C’est une exposition qui a eu beaucoup de succès auprès des amateurs d’art grâce à deux artistes peintres émergents, Étienne Cail et Yoann Merienne. « 16 toiles ont été vendues rien qu’au vernissage », m’expliquait la galeriste Prune Duclos. Le lieu de l’exposition, c’est la Twentytwo Gallery, créée en 2012 par cette dernière et deux collectionneurs, Gilles et Myriam Briquet, tous trois ayant un intérêt commun pour l’art contemporain. Leur créneau, c’est le choc esthétique, l’impact visuel, le truc qui ne laisse pas indifférent (avec des formats démesurés, si possible). Ils y proposent avant tout leurs coups de cœur, et mettent en lumière des travaux d’artistes encore peu connus à Lyon.
Étienne Cail – Asha – 2014 – Huile sur toile – 300 x 170 cm
Les œuvres de Yoann Merienne et Étienne Cail valent effectivement le détour. Elles révèlent déjà une grande maturité alors que les artistes sont respectivement âgés de 26 et 23 ans. Un style travaillé que l’on retrouve autant chez l’un que chez l’autre, une esthétique similaire du fait de leur goût prononcé pour les portraits en noir et blanc. Chez Étienne Cail, c’est la confrontation avec l’œuvre qui est intéressante. Ses toiles sont gigantesques, les coups de pinceaux bruts et grossiers, et les personnages charismatiques et dotés d’un aplomb à la fois intimidant et rassurant. C’est suite à un voyage en Chine qu’il établit sa démarche artistique et trouve sa patte, inspirée des peintures de Shi Xinning et Zhang Haiying dont il admire le travail.
Yoann Merienne – L’Hymne à la vie – 2013 – Huile sur toile – 150 x 150 cm
Yoann Merienne, quant à lui, s’inscrit dans la lignée des artistes polyvalents, maîtrisant à la fois l’art de la peinture et de la sculpture. Artiste figuratif, il est davantage dans la nuance, le flou et les courbes, cassant le noir et blanc parfait de ses œuvres à l’aide de touches de jaune. Un mélange pour le moins subtil ; des tons de gris qui semblent rappeler une certaine nostalgie, telle une vieille photo d’une époque révolue, et une couleur vive et clairsemée, qui laisse entendre que, malgré tout, rien n’est figé ou définitif. Loin de la passion qui anime les personnages d’Étienne Cail, les sujets du jeune peintre sont souvent seuls, détournant leurs regards ou nous tournant carrément le dos. On les sent plus vulnérables, en conflit avec eux-mêmes.
Une belle exposition qui signe l’émergence d’une nouvelle école lyonnaise, ou comme disait Baudelaire, une « école de peinture philosophique », où l’œuvre a une fonction morale, et plus que d’être admirée pour son esthétisme, elle a pour but de provoquer en l’homme des émotions.
Yoann Merienne – La Marche – 2013 – Huile sur toile – 195 x 130 cm
Infos pratiques :
22, rue Auguste Comte 69002 Lyon
Du mardi au vendredi, 10 h – 12 h 30/14 h – 19 h et le samedi, 10 h – 18 h 30
Entrée libre
Visible jusqu’au 17 mai