Rodrigue Ousmane est passé à l’Espace Albert Camus de Bron lors de la 16e Biennale de la danse de Lyon. Il a présenté son spectacle Leda, une vraie réflexion sur nos actions.
Rodrigue Ousmane
L’artiste est tchadien. Il est né à N’Djaména en 1985. C’est un danseur de hip-hop d’où naît sa compagnie Nagdoro. En 2012, il remporte le premier Prix de la chorégraphie au 16th International Solo-Dance-Theatre Festival de Stuttgart. En 2010, il est lauréat d’un Visa pour la création de Culturesfrance. Il est aussi chorégraphe, danseur en contemporain et en danses traditionnelles du Tchad.
Leda, œuvre qu’il a créée en 2010, vient d’une méconnaissance de l’utilisation des sacs plastique au Tchad. Effectivement, ils y sont jetés partout, ce qui provoque de réels problèmes du tarissement de l’eau et de menace pour tout l’environnement. Avec ce thème, il souhaite que les personnes prennent conscience des dangers qu’entraîne la pollution des hommes.
Le spectacle
La scène est remplie de sacs et de bouteilles en plastique suspendus et au sol. Le début du spectacle se fait à travers un cocon de sacs jaunes avec des mouvements saccadés de la tête. Les idées chorégraphiques sont pas mal vues et traduisent bien son objectif.
Rodrigue Ousmane se démembre sur du contemporain et exécute des ondulations pour dévoiler la souffrance de la vie des personnes. La chorégraphie colle vraiment à la musique. Il poursuit avec des enchaînements de hip-hop contenant des blocages et des figures. Les mouvements montrent comment s’en sortir. Le mélange du contemporain et du hip-hop est véritablement bien équilibré.
Ensuite, en prenant deux gros sacs dans chaque main, il fait comme s’ils étaient lourds et difficiles à lever avec l’idée de représenter le poids de la misère, puis il s’écroule.
Le danseur met sur son dos une cape constituée de sacs, comme une référence aux costumes traditionnels tchadiens. Avec des sauts accompagnés de chants, il montre une existence envahie de plastique. L’artiste réalise des passages au sol signifiant que l’homme se fond dans les déchets.
Par la suite, il se libère en arrachant le sac sur sa tête suivi d’une danse tchadienne saccadée. La danse devient animale, voire bestiale, il rampe sur la scène et déchire les sacs avec ses dents.
Pour faire de la musique en dansant et en chantant, il met un instrument tchadien à ses chevilles, tout en invitant le public à participer par le chant.
Il commence à parler de la pauvreté et de la famine, et nous fait comprendre que le progrès tue la vie. Il nous parle d’écologie en disant que la terre se meurt. Son texte est pas mal écrit, comportant une touche comique appréciable, mais également des gros mots.
Les sacs s’envolent comme pour nettoyer tous ces déchets et cela est plutôt bien vu.
La danse devient lente quelquefois, les mouvements ne sont pas accordés avec la musique. Il montre la soif dans le monde en cherchant et en buvant dans des bouteilles vides. Il nous décrit clairement la souffrance et la tristesse. Le spectacle se finit par une note d’espoir avec un souffle dans un sac blanc, ce qui le fait s’envoler.
Rodrigue Ousmane a accepté de répondre à une petite question, et je l’en remercie.
Pourquoi ce thème ?
Rodrigue Ousmane : Au Tchad, les gens ne savent pas se servir des sacs en plastique et ne connaissent pas les dangers. C’est un sujet qui m’a touché et c’est pour ça que j’ai voulu travailler dessus. Cela permet de sensibiliser les gens.