se faire un petit Daft Punk par exemple.
En attendant les prochains Shoot !t (qui sortent toutes les deux semaines), voilà en bonus une de leurs sessions : Eyes de Scampi.