Derrière Novar se cache un graphiste parisien doué et expérimenté. Dans un esprit de liberté, il a décidé d’investir la rue occasionnellement, armé de matériaux modestes et biodégradables, du papier kraft léger, de la peinture acrylique et de la colle à l’eau. Sa démarche est ludique et légère, tout comme ses oeuvres éphémères. Dans le cadre d’une série de portraits, Arlyo est parti à la rencontre d’un street-artiste à ses heures perdues.
Egayer et dynamiser la rue
Novar ne se prend pas au sérieux. Son idée est de fabriquer des images riches en couleurs qui viendront égayer la grisaille urbaine : comme une fleur, qui pousserait entre les pavés mais qui ne durerait pas. Le but est de trouver des lieux, des recoins, des espaces dans lesquels viendront s’inscrire ces images éphémères, vouées à faner, à être recouvertes, ou simplement déchirées.
« C’est en quelque sorte l’emplacement dans lequel viendront trouver refuge mes personnages qui « fera sens ». Une vierge qui fait apparition un beau jour dans une alcôve, un penseur androïde venu une nuit s’assoir sur un climatiseur. »
Un art non officiel
Si son style se veut non académique, les sujets, eux, font référence de près ou de loin à des figures ou à des motifs que l’on rencontre fréquemment dans l’histoire de l’art. L’idée est aussi de transgresser le sujet artistique et d’appliquer un traitement contemporain à des figures classiques.
Graphiste de profession, il répond quotidiennement à des commandes qui obéissent à des contraintes et des cahiers des charges précis. Avec ces oeuvres « sauvages » destinées à être exposées sans autorisation dans la rue, il n’y a ni délais, ni clients, ni budget à respecter.
« C’est un travail gratuit, qui n’a d’autre but que celui d’attirer le regard des passants, et si possible leur arracher une réflexion, une pensée, un sourire… Je revendique la pratique d’un art non officiel, iconoclaste et anonyme, réalisé en marge de la légalité. Et de mon point de vue, c’est ça qui en fait l’intérêt. »
Selon Novar, la rue offre des transitions intéressantes entre l’art officiel et des galeries, et un art non officiel, subversif et anonyme, à la portée de tous. Sans revendiquer d’engagement au sens politique, il a tout de même la volonté d’interpeller les passants et de véhiculer des messages.
Paris : capitale du street-art
Novar nous rappelle que le street-art est certes une expression récente, mais qui définit une forme d’expression culturelle ultra ancienne qui existait déjà à l’âge de pierre ! Ceci dit, elle tend à se banaliser et à se mondialiser. Elle est partout autour de nous : des graffitis des halls d’immeubles aux fresques géantes commandées aux stars internationales du street-art, en passant par le détournement de signes, de panneaux ou de publicités, toutes les pratiques sont présentes, et c’est tant mieux. Elles reflètent le dynamisme et la vitalité de la Rue.
Et comme dans toutes les grandes métropoles, le street-art, dans certains quartiers de Paris, est omniprésent. Il y a une réelle émulation et de nombreux lieux (usines désaffectées, entrepôts vides, squats, terrains laissés en friche) sont totalement investis par des artistes.
Paris, capitale culturelle, symbole de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’homme, occupe une place de choix au niveau international en matière de street-art. À noter que les villes avoisinantes (région parisienne) sont aussi très actives dans le domaine.
Oeuvre éphémère : artiste éphémère ?
La rue est une source d’inspiration inépuisable et les idées fourmillent dans la tête de Novar. Récemment, en marchant près de son atelier, il a repéré un mur sur lequel la peinture était écaillée ; et en pleine agitation de la COP21 les idées se sont bousculées.
« La zone où le mur était dénudé me faisait penser à un crâne. J’ai eu envie d’exploiter cette forme, de l’utiliser pour en faire un dessin. C’est devenu le prétexte pour parler du réchauffement climatique et de la dégradation de la planète. En souhaitant que pour une fois, le message ne soit pas éphémère… »
Même si cette activité nocturne lui plaît, Novar reste un artiste éphémère qui ne se projette pas dans l’avenir mais préfère se laisser guider, par les hasards de la rue.