L’année 2013 a vu Sony et Microsoft dégainer leurs machines respectives que sont la PS4 et la Xbox One, lançant pour de bon la nouvelle génération de consoles. L’événement ne va pas sans son lot de questions. Tout d’abord, et c’est une grande première dans l’histoire du jeu vidéo, deux consoles majeures sont lancées simultanément. Le nombre de plates-formes disponibles est donc très élevé, surtout si on y ajoute le PC et les consoles portables. L’accident industriel que vit actuellement Nintendo avec la Wii U l’éloigne au moins pour très longtemps du peloton de tête. Face à une telle profusion d’offres, difficile pour le public de s’y retrouver, d’autant que l’orientation de toutes ces consoles en terme de jeu reste à définir.
Le meilleur des mondes
Les ventes des PS4 et Xbox One ont de quoi donner le sourire à leurs constructeurs, la première pointant actuellement à plus de quatre millions d’unités écoulées, tandis que la seconde a attiré près de trois millions de joueurs. Marketing oblige, Microsoft vend une console de jeux, mais pas uniquement : caméra incluse dans le pack de base, reconnaissance vocale ; la Xbox One est pensée pour devenir le carrefour numérique du foyer. Le marketing de la firme américaine clairement orienté sur les fonctions annexes de la console dans les premiers temps, a viré de bord face à la contre-attaque de Sony qui axe toute sa communication sur le jeu et les joueurs.
Résultat, les deux consoles sont présentées comme le paradis des meilleurs jeux.
La politique des éditeurs sur la dernière génération (PS3, Xbox 360 – La Wii ne visait assurément pas le même public) était claire : privilégier l’accessibilité au plus grand nombre en procurant des capacités online jamais vues sur console. Cela a plutôt bien fonctionné, puisque la génération HD a vu la naissance de licences très vendeuses (Call of Duty, Assassin’s Creed pour ne citer qu’elles).
Ce succès établi, difficile d’imaginer les éditeurs changer de cap soudainement. Si l’offre de lancement est assez pauvre, les jeux la composant conservent pour la plupart les caractéristiques qui ont fait le beurre de la génération précédente. De Fifa 14 à Battlefield 4 en passant par Killzone, le concept qui domine est le jeu 100 % connecté. Signe des temps, Killzone qui proposait jusqu’ici une campagne en coopération locale (les deux joueurs sur le même canapé) voit ce mode de jeu simplement supprimé.
C’est certain, la technologie actuelle ouvre un potentiel infini aux constructeurs, néanmoins de là à perdre de vue l’essence du jeu vidéo sur console, il n’y a qu’un pas. Les jeux présentant des possibilités multijoueur en local se raréfient, au profit d’une vision plus collective du jeu vidéo, mais paradoxalement plus solitaire. On joue avec des dizaines d’autres joueurs en temps réel, pourtant, on est quand même seul devant sa console.
La console qui voulait devenir PC
Tous les joueurs connectés de chez eux et discutants par micro pendant les parties, voilà vers quoi le jeu vidéo sur console avance à marche forcée. Certes, cela fait davantage de place sur le canapé, en revanche on y perd nettement en convivialité, et on se rapproche un peu de l’image du gamer asocial, enfermé chez lui avec son micro-casque sur les oreilles (incarnation qui a tendance à coller à la peau des joueurs PC à leur corps défendant, il va sans dire).
Ce n’est au demeurant pas la seule analogie qu’on constate entre le jeu sur PC et celui sur consoles actuelles. En effet intrinsèquement, la Xbox One et la PS4 sont construites comme des ordinateurs tournés vers le jeu. Il est par ailleurs amusant de noter que les cartes graphiques des deux consoles sont déjà obsolètes face à ce qui se fait de mieux sur ordinateur.
L’intérêt d’acheter une console est à la base simple : ce type de produit est sensé proposer une expérience de jeu inédite, distincte de ce qui se fait sur PC. L’absence de modularité d’une machine de salon devant être compensée par l’expérience acquise au fur et à mesure par les développeurs, le jeu entièrement à la manette qui impose des critères différents ; mais aussi et c’est sans doute le point crucial : la possibilité de jouer à plusieurs sur une console identique par la magie de l’écran scindé.
Or on a aujourd’hui une offre dotée d’un esprit de plus en plus proche de ce qui se fait sur PC, sans les avantages d’un ordinateur ni la noble exigence de son public.
Autre faiblesse de taille des consoles face au PC : ce marché bénéficie d’un parc de machines autrement plus élevées que celui des deux consoles réunies. Certes, tous les utilisateurs d’ordinateurs ne jouent pas, toutefois le potentiel pour y parvenir est là. La montée en puissance des jeux sur réseaux sociaux et plus globalement du free to play le montre bien, il existe une quantité de publics différents à l’intérieur du public PC lui-même, prêts à goûter aux joies du jeu vidéo.
Sur le long terme, la confrontation toujours plus marquée risque donc de causer du tort au marché console en déficit d’identité clairement définie. On est loin des chroniques de la mort annoncée des consoles, par contre la problématique se pose de façon de plus en plus insistante.
Ce petit tour d’horizon des offres actuelles introduit une étude plus large concernant le marché du jeu vidéo à Lyon. Arlyomag vous proposera cette semaine de répondre à un questionnaire rapide afin de mieux cerner vos attentes, et de mesurer l’enthousiasme ou les réticences dont sont porteuses les consoles de nouvelle génération auprès du public lyonnais.