Le jeu Pokémon Go est sorti officiellement cette année à la date de mon anniversaire, soit le 6 juillet dernier. Du moins, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Deux mois plus tard, il s’agit de l’application mobile qui détient le plus grand nombre de records dans Le Livre Guiness des Records (dont celui du plus grand nombre de téléchargement sur un mois pour un jeu mobile). Forcément, cela ne pouvait qu’en énerver quelques-uns.
Bien que de nombreux joueurs français aient téléchargés l’APK du jeu afin de pouvoir y jouer avant sa sortie officielle en France le 24 juillet, j’avais décidé d’attendre la date en question pour commencer. J’étais très excité à l’idée de découvrir un tel jeu, surtout que je n’avais jamais osé réellement jouer à celui qui fut son ancêtre, à savoir Ingress, faute de joueurs avec qui partager l’expérience. Néanmoins, je me questionnais : [su_tooltip style= »tipsy » position= »north » shadow= »yes » rounded= »yes » size= »1″ content= »*Un gardien du temple de la pensée unique, c’est quelqu’un qui pense qu’il n’y a qu’une façon de penser : la sienne. Et qui méprise toute personne qui ne penserait pas comme lui. Ils sont très nombreux en France, vous en connaissez donc forcément. Alors, attention à vous. »]comment les gardiens du temple de la pensée unique*[/su_tooltip] allaient faire pour insulter les joueurs, cette fois ?
En effet, Pokémon Go était, pour moi, le jeu qui allait enfin mettre tout le monde d’accord. Tout d’abord, il s’agissait d’un véritable free-to-play, à savoir un jeu réellement gratuit où les achats « In Game » sont présents mais en aucun cas indispensables pour terminer le jeu à 100%. Ensuite, c’est un jeu qui nécessite obligatoirement de sortir de chez soi, et surtout de marcher énormément, donc un jeu bon pour la santé en quelque sorte. Et enfin, les points d’intérêts du jeu, appelé Poké Stop se trouvent, pour 90 % d’entre eux dans des lieux culturels. En soi, en jouant à Pokémon Go, on fait du sport et on se cultive. Qu’y a-t-il de mal à cela ?
Tout d’abord, il fut reproché au jeu d’avoir un accès total aux données des utilisateurs. Et bien que cela soit vrai pour la version sortie le 6 juillet dernier, une mise-à-jour est venue corriger cela le 12 juillet, soit 6 jours plus tard. Inutile donc d’argumenter là-dessus. La preuve.
13 juillet dernier, François-Xavier Ajavon, chroniqueur du Figaro qui, je le rappelle est quand même rémunéré pour écrire, nous explique que Pokémon Go est un jeu développé par Nintendo. On voit tout de suite le professionnalisme du mec incapable de faire une recherche sur Google, puisque, manque de chance, le jeu est développé par Niantic. Même joueur joue encore. 2ème essai. Dans son article intitulé « Pokemon Go : Quand l’Empire du Rien contre-attaque », que vous pouvez consulter ici, ce monsieur que je ne connais pas, se permet donc de m’insulter, moi, et des millions de joueurs de Pokémon Go, de zombies. Et pour cela, il a un argument massue : depuis que Pokémon Go est sorti, il y a des accidents.
Réactionnaires, Go !
On apprend donc que Pokémon Go peut créer des rassemblements de personnes, donc c’est dangereux. Amusant quand on sait que le jeu est sorti juste après le championnat d’Europe de Football 2016 et le 14 juillet. J’imagine que, suivant la logique du journaliste, il va falloir interdire ce type de rassemblements aussi. On apprend également qu’il y a eu des accidents de la route parce que des automobilistes ou des piétons jouaient à Pokémon Go. Question : n’est-ce pas plutôt parce que ces automobilistes et ces piétons ne regardaient tout simplement pas la route ? N’y avait-il réellement aucun incident de la route avant la sortie de Pokémon Go ? C’est drôle, parce que je suis tombé sur ceci.
J’en déduis donc que les accidents de la route existaient et même augmentaient bien avant la sortie du jeu. On pourrait continuer longtemps sur ce type d’arguments : des gens sont morts en lisant des textos, il faut donc interdire les textos, idem pour les conversations téléphoniques, idem pour l’alcool, idem pour tout type de drogues et idem pour les passagers et les piétons. Car oui, le saviez-vous ? Il y a eu des accidents de la route parce que le conducteur discutait avec l’un des passagers, mais surtout, il y a eu des accidents de la route parce que des piétons discutaient entre eux sans regarder la route. Du coup, interdisons les piétons !
