La Fura dels Baus s’est lancé un nouveau défi. Ce collectif, réputé pour ses spectacles grandioses et à gros budgets, s’est penché sur un nouvel opéra : Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner. Celui-ci retrace l’histoire du légendaire Hollandais volant, condamné par le Diable pour avoir voulu défier le ciel. Depuis, le capitaine et son équipage errent sur les mers sans repos.
L’ouverture du Vaisseau fantôme nous berce dans un décor surnaturel. Face à nous, un navire de quinze mètres de haut est emporté dans une tempête virtuelle. La précision des éléments du bateau, allant jusqu’à la rouille déposée sur la coque, ne peut que nous emmener dans l’univers marin. Il tangue, puis chavire sur une dune de sable. On félicite les vrais fantômes de l’Opéra, ceux qui travaillent dans l’ombre pour réaliser les envies d’un metteur en scène exigeant. Ces spectres qui dessinent, calculent, construisent, peignent et sculptent le pilier du spectacle.
Mais il y a un hic. Malgré un vaisseau qui occupe la moitié du plateau, il est très peu utilisé. On assiste à son démontage sur scène par les machinistes, mais finalement sans impact. Et lorsqu’une centaine de comédiens montent sur l’avant du navire, et que l’on s’attend enfin à un réel usage du décor, on est de nouveau déçu, les chanteurs ne font que s’asseoir et chanter tout en se balançant de gauche à droite, formant ainsi une simple photo de classe.
La dune de sable, pensée par le scénographe Alfons Flores de la Fura dels Baus, nous fait oublier que Le Vaisseau fantôme est tragique. Réalisée avec une structure gonflable, les chanteurs bondissent, glissent, et elle devient la seule attraction du public.
Un décor à euros qui ne montre qu’un peu plus l’avidité de la Fura dels Baus.