Une exposition temporaire sur le thème de la prison
Du 18 octobre 2019 au 26 juillet 2020, le musée des Confluences rentre dans l’univers carcéral avec l’exposition Prison au-delà des murs. Elle compte nous faire découvrir le quotidien des prisonniers, tout en nous questionnant sur le bien-fondé de notre institution pénitentiaire en présentant des alternatives à l’enfermement et à l’isolement. Devenue la norme à la fin du XVIIIe siècle en Europe en étant considérée comme plus humaine face à la torture ou à la peine capitale, la prison reste encore de nos jours la sanction la plus efficace afin d’assurer la protection et la sécurité de tous. Néanmoins, ce modèle carcéral apparaît paradoxal puisqu’il vise à exclure pour mieux réinsérer. Par ailleurs, cet enfermement de criminels entre eux aurait tendance à favoriser la propension à la récidive, au crime, à la folie et à l’agressivité des détenus. Michel Foucault voyait même la prison comme « une école du crime qui fabrique une communauté homogène et solidaire de criminels ».
L’épatante scénographie de Tristan Kobler comporte trois cellules aux barreaux orange où les visiteurs peuvent librement circuler. Une pièce vide nous plonge dans l’univers sonore des prisons avec entre autres des cris et des bruits de clés. Les alternatives à la prison sont mises en évidence au centre du parcours avec des témoignages vidéos. De nombreux thèmes sont présentés, notamment les moyens d’évasion, la relation avec les surveillants, la sexualité, la solitude, la violence, le suicide, les mutineries ou encore la communication avec l’extérieur. Des sabliers rappellent la longueur du temps qui passe en détention. Des photographies, des tableaux, des vidéos et même des extraits cinématographiques illustrent le quotidien des détenus. Par ailleurs, un théâtre optique créé par le Théâtre nouvelle génération (TNG) de Lyon vise à immerger un peu plus le visiteur dans l’intimité du parloir et de la cellule. Près de 160 objets sont exposés, dont certains confectionnés par des détenus, comme ce crucifix-arme retrouvé dans la prison de Champ-Dollon dans le canton de Genève (photo ci-dessous).
Une exposition accessible
Coproduite par le musée des Confluences, le musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de Genève, et le Deutsches Hygiene-Museum de Dresde, cette exposition aborde ainsi dans son ensemble la thématique carcérale. Le parcours est très captivant. Prison au-delà des murs allie différents supports afin d’intéresser tous les types de public. De l’objet à l’écran, de la lecture au théâtre, cette exposition parle à chacun. Celle-ci se montre instructive et parfois dérangeante. Bien qu’ouverte à tous, elle est conseillée qu’à partir de 12 ans puisque certains éléments peuvent choquer le jeune public. Ce parcours nous plonge dans l’univers carcéral même si cela n’est en rien une immersion. En effet, il est impossible d’imaginer ce que vivent et endurent les détenus au quotidien sans l’avoir personnellement éprouvé. La prison rejette radicalement du monde extérieur le coupable en le coupant de ses relations sociales et familiales. Cette exposition nous questionne donc sur la place de la prison dans notre société. Finalement, nos prisons ne seraient-elles pas uniquement un moyen de punir et d’exclure sans réfléchir à l’après.