Cette semaine, ArlyoMag s’invite dans les coulisses de la cie Katcha’ça, située à Villeurbanne (69), compagnie de danse contemporaine (et oui, encore du contemporain), fondée en 1998, par Cathy Pose et Natacha Paquignon.
Natacha Paquignon, chorégraphe de la compagnie depuis 2007, débute la pratique du mouvement par un biais détourné. En fait, dans son école de musique, des ateliers corporels sont associés à ses cours de violon. De là vient sans doute son intérêt pour les liens entre son et mouvement. Elle part se former à l’âge de 18 ans à Toulouse, en danse contemporaine auprès de Christine Gaudichon et au Conservatoire de Région avec Daniel Agésilas. Elle pratique, en plus, de la danse jazz avec Irina Radkiewitch. De 1996 à 1998, elle fait partie de la Classe Danse-Études de Michel Hallet-Eghayan à Lyon ; aux études de danse sont associées des études universitaires. Elle poursuit jusqu’en 2001 des études qui la mènent vers des recherches sur l’influence du puritanisme sur la danse et la littérature américaines du XXe siècle.
Cette femme s’intéresse particulièrement aux liens entre le corps, le cerveau et l’environnement. Cette curiosité prononcée, on la retrouvera dans ses premières pièces comme L’Aquarium en 2007 ou Baby Ploof en 2008. Ainsi est l’esprit de la compagnie, l’art du mouvement est important. En 2012, elle s’associe pour la première fois avec un artiste numérique qui travaille sur des technologies en temps réel. Aujourd’hui, l’art numérique joue un rôle majeur dans ces chorégraphies. Allier art numérique et danse permet de faire naître un nouveau langage, une nouvelle vision pour Natacha Paquignon, permettant alors d’affiner encore plus ce lien entre corps, cerveau et environnement. La compagnie Katcha’ça, c’est aussi un travail partagé avec des non-danseurs. Elle s’engage auprès d’habitants de quartiers et principalement auprès de jeunes en difficulté d’insertion.
Cabines, une nouvelle création
C’est le cas dans sa plus récente création, intitulée Cabines, travaillant autour de la question de frontière. En effet, la compagnie est allée demander à des gens dans la rue ce que signifiaient les frontières pour eux. Leurs témoignages s’entendent alors durant cette représentation. Ce projet présente en fait trois petits mondes, chacun habité par un ou une danseur(seuse), improvisant ses mouvements et ayant pour seule contrainte l’espace limité de la cabine. Chaque monde est différent. Un est essentiellement sonore, un autre aura une danseuse attachée à une robe, elle-même attachée à la cabine, représentant l’attachement aux racines. En plus des témoignages, le dispositif numérique est sensible aux mouvements des danseurs et allie aussi des sons, des musiques ou encore des images. Un poème, parlant de l’angle, est même projeté sur un tissu tendu autour de la cabine, permettant ainsi au danseur de faire ressortir une phrase, un mot dans sa danse et ses mouvements. On retrouve alors le goût (peut-être trop ?) prononcé de l’art du numérique chez notre chorégraphe. Avec ces associations, Cabines propose une vision différente du territoire et des frontières. Cabines est un projet conçu pour des espaces non-destinés à la représentation. En effet, le public est immergé dans ce dispositif interactif et de ce fait il peut choisir de se mettre en mouvement, de circuler entre les cabines et de créer une relation particulière avec l’une d’elle. Avec cette dernière création, Natacha Paquignon poursuit ses recherches sur les relations que peut entretenir le corps avec un environnement numérique interactif et livre une lecture personnelle de l’altérité.
Cabines sera présenté le 28 avril 2016 à 11h à Pierre-Bénite (69 – Rhône) à la Maison du Peuple.