Générations Cobayes : Atelier DIY /Baume Règle Douloureuse
Cobayes

Le projet de Générations Cobayes naît d’abord de l’expérience douloureuse d’un groupe d’étudiants, qui perdaient en 2008 un de leur camarade, des suites d’un cancer à l’âge de 20 ans. De ce drame naît alors la volonté de sensibiliser la population, étudiante notamment, au danger des perturbateurs endocriniens. C’est en 2013 que naît Générations Cobayes qui lance alors « La Conférence de l’éco-orgasme » pour sensibiliser les jeunes, de manière drôle et décalée, à la possibilité concrète de gestes plus sains et éthiques dans le domaine de la sexualité. Depuis, Générations Cobayes diffuse conseils et ondes positives dans ses ateliers DIY, apéros informatifs et autres Tour de France. (La joyeuse équipe a ainsi parcouru les campus d’une dizaine de grandes villes entre 2015 et 2017.) Cette année la deuxième édition du Shnek Fest, rendez-vous dédié au corps et à la sexualité féminine, se tenait à Lyon, et nous étions bien sûr de la partie.

Vous avez dit Shnek Fest ?

À ce stade un petit point de définition s’impose ! Et comme un dessin vaut mieux qu’un long discours, j’abandonnerai quelques secondes vos regards curieux à ce schéma tout à fait informatif qui vous permettra de briller en société :

On le sait, notre langue a toujours eu du mal à parler clairement du sexe féminin, préférant les pas de côté poétiques (« Fontaine du plaisir » et « Bosquet de Cithère » trustent actuellement le top 5 de mes errances dico-sexuelles) ou tout au contraire une crudité souvent violente (les exemples d’emplois de certains dictionnaires revendiqués alternatifs parlent d’eux-mêmes). Cette violence, Anaïs Bourdet en a pris le contrepied  en 2012, en créant le tumblr participatif Paie ta Shnek qui a donné un coup de projecteur sur la décomplexion de cette parole dégradante subie par les femmes dans l’espace publique. Générations Cobayes avec son Shnek Fest participe donc de cette volonté de désamorcer une violence de la parole en réemployant ce terme pour en faire l’expression du souci d’un bien être du corps féminin.

Parler aux femmes

Au cours de ce weekend, on a ainsi pu assister à des conférences sur le cycle menstruel, la contraception ; participer à des ateliers DIY pour fabriquer son huile de massage ou un baume contre les douleurs menstruelles ; ou encore rencontrer sur les stands permanents les acteurs.trices de ce mieux vivre féminin. On a ainsi pu évoquer, avec la créatrice de la marque Sacrée Française, l’engouement grandissant du public pour les textiles hygiéniques lavables (protection intime, coton démaquillant…) qui permettent de favoriser la réduction des déchets au quotidien ; ou encore discuter du renouvellement du style des ouvrages réservés à la sexualité féminine, et de leur multiplication dans nos librairies avec La Librairie de Letizia.

Sur les autres stands étaient également présents : Idée du désirThefrenchkiss, Association Anciela

L’Art de la slow cosmétique

Et comme à ArlyoMag nous sommes d’excellents cobayes, on s’est prêté au jeu des ateliers DIY. En effet, l’entreprise première de Générations Cobayes, c’est de sensibiliser le public à reconnaître les perturbateurs endocriniens qui se glissent aussi bien dans nos cosmétiques que dans notre alimentation. On voit ainsi de plus en plus fleurir sur internet depuis quelques années des sites et vidéos prônant le retour à la slow cosmétique. Son créateur, Julien Kaibeck, tente en effet de démontrer à travers son label, comment il est possible de réaliser plus ou moins facilement des produits achetés au quotidien, avec très peu d’ingrédients et dans un meilleur respect de la biodiversité.

Quelques petits conseils et infos retenues au cours de l’atelier, qui s’inscrivait dans cette même démarche :

– Se méfier du Greenwashing
– Prendre le temps de vérifier la certification des labels bio
– Tester les types d’huiles essentielles (adapter les recettes à son type de peau et à ses besoins ; exemple concret : certaines huiles sont photosensibles et risquent donc de vous transformer à court terme en dalmatien en cas d’exposition prolongée au soleil), privilégier les huiles portant le label HEBBD (Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie) qui garantissent la qualité de la matière première et des méthodes d’extraction
– Dépasser cette idée reçue selon laquelle acheter bio entraîne fondamentalement la nécessité de vendre son chat, sa mère ou ses reins  : certaines marques s’engagent dans cette démarche d’un bio le plus accessible possible (Revelessence par exemple), et la popularisation des labels bio fait que certains produits coûtent aujourd’hui le même prix, voire moins chers que des produits de grande distribution. 

Baume magique !

L’intérêt récent de la recherche pour l’endométriose a remis au centre des débats la question d’une banalisation de la douleur des femmes dans leur sexualité en général et pendant leurs règles. Personnellement je ne souffre pas d’endométriose,  mais,  si comme moi, une fois par mois, vous activez le starter pack doliprane 1000, bouillotte, tuto ligature des trompes sur Youtube (j’ai tenté l’aventure pour vous, ne tapez pas ça dans votre barre de recherche) ; et bien sachez qu’un autre mode de vie est possible. Alors moi aussi j’étais d’abord sceptique, parce qu’on va pas se mentir, à chaque fois qu’un gladiateur estropié se tartine d’onguent dans les péplums, et bien il meurt généralement dans la seconde qui suit d’une fièvre galeuse provoquée par le combo plaie béante + tartinade de plantes diverses type mélange apéro La Vie Claire.

Vous l’aurez compris c’est l’heure du paragraphe « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ». Je me suis donc sagement attablée parmi mes congénères, qui avaient pour corollaire de sûrement toutes avoir déjà pensé à tenter de s’arracher les ovaires avec les dents au moins une fois dans leur vie.  Nous a alors été révélé la simplissime recette que vous trouverez ci-dessous :

  • Stérilisez (lavez avec de l’eau oxygénée, alcool) vos pots et ustensiles et n’oubliez pas de dater votre joyeuse mixture (3 mois de conservation)

– 45 gouttes HE de bergamote (apaise)
– 30 gouttes HE estragon ou basilic (empêche les crampes)
– 30 gouttes HE sauge (régule le cycle hormonal)
– 30 ml soit 2 cuillères à soupe d’huile d’amande douce ou de jojoba

Je suis ensuite rentrée chez moi avec le produit miracle. Dire que j’ai attendu mes règles le mois suivant avec hâte, joie et emportement, serait excessif, cependant il faut bien avouer que j’étais plus ou moins curieuse de tester l’objet de ma préparation alchimique. J’ai donc appliqué très docilement les conseils des bénévoles de l’atelier (massez votre bas ventre avec une petite quantité d’huile jusqu’à ce qu’elle pénètre) pour réaliser avec stupeur et tremblement que la dite mixture se révélait tout à fait efficace, sur moi en tout cas. Alors oui vous allez exhaler une douce odeur d’estragon sur votre passage, mais perso entre hurler à la mort pendant une semaine et sentir le bouquet garnis, j’ai choisi !