Non, le fait est que oui, des gens stupides jouent à Pokémon Go, des gens distraits également. Mais des gens stupides font des choses stupides tous les jours. Le fait est qu’un jeu qui est aussi joué à travers le monde l’est forcément aussi par des gens stupides et/ou distraits. Un peu comme toute activité, en fait. Il y a des gens intelligents qui le pratiquent, et des gens qui le sont moins. C’est aussi simple que ça. Si tu ne regardes pas avant de traverser la route, ce n’est pas de la faute de la distraction en question, mais de ta faute à toi. C’est tellement logique que je m’étonne de devoir écrire ce genre de choses pour répondre à un journaliste.
Enfin, passons… Doit-on faire passer un test d’intelligence à quiconque traverse la route ou conduit une voiture ? Surtout que si notre journaliste avait fait son métier correctement, c’est-à-dire qu’il avait au moins allumé le jeu contre lequel il écrit son article, il aurait vu, d’une part qu’à chaque ouverture du jeu, celui-ci s’ouvre sur le message suivant : « sois toujours attentif et regarde autour du toi » avec une illustration montrant un joueur la tête baissé sur son portable et un point d’exclamation rouge…
Le message est d’ailleurs répété à chaque ouverture du téléphone. De plus, le jeu se coupe lorsque l’on est en voiture pour poser la question suivante : « vous allez trop vite ! Êtes-vous conducteur ou passager ? » Si on répond « conducteur », il est alors impossible de jouer. Mais encore faudrait-il faire son métier de journaliste correctement pour savoir cela. À moins que ce monsieur fasse partie de ces gens qui montent leur meubles tout seul chez eux sans lire le manuel et qui, ensuite, attaquent le fabricant de meuble si leur meuble est mal monté ? Fort probable…
Mais ce serait oublier le fond de l’article : « C’est horrible ! Des gens jouent, sortent dehors et parlent avec d’autres personnes au lieu de lire et relire Le Figaro à longueur de journée ! » Oui, c’est horrible, effectivement. En tous cas, il donne raison au chanteur Renaud et à sa chanson « 3 matelots » lorsqu’il mentionne le journal :
[su_youtube url= »https://www.youtube.com/watch?v=KEaFfZ1cv4o » width= »800″ responsive= »no »]
Je me dois de répondre néanmoins au fameux incident du musée de l’Holocauste, qui, pour le coup, est effectivement une des vraies dérives créées par le jeu. En effet, le jeu fonctionne sur des algorithmes. C’est-à-dire que les Pokémons, Poke-stops et autres points d’intérêts sont générés par des ordinateurs de manière aléatoire (en se basant sur les données du jeu Ingress également). Il n’y a donc aucune conspiration « anti-histoire » qui a placé des Pokémons dans le mémorial de l’Holocauste. C’est simplement le manque d’avancée dans le domaine de l’intelligence artificielle en 2016 qui crée ce genre de problèmes… qui peuvent être résolus en remplissant un formulaire en ligne, tout simplement. Mais j’imagine que pour des gens incapables de faire une recherche sur Google comme notre journaliste, remplir un formulaire en ligne doit être l’équivalent d’escalader l’Everest pour quelqu’un comme moi.
Qu’en est-il vraiment des critiques ?
Mais plutôt que de continuer sur cet article particulièrement, je vais répondre à l’un de ces principaux reproches, que l’on trouve aussi dans un autre article. À savoir que si, pour ce journaliste, je suis un « zombie », pour d’autres, je suis un « handicapé mental », comme on le peut le voir ici avec ce passage si fabuleux :
« L’enjeu qui nous rassemble, ce n’est plus de découvrir un remède au SIDA, d’éliminer la pollution, de sortir les milliers d’itinérants de la rue, ce n’est plus de créer des cellules solaires efficaces à 90% et palier aux sécheresses meurtrières en Afrique, c’est de retrouver une version virtuelle inusitée de Pikachu dans un trou à 150 kilomètres de notre lieu de vie pendant que notre grand-mère s’ébouillante 2 fois par semaines dans un foyer pour personnes âgées. »
Lorsque je lis ce texte, je ne peux m’empêcher d’imaginer l’emploi du temps du journaliste qui l’a écrit, Marc-André Noiseux :
« Lundi : aller voir mémé pour ne pas qu’elle s’ébouillante, puis continuer à réfléchir sur un remède pour le Sida.
Mardi : nettoyer tous les parcs de la ville et enquêter sur les personnes ne faisant pas de tri sélectif afin d’éliminer la pollution.
