Juste pour vous, Arlyomag est parti à la rencontre de Lydie, jeune et talentueuse réalisatrice d’une toute nouvelle web série participative. Retour sur cette interview.
Red Point est une web série sur la culture japonaise et plus particulièrement sur les mangas ; la jeune équipe vient de faire paraître son troisième épisode sur sa chaîne YouTube. Cette toute nouvelle série participative (chaque internaute peut proposer le scénario pour un épisode suivant), qui a déjà été repérée lors du festival international des scénaristes et de la Japan Touch, n’en a sûrement pas fini de faire parler d’elle. Rencontre avec Lydie, réalisatrice de ce tout nouveau concept.
Tout d’abord Lydie êtes-vous de Lyon ?
Oui, j’habite à Lyon, ainsi que la majorité de l’équipe.
Êtes-vous passionnée de tout type de cinéma ou seulement de manga ?
Je ne dirais pas que je suis une « passionnée » de cinéma car mon Master Arts du spectacle à Lyon 2 m’a appris à concevoir des théories sur le cinéma qui peuvent s’éloigner de la passion, là où le manga et la culture japonaise sont un loisir et une quête culturelle plus ludique. J’ai, entre autre, fait des études d’art et de littérature.
D’où vous vient cette passion du manga ?
Sûrement un besoin d’aller voir ailleurs. J’ai connu les commandes par correspondance, où le fait d’attendre son manga plusieurs semaines était un sentiment très fort, même si les nombreux exemplaires que j’achète régulièrement me donnent toujours autant de plaisir !
Combien êtes-vous à peu près dans l’équipe ?
Si je compte toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration des trois premiers épisodes ainsi que sur le jeu de rôle et le jeu vidéo, on atteint une soixantaine de personnes.
Comment vous est venue l’idée de créer une web série autour de la culture japonaise ?
A cause de la mauvaise médiatisation du jeu de rôles, des mangas et du cosplay en France. J’ai ressenti ce rejet de l’adolescente que j’étais et qui a été catégorisée juste parce que ses loisirs étaient différents. J’ai alors envoyé un début de scénario au festival des scénaristes de Valence en Novembre 2014, et le projet a été retenu pour participer à une table ronde et être présenté devant un jury. Grâce au soutien des professionnels, nous avons décidé de tout mettre en œuvre pour que Red Point voie le jour.
Vos tournages se font-ils toujours ici à Lyon ?
Nous voulons garder le plus longtemps possible le paysage lyonnais et ses alentours comme scène principale de la web série. Nous avons eu l’occasion de tourner dans le 8e arrondissement, dans un collège à Oullins et dans le parc de la Tête d’Or, et nous avons encore beaucoup de belles choses à Lyon que nous aimerions mettre en valeur.
Pourquoi avoir fait le choix d’une web série participative ?
Il est important pour moi de rapprocher les gens, là où tous les médias semblent nous éloigner un peu plus. Red Point est une web série pour les fans de manga et de cosplay, et je trouvais normal qu’ils puissent interagir avec le personnage principal. Qui n’a jamais rêvé de pousser le héros dans une direction qui n’était pas celle à laquelle tout le monde s’attendait.
Il y a des acteurs permanents, comme celui qui joue le personnages d’Alan, et des acteurs qui peuvent se rajouter et faire vivre leur personnage, les cosplayers, alors qu’est-ce qu’un cosplayer ?
Un cosplayer est avant tout quelqu’un qui a une passion, et qui aime entrer dans la peau d’un de ses héros pendant quelques instants. Il faut beaucoup de patience et parfois de talent pour fabriquer certains costumes, et ce loisir est devenu communautaire. Des gens timides peuvent prendre beaucoup d’assurance à travers tous les personnages que la culture du jeu, du manga ou du cinéma a su créer.
Un internaute qui n’est pas cosplayer peut seulement proposer son personnage mais pas l’interpréter ?
En ce qui concerne le jeu de rôle, les internautes vont pouvoir effectivement proposer des idées de personnage que nous inclurons à la version finale des règles du jeu. Pour l’instant, les règles sont en accès gratuit sur internet pour tous ceux qui veulent l’essayer. Pour ce qui est de la web série, nous avons déjà proposé aux internautes et aux fans de la première heure (et qui ne sont pas cosplayers) des moments d’échange et de rencontre sur le tournage, en tant que figurants par exemple.
Comment parvenez-vous à choisir les personnages qu’on vous propose ?
C’est en fonction des scènes que nous choisissons entre les différents cosplayers.
Concernant les costumes : sont-ils créés seulement par les cosplayers ?
Nous créons les costumes de certains comédiens et figurants, mais beaucoup de cosplayers viennent avec leur propre costume, d’où le respect que nous avons envers eux, car certaines pièces sont fragiles et les tournages peuvent être éprouvants pour les costumes fragiles.
Les Cosplayers sont-ils bénévoles ?
La totalité de l’équipe qui a participé à la création de la web série est bénévole, que ce soit les figurants, les comédiens, l’équipe technique sur le tournage ou même l’équipe de post-production… et moi-même !
Donc d’où proviennent vos ressources ?
Ce sont pour l’instant des fonds personnels, et je dois remercier les organismes qui nous ont loué du matériel professionnel de nous avoir fait bénéficier de réductions.
Vous êtes au 3éme épisode et il y a deux types de dénouement possibles ; les spectateurs vont du coup choisir le dénouement qu’ils préfèrent. C’est donc vraiment un travail fait en collaboration avec les internautes, est-ce que vous n’avez pas peur que des gens ne se proposent plus ou ne choisissent pas un dénouement ?
J’ai toujours peur que la web série ne plaise pas, et j’espère pouvoir proposer aux internautes un contenu qui leur donne envie de nous suivre. Dès le début je savais que d’intégrer les internautes au développement du scénario serait un pari risqué.
Vos sentiments par rapport à la Japan Touch, où vous avez participé, et votre sélection au festival international des scénaristes ?
Les sélections et les invitations sont une chance de développer un projet, de rencontrer de nouveaux partenaires ou encore notre public. Nous aimons aller en convention, proposer des activités projections ou parties d’initiation ; nous avons, comme prochain rendez-vous, la Clermont Geek et aussi la Japan Touch Haru.
Il y a en ce moment beaucoup de web série, comme Tea time par exemple, ou la vôtre : que pensez-vous de l’avenir des web séries ?
Difficile de se projeter, tout le monde essaie de faire quelque chose qui lui plaise et qui rencontre son public. Pour l’instant nous travaillons avec une équipe en or et cela nous suffit ! Un de nos acteurs principaux est le réalisateur de Tea Time, donc le côté communautaire est un grand plus qui permet de monter de beaux projets !
Une saison 2 est-elle prévue après les 10 premiers épisodes ?
Pas pour le moment, mais le scénario de la première saison laisse cela possible.
Comme dernière question, dites-moi : d’autres projets de web série, de long ou court métrage ? …
La nature transmédia de Red Point nous prend pas mal de temps et d’écriture et comble actuellement toutes mes envies de dramaturgie !
Vous pourrez retrouvez ici leur page Facebook ainsi que leurs chaîne Youtube.