À Lyon, lors de la 9ème édition du Festival Lumière, la séance événement était le director’s cut du film Heat, précédée de l’interview de Michael Mann. La salle de l’Auditorium est remplie et tout le monde se lève pour faire une ovation vers 20h à l’entrée du réalisateur.
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Première surprise : Guillermo Del Toro
Comme à l’accoutumée, Thierry Frémeaux est présent, assisté d’une traductrice, mais on reconnaît très vite à côté d’eux un autre réalisateur de prestige, Guillermo Del Toro. Et dès le début de l’interview, l’admiration mutuelle entre les deux réalisateurs crée une situation cocasse. Leur passion dévorante pour le cinéma provoque chez Mann et Del Toro un flot de paroles sans discontinuité et même une conversation en aparté.
La traductrice et Thierry Frémeaux sont débordés, déclenchant l’hilarité de la salle. Le film « Heat« a été restauré en 4K à l’occasion du festival et Del Toro manifeste son enthousiasme au point de révéler sa volonté, par le biais de Thierry Frémeaux, de tourner un documentaire sur Michael Mann. Autre scoop, un carnet de notes « Scenario original » de Heat montré au public par le réalisateur espagnol : dans ce script annoté, les commentaires de Michael Mann sont pour Guillermo Del Toro un modèle du genre, une source d’inspiration.
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La genèse et le tournage de Heat
Heat est connu en premier lieu pour être le film qui réunit les deux légendes Al Pacino et Robert de Niro. Bien que tous deux au casting du Parrain 2, ils n’avaient pas de scènes ensemble, n’évoluant pas dans la même époque du film. D’ailleurs, Michael Mann profite de l’interview pour démentir une rumeur comme quoi dans la fameuse scène du bar dans Heat, les deux acteurs n’étaient pas présents simultanément. Michael Mann à orchestré son film comme une chasse entre les deux hommes, entre le flic et le braqueur aux nombreux points communs, notamment dans leurs vies privées.
Lors de la scène du face à face, Michael Mann a opté pour un champ-contrechamp afin de focaliser sur les visages et les regards des deux acteurs. Il explique avoir tourné une scène en plan large mais ne pas l’avoir gardée au montage car le tête-à-tête perdait de son intensité. Autre anecdote passionnante concernant le financement du film, lors de l’entretien avec les pontes de la Warner, il leur a imposés un montant de financement et une durée de film hors norme. Il explique avoir entendu les cadres de la Warner hurler à sa sortie, mais pour lui, il réalisait un véritable hold-up du studio justifié par la présence de De Niro et Pacino au casting.
Fusillade légendaire et psychologie des personnages
Si Guillermo Del Toro a tenu à faire un focus sur la scène d’anthologie de la fusillade après le braquage, Michael Mann a insisté sur le fait que Heat était pour lui un drame plutôt qu’un polar. Il cherchait à décrire l’intimité, la vie privée de ses héros, divorcés, addicts à leurs boulots et à la boisson… Son but : que les spectateurs soient en empathie avec eux, suscitant un processus d’identification et d’implication émotionnelle.
Mais il est vrai que cette fusillade presque inédite dans sa longueur et son réalisme est découpé au millimètre, c’est l’un des climax de ce chef d’œuvre, Guillermo Del Toro affirmant qu’il y a véritablement un avant et un après cette scène dans le cinéma d’action. Il est juste dommage que n’ait pas été évoqué lors de cette soirée le cinéma de Jon Woo.
En effet, le réalisateur Hong-Kongais coutumier des fusillades dantesques avaient visiblement tapé dans l’œil de ses confrères américains et traumatisé la concurrence. Il est à peu près sûr que sans l’émergence du cinéma de Jon Woo quelques années auparavant, la scène aurait été un peu différente de quelques centaines de détonations et de beaucoup d’intensité. Le plus touchant dans cette soirée fut lorsque Michael Mann nous donna sa vision du cinéma : le cinéma, c’est rêver. Depuis l’université et ses 20 ans, il souhaite que les spectateurs de ses films ne soient pas de simples observateurs mais de véritables acteurs du film. Il rend ensuite hommage au Docteur Folamour de Stanley Kubrick. Il aborde enfin ses projets, une mini-série de huit épisodes sur la Guerre du Vietnam : Hue 1968.
La projection
Le film, qui a 20 ans, reste un modèle du genre et n’a pas pris une ride ni perdu de sa force. La projection en 4K restaurée a encore gagné en intensité et on peut se demander si pour De Niro et Al Pacino ce n’était pas loin d’être l’apogée de leurs carrières respectives. Depuis, la suite de la filmographie des deux italo-américains semble déclinante.
Le film met aussi en lumière une superbe distribution qui ne mérite pas le nom de second rôle : la sublime Ashley Judd, Val Kilmer (loin des Doors de Jim Morrison), Jon Voight inoubliable dans Macadam cowboy et père indigne dans la série Ray Donovan. Et pour l’anecdote Eady, la compagne de Neil(le personnage joué par Robert de Niro) est l’actrice Amy Brenneman vue récemment dans l’excellente série The leftlovers.
Mais nous ne sommes pas à ce moment précis devant la télé, mais un dimanche soir à Lyon Garibaldi, salle de l’Auditorium, il est prêt de minuit. C’est bientôt la fin du film, au moment du duel final sur la piste d’aéroport… pas de spoiler pour ceux qui n’ont jamais vu le film.
Générique, lumière, écran, standing ovation…