Mercredi : penser à donner l’intégralité de mon salaire aux itinérants dans la rue afin de les sortir de là. Non, finalement, ne leur donner que 50 % de mon salaire sinon je vais moi-même devenir itinérant. Puis, retourner voir mémé pour ne pas qu’elle s’ébouillante.
Jeudi : continuer à créer des cellules solaires efficaces à 90 % (penser à aller chercher mon prix Nobel si je trouve du temps).
Vendredi : réveil à 4 heures du matin, départ pour l’Afrique avec autant de bouteilles d’eau que je peux transporter afin de pallier aux sécheresses meurtrières du pays.
Samedi : insulter les gens qui ne pensent pas comme moi ou qui n’ont pas les mêmes distractions que moi sur mon site internet que j’ai fait moi-même parce que je suis meilleur que tout le monde (étonnant qu’il n’ait pas encore été récompensé comme meilleur site internet de France : du coup, penser à appeler le président de la République sur sa ligne perso pour en discuter).
Dimanche : repos, car étant moi-même un Dieu de l’informatique et du journalisme, je fais comme le dieu de ceux qui « veulent imposer leur religion à toute la planète ». Et puis, parce que mes semaines sont chargées quand même.
P.S. : penser à combattre le terrorisme si j’ai un moment de libre »
Ce qui est drôle avec ce genre d’article, c’est surtout que selon ces gens, quelqu’un qui jouerait à Pokémon Go ne ferait que ça. Or, si on se base sur l’emploi du temps fictif de Marc-André Noiseux, on remarque qu’il se repose le dimanche. Et que le samedi, il insulte les gens. Ce qui signifie, à moins que je ne me trompe, qu’il est donc bel et bien possible de sauver le monde 5 jours sur 7 et de jouer à Pokémon Go seulement une journée ou deux sur le temps restant.
Les jeux vidéos, une création sataniste
Je sais que personnellement, j’ai pu faire les travaux dans mon nouvel appartement, réaliser et monter une dizaine de films institutionnels, voir une trentaine de films chez moi ou au cinéma, jouer à ma console de salon, aller à la salle de sport 3 fois par semaine, lire un livre de 500 pages et passer environ 2 heures par jour sur le net à consulter les actualités, tout en jouant à Pokémon entre 1h et 3h par jour ces dernières semaines. Alors, bien sûr, contrairement à notre ami chroniqueur, je n’ai pas aidé à sauver le monde. Mais qui sait ? L’année n’est pas terminée !
Dans son texte, et dans les nombreux autres sur le sujet, l’argument principal est simple : « Il faut être stupide pour jouer à un jeu alors que le monde va mal ». Sauf que voilà, j’ai aujourd’hui 32 ans, et depuis que je suis né, je ne cesse d’entendre ce type de discours de la part de ceux qui suivent les médias en règle générale. Le discours est simple : « C’est affreux », « Tout va Mal » « On va tous mourir » et surtout « Comment peut-on élever un enfant dans un monde tel que celui-là ? ». Et imaginez, je suis quelqu’un qui regarde des films d’horreur et des films de genre en général (ce qui, selon ces mêmes personnes, devrait me prédisposer à être un serial killer).
Bien que j’ai obtenu mon Bac puis mon BTS audiovisuel avec mentions, je suis censé avoir raté mes études car je jouais aux jeux vidéo (et en plus, j’y jouais beaucoup) et que, comme tout le monde le sait, le jeu vidéo est censé être la principale raison de l’échec scolaire. J’ai écouté principalement du Rap pendant plus de 10 ans, ce qui doit faire de moi quelqu’un d’extrêmement agressif (pourtant, je n’ai pas de casier judiciaire et n’ai jamais été arrêté par la police), et pire de tout, je lis des comics et surtout des mangas, ce qui selon Ségolène Royale dans son livre Ras-Le-Bol des bébés zappeurs est censé me prédisposer à la pédophilie. Aujourd’hui, j’apprends en 2016 que je suis également un handicapé mental, puisque je joue à Pokémon Go.
