Cette année, on célèbre la 10e édition du festival international lyonnais Quais du polar, qui met à l’honneur la littérature policière. À cette occasion, l’Institut Lumière a proposé son week-end Quais du polar/films noirs. De nombreux spécialistes sont venus présenter des films :
– Le Rôdeur de J. Losey présenté par James Ellroy (écrivain américain de polars)
– Amours chiennes d’A. González Iñárritu présenté par Víctor del Árbol (auteur espagnol de romans policiers)
– Le Violent de N. Ray présenté par George Pelecanos (écrivain américain de romans policiers)
– Usual Suspects de B. Singer présenté par Camilla Läckberg (écrivaine suédoise de polars)
– Le Troisième Homme de C. Reed présenté par Deon Meyer (scénariste et réalisateur et un auteur de romans policiers originaire d’Afrique du Sud)
– La Soif du mal d’O. Welles présenté par Patrick Raynal (auteur français) et Didier Daeninckx (écrivain français, auteur de romans policiers, de nouvelles et d’essais)
Le film noir est un genre cinématographique dont la naissance a été influencée par la littérature policière. C’est un domaine assez hétérogène, qui peut être appliqué à différentes périodes du cinéma et à de nombreux genres tels que le film policier ou criminel, le thriller, le drame ou le film de gangsters. Le film noir a une identité visuelle reconnaissable par ses jeux de lumière (contraste, obscurité, clair-obscur), il raconte une histoire souvent complexe et sombre avec des personnages ambigus, c’est un genre noble et très riche. Le film noir prend souvent le monde urbain comme décor, dans une atmosphère nocturne et malsaine. Le genre est, la plupart du temps, fataliste, les films peuvent être oppressants et l’issue, tragique. Le film noir a un grand réalisme, il montre un visage critique (parfois politique) de la société. Certains métrages se révèlent très violents ou dérangeants. Les réalisateurs de films noirs sont principalement américains, bien qu’il y ait des exceptions (Kitano, Melville…). La narration est parfois morcelée avec de nombreux flash-back, rêves ou histoires entremêlées.
Le film noir met en scène des personnages perturbés par leur conscience (leur passé, leur morale, la culpabilité), ils sont victimes de leur milieu, voient leur quotidien bouleversé ou adoptent un comportement autodestructeur. La psychologie des personnages est primordiale, elle montre parfois la faiblesse de l’Homme, le genre est déterminant dans la démystification du héros (américain particulièrement).
On parle de période classique pour les films noirs, dont les précurseurs sont des réalisateurs comme Alfred Hitchcock, Howard Hawks, John Huston, Michael Curtiz, Billy Wilder ou Orson Welles. Puis avec la naissance du Nouvel Hollywood dans les années 1970, on parle de néo-noir (avec une apogée de la violence au cinéma) mené par Michael Cimino, Brian De Palma (maître du genre) ou Martin Scorsese. Aujourd’hui encore le genre est très exploité, on le trouve chez Abel Ferrara, les frères Coen, David Lynch ou alors Clint Eastwood. Souvent lié au film de gangsters qui serait un sous-genre du film noir (L’Impasse, Usual Suspects, King of New York, Donnie Brasco, Mean Streets…) dont beaucoup sur la prohibition (Il était une fois en Amérique, Scarface de 1932), mais également aux films policiers qui prennent pour personnage principal des policiers (Le Grand Sommeil, Serpico, Bad Lieutenant). Le film noir peut se définir dans d’autres genres très variés ou difficiles à déterminer concrètement, par exemple Sin City, Old Boy, À tombeau ouvert ou encore La Nuit du chasseur.