Picasso, sous le soleil de Françoise, Nîmes et les toros, musée des Cultures taurines à Nîmes ou l’appropriation d’un divertissement populaire par l’art
Nîmes est réputée pour ses ferias et ses corridas qui, chaque année à la Pentecôte et au mois de septembre, participent au folklore local. C’est cette tradition d’origine hispanique – bien ancrée dans le sud de la France et dans le patrimoine nîmois – qui inspira à Picasso un large pan de sa production, lui donnant la possibilité, à travers l’étude et la représentation de l’univers tauromachique, d’exploiter la figure animale : de sa confrontation avec les picadors et banderilleros à l’image bestiale et érotisée du minotaure.
Si la muséographie est des plus simplifiées [vitrines, accrochage des œuvres et présentation des textes] – mais faut-il encore s’indigner du peu de moyens déployés par nos municipalités pour valoriser le patrimoine et le rendre attractif auprès d’un large public ? -, force est de constater, pourtant, que la qualité de l’exposition est bien réelle. De provenances variées – institutions locales et particuliers – ces œuvres de natures diversifiées – dessins, gravures et céramiques – proposent un parcours à travers la vision d’un univers taurin célébré par Picasso.
Loin de se perdre dans des explications obscures et détaillées, les supports à la visite – textes et documents auditifs – permettent d’entrevoir et même de pénétrer dans l’une des thématiques récurrentes de l’un des plus grands artistes du XXe siècle. De l’évocation d’un divertissement populaire – restitué par les affiches publicitaires annonçant des corridas, les costumes de picadors ou encore une impressionnante tête de taureau – à son appropriation et à sa retranscription par l’art et la sphère intellectuelle contemporaine, il y a un monde que cette exposition nous permet de comprendre et de traverser. A tous les amoureux de Picasso, et même à ses détracteurs, ce parcours ne vous laissera pas insensible et réajustera votre opinion du maître.