Vous êtes sûrement déjà passé devant cette enseigne sans même imaginer les trésors qui s’y cachent. L’Atelier Parfumé est une boutique discrète de la rue Tupin, dans le quartier des Cordeliers. Pourtant, c’est un véritable combat que mène au quotidien sa fondatrice Monireh Mir Khosh. Un combat en faveur des parfumeurs artisanaux qui sont désormais les seuls à créer des parfums de grande qualité.
Une vie parfumée pour le meilleur et pour le pire
Toute petite, en Iran, elle passe déjà son temps dans la nature et les jardins. Son argent de poche sert à l’achat de plantes et de fleurs. Porter du parfum est une tradition familiale : elle y a droit pour la première fois à l’âge de neuf ans, suite à un cadeau de son père.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, devenue psychologue et éducatrice spécialisée en France, Monireh est prise de nostalgie pour son premier parfum et le porte à nouveau. Mais, entre-temps, on avait changé les ingrédients du parfum pour des matières synthétiques. Le drame arrive donc : une allergie à ce parfum lui fait perdre l’odorat.
« Vivre dans un monde sans odeur, c’est la dépression garantie. »
Pendant plus de deux ans, elle tente tout et n’importe quoi pour pouvoir distinguer les odeurs à nouveau. Elle passe beaucoup de temps dans la nature, pour sentir les plantes, les aromates et essayer de se souvenir des odeurs. Puis, un jour, une amie l’emmène chez un parfumeur de niche, où elle commence à redécouvrir les parfums. Elle est également touchée par la philosophie et le combat des parfumeurs artisanaux et en devient une fervente cliente.
Le début de la résistance
Face aux marques de parfum connues qui ne cessent de baisser en qualité et de monter en prix, une idée naît dans l’esprit de Monireh.
« En 2003, l’idée m’est venue de créer un lieu pour écouter et conseiller les gens afin qu’ils trouvent le parfum qui leur correspond. J’aurais moi-même aimé trouver ce type de lieu, donc je me suis dit que ça devait être le cas d’autres personnes. En plus, je pouvais mêler mon savoir-faire en psychologie, ma passion pour la nature et ma lutte pour les parfumeurs indépendants en voie de disparition. »
L’Atelier Parfumé prend donc naissance dans une petite rue près des Cordeliers – car une parfumerie de niche ne doit pas se voir : les gens doivent la dénicher. On y vient pour la première fois le matin afin d’avoir toutes ses facultés olfactives et être pleinement apte à trouver le parfum qui correspond à sa personnalité et à son histoire, avec l’aide de Monireh.
Détrompez-vous : on n’y dépense pas son salaire mensuel. 100 millilitres de parfum coûtent ici aux alentours de 120 euros et sont d’une qualité exceptionnelle. En effet, les parfumeurs dont les créations sont vendues ici sont des passionnés, pas des businessmen. Notez d’ailleurs qu’aucun parfum n’est censé vous faire débourser 300 ou 500 euros, quelle que soit la qualité des matières utilisées…
« Ce n’est pas parce qu’un parfum est cher qu’il est de bonne qualité. »
L’Atelier Parfumé est un concept quasi-unique que les Lyonnais ont la chance d’avoir près de chez eux. Ainsi, de nombreux clients viennent de Paris ou d’autres pays pour trouver le parfum qui leur correspond parmi toutes ces créations de haute-parfumerie. C’est d’ailleurs pour cela que l’on aime Lyon : si on cherche, on déniche de véritables trésors de créateurs.