Cette année, le cinéaste américain a réalisé un biopic musical sur le groupe « The Four Seasons », différent de sa filmographie habituelle, il raconte l’ascension et la chute de Frankie Valli, Bob Gaudio, Tommy DeVito et Nick Massi dans l’Amérique des années 1950.
Clint Eastwood fait partie des réalisateurs qui aiment mettre en scène le monde de la musique, avec Honkytonk Man sur la country et Bird sur un saxophoniste de jazz, mais Jersey Boys est sa première comédie musicale. Les Four Seasons sont un groupe de pop rock qui s’est fait connaître au milieu des années 1960 et qui va devenir un symbole de Broadway.
Ses quatre membres sont italo-américains et vivent dans le New Jersey ; avant d’être sauvés par le succès de leur musique, ils sont fauchés et vivent de différentes activités illégales. La narration du film évoque beaucoup Les Affranchis de Scorsese, les acteurs interpellent le spectateur et parlent à la caméra des autres personnages, leur leader initie les jeunes recrues aux arnaques, vols… Ils font régulièrement des séjours en prison. Lors de leurs problèmes d’argent, ils peuvent s’appuyer sur leur « parrain » joué par Christopher Walken en « Prince de New York » à la retraite.
La musique est un monde cruel, comme pour le récent Inside Llewyn Davis des Coen, les personnages se battent longtemps pour atteindre la reconnaissance, et vont d’événement en événement pour trouver un public compréhensif. Il y a beaucoup de charme dans leur groupe, chacun a son caractère, les relations entre eux diffèrent, ils sont une bande d’amis avant d’être des partenaires professionnels, avec leurs disputes et leurs rires.
Le film raconte aussi la chute du groupe, la séparation des membres, leur amitié qui s’effondre et les problèmes d’endettement. Après l’apogée, l’ascension collective, il y a l’explosion et nous continuons avec Frankie Valli (le chanteur phare) qui s’essaye à une carrière solo sans grand succès. On retrouve la patte sombre de Clint Eastwood avec l’infanticide, la solitude extrême et l’incompréhension à travers Frankie qui tente de survivre à la misère et de gérer sa vie de famille détruite. Après l’euphorie des scènes musicales et de ce sentiment d’appartenance à la bande, le film prend une tournure assez tragique et mélancolique.
Clint Eastwood signe une œuvre modeste dans sa filmographie, mais très entraînante et enjouée.
Jersey Boys est un film plein d’humour, qui montre habilement la pyramide du rêve américain (apogée et désillusion) dans cette vie urbaine à travers la pop américaine.