Salut Arlyonaute ! Ça fait un moment que je n’avais pas repris la plume pour te proposer un article et comme ça fait un moment que la team attend mon réveil, alors me voici… Entre l’arrivée des beaux jours, ma disponibilité passagère, mais surtout avec la découverte de GAIE-GRIS un projet slam intéressant, je ne pouvais pas ne pas vous présenter Gyslain.N. Bonne découverte !
Salut Gyslain.N, pour commencer, tu scelles mon retour à la rédaction et je suis content de le faire avec toi via cette interview ! Le circuit du slam existe depuis 2001 à Lyon et il me semble que tu as le rejoins la famille du Slam en 2007, c’est bien ça ? Qu’est-ce-qui t’a poussé vers la poésie urbaine ?
Salut ! Merci de partager ce moment avec moi ! Alors j’ai découvert le slam à Strasbourg, la ville où j’ai grandi, c’était en 2008 en fait, j’étais jeune rappeur j’avais enregistré 7 titres que je jouais sur les scènes ouvertes.
J’ai été invité, via Myspace à l’époque, à venir dire quelques textes sur une nouvelle scène slam. Je me souviens on était six ou sept en tout a écouter et slamer et les autres clients nous prenaient pour des fous ! J’ai pu faire des textes que j’avais écrit et qui ne rentraient pas pour moi dans le format “Rap” de l’époque et j’ai vraiment apprécié. Je me suis rendu compte que le Slam me permettait d’exprimer toutes mes sensibilités et toute ma créativité. C’est ce qui m’a fait embrasser complètement la discipline.
Si tu devais décrire ton style, tu le présenterais comment ?
Au-delà d’un style, je dirais plutôt que je suis dans une démarche créatrice. Elle consiste à explorer et exprimer différentes dimensions que peut offrir les arts de l’écrit et des oralités.
Si on parle de mon style d’écriture, je pense que je cherche à atteindre une écriture à la fois simple, stylisée et toujours plus ou moins poétique. Le but que je me donne c’est de toucher à l’universel, que n’importe qui puisse se sentir concerné. Je ne me mets pas de barrière de style ou de barrière de mode d’expression, même si évidemment on sent diverses influences à l’écoute et à la lecture de mes textes.
Ok, mais pourquoi as-tu pris cette direction ?
Parce que ça élargit le champ des possibles. Cela donne énormément de possibilité et de liberté de création. Mon encrage, c’est le slam bien sûr, parce qu’il permet l’expression orale brute, par les cordes vocales, le corps et évidemment la force et la poésie que peuvent revêtir les mots. C’est très fort comme activité à la fois pour soi mais aussi pour l’énergie que ça génère sur une scène ouverte par exemple.
Je suis un grand fan de l’époque des Last poets, des Watts prophets, ou des poétesses musicales telles que Wanda Robison ou Maya Angelou, c’est l’époque juste avant le Rap. C’est ce qui a donné naissance au Rap et c’était déjà du Slam avant le Slam, on appelait ça du « spoken word ». Mon travail musical y puise beaucoup. Il y a aussi les poètes chanteurs comme Léo Ferré, Bashung, Hubert-Félix Thiéfaine… les Griots africains et toute la culture Hip hop. Voilà c’est une ouverture immense d’avoir pris cette direction.
J’explore tout ce qui me touche et stimule ma créativité. On va me trouver sur le terrain de la poésie dite “contemporaine” avec des textes plus courts, ce qui s’est matérialisé en fin 2016 par la sortie de mon recueil de poèmes Souplesses chez Z4 éditions. Mais aussi sur le terrain du texte mis en musique ou a capella. J’ai même pu explorer la dimension théâtrale de la chose, grâce à un projet de Slam théâtralisé que nous avons monté et joué plusieurs fois à guichet fermé dans un théâtre lyonnais. Et je pense fortement à la dimension de l’écriture de fiction, j’écris des nouvelles depuis longtemps ; j’aimerais bien passer le cap du roman.
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Je t’ai vu il y a quelques années avec une partie de ta clique sur scène à l’Improvidence, tu évolues toujours en équipe ?
