Mardi soir au théâtre de la Croix-Rousse avait lieu la première représentation à Lyon de la création James Baldwin et Nina Simone, retraçant la vie de ces deux héros de la lutte pour les droits civiques. Sous forme de portraits croisés, le spectacle se présente en deux parties : tout d’abord Baldwin – Avedon : entretiens imaginaires, un texte de Kevin Keiss et Élise Vigier et une mise en scène d’Élise Vigier, avec Marcial Di Fonzo Bo et Jean-Christophe Folly ; puis Portrait de Ludmilla en Nina Simone, un texte et une mise en scène de David Lescot, avec Ludmilla Dabo et David Lescot.
Gravitant autour des questions sur l’origine et le travail de l’artiste, les deux parties résonnent entre elles et établissent un dialogue entre ces figures illustres et celles que les acteurs incarnent sur scène. À travers un sujet aussi sérieux que celui de la discrimination, certes traité différemment selon les époques mais toujours aussi actuel, on se laisse doucement emporter par les histoires poignantes de James Baldwin, Richard Avedon et Nina Simone, respectivement jouées par Marcial Di Fonzo Bo, Jean-Christophe Folly et Ludmilla Dabo.
Dans Baldwin – Avedon : entretiens imaginaires, il s’agit d’une rencontre entre Harlem et Barbès, la Normandie, Buenos Aires et le Togo ; l’écriture et la photographie ; le passé et le présent rassemblés autour du souvenir. À partir de Nothing Personal, ouvrage réalisé par les deux artistes en 1964 pour dépeindre une Amérique controversée, les personnages échangent sur leurs vies respectives dans un décor abondant en repères historiques. Le dialogue et les images projetées dressent ensemble une réflexion de l’ordre de l’intime et du politique, enrichie par la pièce suivante, Portrait de Ludmilla en Nina Simone.
On y glisse dans le noir avec un rythme obsessif tapé du pied et des mains, et cela annonce en fait le début d’une longue chanson qui finalement continue de résonner en nous après les derniers applaudissements. Ludmilla Dabo raconte et chante l’histoire de Nina Simone en répondant aux questions posées par David Lescot, à la fois metteur en scène, narrateur, accompagnateur et public. À l’histoire de Nina Simone se superpose celle de Ludmilla Dabo qui se confond dans ce reflet d’artiste. Les perspectives varient ainsi au fur et à mesure du spectacle pour évoquer la question de la mixité sous un autre angle, avec toujours plus de singularité et de sensibilité.
Dans cette double pièce de théâtre aux multiples dimensions, on observe, on écoute, on rit, on s’interroge, et l’on a désormais très envie d’en apprendre davantage sur ces trois icônes américaines qui nous transportent au-delà des frontières.
Un spectacle à voir mercredi, jeudi et vendredi. Plus d’informations par ici.