Le chapiteau du parc de Parilly accueille Bartabas et son théâtre équestre Zingaro pour leur dernière création Ex Anima. Dans le cadre des Nuits de Fourvière, les représentations se suivront chaque soir du 14 juin au 24 juillet.
Bartabas, le célèbre metteur en scène et scénographe équestre, dévoile avec le théâtre Zingaro leur ultime production. Intitulée Ex Anima, cette œuvre constitue l’aboutissement d’un travail de longue haleine. « C’est une proposition ultime dans la mesure où j’aimerais préciser qu’il a fallu 35 ans pour avoir le culot de faire ça, puisque c’est un spectacle où les acteurs principaux sont vraiment les chevaux », affirme Bartabas lui-même.
Les chevaux au cœur de l’interprétation théâtrale
La principale spécificité du spectacle, qui le rend si unique, est que les chevaux ne sont pas montés. Ils improvisent alors tels des corps nus opérant leurs exécutions par instinct. « L’élément important de ce spectacle s’était de leur apprendre à jouer ce qu’ils faisaient par jeu. Puisqu’il faut qu’ils reproduisent tous les soirs des comportements qui sont assez naturels. » La singularité de chaque représentation dépend en grande partie de l’interprétation des chevaux. Quant aux cavaliers, Bartabas, Mathias Lyon, Étienne Regnier, Alice Seghier, David Weiser et Messaoud Zeggane, ceux-ci demeurent essentiellement dans l’ombre. Ils se contentent d’amener et de sortir les équidés de la piste. Leurs costumes noirs, réalisés par Yannick Laisné, apportent un contraste entre l’obscurité des cavaliers et la luminosité des chevaux éclairés.
En outre, l’œuvre transmet un réel message au spectateur. Celui-ci se surprendra à voir l’animal comme le miroir de l’humanité. « C’est un spectacle qui est assez déroutant et très surprenant. Il a une force qui met le spectateur dans la position de regarder un animal comme s’il regardait un humain, un acteur ou un danseur. » Le cheval tel un messager questionne, à travers les différents tableaux, l’homme sur sa propre nature. Tout l’intérêt philosophique réside dans le fait que « le spectateur regarde un animal qui lui parle d’humanité ». Néanmoins ce message implicite reste assez inaccessible au public. Enfin, ce dialogue entre l’homme et les chevaux progresse dans un environnement cérémonial. Le spectacle prend la forme d’un rituel. La musique aux allures chamaniques des compositeurs-interprètes François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas et Wang Li envoûte toute l’atmosphère.
Une compagnie transpirante de philanthropie
Composé d’un ensemble mi-hommes, mi-chevaux, Zingaro est avant tout un espace de vie commune à tous les membres du théâtre. Le travail de la troupe est celui de la construction d’une vie, et non d’un simple projet. L’intensité collective dans les représentations reflète le puissant engagement dédié aux chevaux et au public. « Vis-à-vis des chevaux, ce n’est pas un amour béat, c’est un véritable respect. La seule différence que les chevaux ont avec les humains, c’est qu’ils n’ont pas choisi d’être là. Donc on leur doit d’autant plus d’attention, d’amour et de respect », continue de confesser le metteur en scène.
Un lien tout particulier entre la troupe et Lyon
Depuis 35 ans, le théâtre tient à cultiver sa fidélité. Ainsi, « Lyon fait partie des rares villes en France, avec Paris et peut-être La Rochelle, qui ont vu tous les spectacles de Zingaro ». Depuis les premières représentations jusqu’à aujourd’hui, la compagnie a pu jouer dans tous les parcs lyonnais. Maintenant, et depuis quelques années, l’ensemble de l’équipe s’est installé tel un village au parc de Parilly. Ce lieu privilégié est isolé au sein de la nature, voici qui se révèle plutôt agréable pour les chevaux, et aussi aménagé pour rendre les chapiteaux plus accessibles au public.
La complicité avec un public fidèle
Le théâtre crée un vrai rapport de complicité avec le public. Celle-ci tient sur plusieurs générations ou presque. « Il y a des gens qui me disent, “tiens, mes parents m’ont amené jeune voir Zingaro, maintenant j’emmène mes enfants”. » Il est important selon Bartabas d’entretenir une relation d’accompagnement avec le public. Les spectateurs ne sont alors pas juste là pour juger une production par rapport à une autre, mais plutôt pour se retrouver et étudier l’évolution.
« Le regard change puisque le public vieillit, et nous aussi. Donc nos regards sur la vie changent, et se croisent à nouveau » à chaque nouvelle représentation. « C’est comme si vous rencontrez des amis régulièrement. » Cependant, ce spectacle est très différent des précédents. Ainsi il faut espérer, pour le prestige de la compagnie, que les spectateurs soient toujours émerveillés.
Pour retrouver toutes les informations concernant les spectacles proposés à Lyon par les Nuits de Fourvière, rendez-vous sur le site du festival.