Looper : Retour vers Akira, le jugement dernier

Rian Johnson avait réalisé avec Brick, son premier long-métrage, un teen-movie étrange, avant d’enchaîner sur un ton plus léger avec le très sympathique Une Arnaque Presque Parfaite. Ces deux films, qu’il a également écrit, ont un goût certain pour la manipulation scénaristique, à défaut d’être réellement cinématographique. En soi, s’il marque un tournant vers la science-fiction, Looper reste très fidèle aux principes d’écritures du réalisateur, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

La trame principale de l’histoire se révèle ici plutôt inédite. Jugez plutôt : Joseph Gordon-Levitt campe le personnage de Joe, un tueur à la solde de la mafia qui exécute ses victimes en voyageant dans le temps et en détruisant leur corps dans le passé. Jusqu’au jour où la personne qu’il doit éxécuter n’est autre que lui-même, interprété par Bruce Willis, avec 20 ans de plus.

De là, il serait inutile d’en dire plus, tant l’avancée de l’histoire s’avère riche en rebondissement. Comme à son habitude, Rian Johnson nous sert donc un scénario de petit malin, brillamment écrit car jamais trop explicatif (on est très loin du cinéma de Christopher Nolan, en somme), mais qui finit malheureusement de manière beaucoup trop classique. C’est-à-dire que son final ne laisse rien à la réflexion, là où un sujet aussi complexe aurait pu se le permettre. De même, si le scénario part d’un postulat relativement inédit, il ne tarde pas à marcher sur les traces, tour à tour de Retour Vers Le Futur, Terminator et Akira. Et si les références sont bien digérés, sans aucun clin d’oeil trop appuyé, une sensation de déjà vu finit par pointer le bout de son nez.

Néanmoins, il serait dommage de bouder le plaisir que nous procure la vision d’un film de science-fiction parfois drôle, mais ne sombrant jamais dans le cynisme, et traitant son sujet avec un véritable respect du spectateur, d’autant que la réalisation de Rian Johnson se permet toujours quelques petites expérimentations efficaces, tout en restant parfaitement lisible. Reste le problème du maquillage de Joseph Gordon Levitt qui manque un peu de subtilité, même si l’acteur se rattrape largement par sa prestation d’un Bruce Willis jeune, allant même jusqu’à modifier son timbre de voix.

Malgré quelques réserves, Looper est certainement le film à ne pas rater cette semaine, et fait partie des très bonnes surprises de l’année 2012.

http://youtu.be/9ocef2WGSbA

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Jonathan Placide

Chef d'entreprise chez AWD Productions. Réalisateur, cameraman et monteur, Jonathan Placide est le plus ancien journaliste d'ArlyoMag. C'est pourquoi certains l'appellent "Papy". Grand défenseur du cinéma populaire devant l'éternel, il s'intéresse également à la culture geek dans son ensemble, et vous fera profiter de ces passions à travers ses articles.