Mais ce que je remarque surtout de la part des détracteurs, c’est qu’avant d’écrire leurs textes, ils n’ont même pas chercher à tester le jeu ou même à savoir de quoi ils parlaient. La preuve notamment avec ce passage du même texte :
« Nos technologies sont en train de nous rendre zombies, de faire de nous des handicapés mentaux. Je suis né avec certaines différences issues d’un trouble ASPIE et ce qui m’étonne depuis quelques temps, c’est que pendant que moi je tente de m’adapter aux humains moyens et m’ouvrir aux autres, la majorité de mes semblables semblent favoriser l’autisme et tout faire pour s’isoler socialement. »
Citation à laquelle je vais simplement répondre par cet article écrit par quelqu’un souffrant du même trouble : Pokémon Go vu par une Asperger, que je vous conseille de lire (ainsi que les liens que l’auteur y a associés) mais dont je vais au moins citer cette phrase : « Certaines de mes difficultés sociales allaient pouvoir être gommées ou du moins dissimulées par le jeu ! »
Pour terminer sur les détracteurs du jeu, il est grand temps de parler de Yann Moix, qui compare Pokémon Go au terrorisme. Yann Moix, pour ceux qui ne le savent pas, est le réalisateur de ceci :
[su_youtube url= »https://www.youtube.com/watch?v=F3OXm6cqCQA » width= »800″ responsive= »no »]
Toute personne normale ayant commis une telle insulte au 7ème Art, et envers l’Art en règle générale (si vous essayez de regarder le film, vous comprendrez que je n’exagère absolument pas), se serait cachée au fin fond d’une grotte en s’assurant que personne ne le reconnaisse. Mais a priori, Moix a décidé de continuer de se présenter an public. Bon, bref, non, en fait. Inutile d’argumenter pour le coup. Si des gens pensent réellement que les joueurs de Pokémon Go ne font pas la différence entre le réel et le virtuel, alors que quand même, les graphismes du jeu ressemblent à ceci :
… alors, je pense que ce sont plutôt ces gens qui vivent dans un monde très différent du nôtre, plutôt que les joueurs de Pokémon Go. Ou alors, c’est qu’ils croient vraiment que les gens qui jouent au jeu sont ultra-débiles… oh, wait !
Et sinon, mon avis sur Pokémon Go
De mon côté, voilà ce que j’ai vécu cet été : j’ai pu jouer à un jeu en étant entouré de musulmans, de juifs, de catholiques… de personnes de toutes ethnies, hommes comme femmes, de toute orientation sexuelle et de tout âge. J’ai vu des parents accompagner leurs enfants au parc de la Tête d’Or et jouer en famille. Et surtout, j’ai sympathisé avec certaines de ces personnes, grâce à ce jeu, et pas virtuellement. Non, j’ai discuté avec des inconnus et sympathisé avec eux car nous jouions tous ensembles.
Et ça, c’est mon idée du bonheur. Des personnes qui sont heureuses et font fi de toute discrimination pour s’amuser ensemble. Et tant pis si tous les Yann Moix du monde entier cherchent à diviser les gens en les insultant avec des articles, plutôt que de se dire : « Hey ! Ces gens n’ont pas les mêmes distractions que moi. Chacun son truc, je vais leur foutre la paix. » Laissons-les dans leur monde qui va si mal, avec leurs terroristes partout et continuons à jouer sans faire de mal à personne, parce que ce qui les emmerdent profondément, ces gens-là, c’est que nous sommes heureux, tandis que, eux, sont aigris.
Alors les amis, que vous jouiez à Pokémon Go ou pas, que vous lisiez du Marc Levy ou du Émile Zola, que vous aimiez Xavier Dolan ou James Cameron, continuez et si vous ne partagez pas les idées d’autrui, discutez-en avec eux au lieu de les insulter comme le font ceux qui ont écrit les articles plus haut. Et si j’ai fait cet article, c’est uniquement pour en arriver à cette conclusion.
Dans le cas contraire, je ne leur aurais pas répondu, je me serais contenté de les plaindre. Car il faut vraiment être très mal dans sa peau pour en arriver à prendre tant de temps uniquement pour insulter des gens qui ne vous ont rien fait.
Et si vous faites partie de ceux qui se réunissent entre eux uniquement pour s’amuser (que ce soit à Pokémon Go, à un sport collectif, à un barbecue ou autre), je pense sincèrement que c’est vous qui êtes dans le vrai, car :
« Le but dans la vie c’est d’être heureux ; le moment pour être heureux c’est maintenant et l’endroit pour être heureux, c’est ici. » Gérard Blitz
NB : Le jeu peut effectivement poser quelques problèmes à la rentrée scolaire en revanche, mais comme dit plus haut, remplir un formulaire en ligne pour qu’un établissement soit supprimé du jeu n’est pas très compliqué. Car au risque de me répéter, c’est à un algorithme que l’on a affaire, et non à des « méchants messieurs qui mettent des Pokémons partout ». Le gouvernement prend déjà des mesures à ce sujet et c’est très bien.