Oui, toujours, notre collectif s’appelle Le cercle des poètes à la rue. J’ai énormément de chance de faire partie d’un groupe aussi créatif ! On anime les scènes slam à Lyon depuis 2013, l’une au Macanudo, en face de la piscine du Rhône, tous les troisièmes mardis du mois ; l’autre à Athou bout’chant dans le 1er arrondissement de Lyon, tous les 3e mercredis du mois. En parallèle, on anime aussi des ateliers d’écriture, on joue ensemble partout où l’on nous sollicite. On a des projets de créations communes, beaucoup de choses en perspective.
En mai tu as sorti un EP intitulé Gaie-Gris, qu’est-ce qui t’a motivé à le faire, pourquoi ce nom et comment tu l’as construit ?
Oui, je suis hyper fier que ce projet soit aujourd’hui disponible à l’écoute et qu’il fasse son petit chemin. Je voulais construire un projet qui donne un petit aperçu de mon univers. J’ai sélectionné ces 6 textes, on les a travaillés avec Rémi Tchango, le leader du groupe Lyonnais “Charlie and the soap opera” et ça a donné l’EP.
Alors pourquoi « Gaie-Gris » ? Parce que je trouve le monde gris, morose, assez inquiétant… Mais en même temps, il y a des choses très gaies dans le monde, en tout cas pour nous qui vivons ici, pour moi qui ai 30 ans en 2017, en France, j’ai le sentiment que tellement de choses sont possibles, je suis plutôt quelqu’un de positif et de joyeux même si c’est une joie tempérée. J’ai des amis, je suis entouré, j’ai une vie que je trouve plutôt épanouissante.
Mais comment être vraiment heureux dans un monde qui charrie autant de malheurs ? L’écriture, l’art, tempèrent un peu le malaise, alors on se retrouve dans un contexte gaie-gris. Voilà d’où vient l’idée de ce titre.
Et puis le geai gris est un oiseau du Canada, c’est même l’un des emblème du pays. Il vit entre le Canada, l’Arizona et la Californie, donc en fait c’est un oiseau qui oscille entre froid et chaud constamment, ce qui est finalement une excellente allégorie du monde tel que je l’ai décrit. C’est l’oiseau qu’on voit sur l’illustration de l’EP, symbole de liberté. Les morceaux aussi sont construits dans cette idée, certains morceaux ont une musique entraînante mais un texte triste et vice versa. C’est ça l’effet Gaie-Gris ! [Sourire]
Tu as des projets pour la rentrée ?
Oui ! Déjà j’ai très envie de porter l’EP sur scène. Les morceaux qui sont sur l’EP font partie d’un set plus long que je joue sur scène avec des musiciens dès que j’ai l’occasion. Alors à la rentrée, on va remettre ça, les dates ne sont pas encore figées, mais il faut suivre la page Facebook pour rester informé ! On prépare aussi un second clip pour le morceau Miriam Makeba qui est sur L’EP, on a constaté qu’il est le morceau le plus écouté du projet, alors on va lui donner une identité visuelle ! Sinon il y a toujours les scènes ouvertes Slam que je manque rarement, avec Le cercle des poètes à la rue on va continuer à la rentrée à pousser des textes rugueux !
Avant de conclure, quel message voudrais tu faire passer aux Lyonnais ?
Je voudrais leur témoigner ma reconnaissance, parce que les Lyonnais sont exigeants en ce qui concerne l’offre artistique, du coup ils poussent les artistes à se dépasser et proposer des performances de très bons niveaux. Quand ils sont convaincus, ils se déplacent et c’est un vrai confort ! J’ai quelques occasions de jouer dans d’autres villes de France et je me rend compte que cette exigence m’aide beaucoup ! Alors big-up les Lyonnais !
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Bon Gyslain, tu te doutes bien que je ne vais pas te laisser partir sans te proposer un petit délire. Si je te donne les mots : Culture, stéréotype, urbain, rêves et Arlyo, tu en fais quoi en quelques lignes ?
Ma mère, s’appelle art&culture,
Sans stéréotype, elle vient révolutionner les rêves,
Toujours proposer de nouvelles moutures,
C’est pour elle que bien des férus se lèvent,
Donc tu vois, Arlyo, c’est pas un Mag urbain, c’est de la haute couture !
Merci Gyslain.N, c’était sympa cet échange ! Encore bravo pour cet EP et à bientôt autour d’un vers pas loin d’une scène !
En attendant pour en savoir davantage, cher Arlyonaute, je t’invite a découvrir son site internet, sa page facebook, mais surtout à écouter ses sons ! Et pour découvrir la scène slam lyonnaise tu sais désormais où te rendre.