Le Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon a invité les étudiants du Conservatoire de Musique et Danse de Lyon (CNSMD) à investir les salles du musée et notamment celles de l’exposition WALL DRAWINGS, icônes urbaines. Ces improvisations dansées et musicales se sont déroulées les après-midi du 15 et 16 décembre 2016.
Ce n’est pas la première fois que le Musée d’Art Contemporain ouvre la porte de ses salles aux jeunes du conservatoire. On avait déjà pu apprécier ce dispositif en avril dernier lors de l’exposition Lumière de l’Aube de Yoko Ono. Les étudiants de la classe contemporaine de Juliette Beauviche, accompagnés par des musiciens du collectif d’improvisation de Jean-Marc Foltz et Henri-Charles Caget, nous ont ainsi embarqués dans leur dialogue avec les œuvres du musée.
Un regard nouveau sur l’exposition
L’exposition dans laquelle j’ai pu assister aux représentations des étudiants du conservatoire est WALL DRAWINGS, icônes urbaines, exposition visible depuis le 30 septembre. Au premier étage du musée, on nous propose un voyage à travers les travaux que dix street artists venus du monde entier ont effectué au MAC. Si on avait déjà apprécié l’exposition seule, la performance des danseurs et des musiciens nous a permis de poser un regard nouveau sur les travaux de ces icônes urbaines.
Des déambulations qui guident notre regard sur les œuvres
Les œuvres des dix artistes occupent les murs du musée et s’apparentent à de grandes fresques. Les danseurs se meuvent autour de ces murs colorés pour établir un dialogue avec ces derniers. Grâce au parcours qu’ils effectuent face aux œuvres, les étudiants du conservatoire improvisent autour de la perception qu’ils ont du street art exposé. Ainsi, leurs déambulations guident notre regard. Elles permettent aux spectateurs d’entrer en relation avec les travaux des artistes par le biais de la vision des danseurs. De ce fait, en faisant dialoguer la danse et les arts plastiques, le musée permet d’appréhender les œuvres d’une manière nouvelle puisque cet échange se fait à travers la sensibilité de quelqu’un d’autre.
Une manière nouvelle d’appréhender l’espace muséal
Assister à une représentation de danse induit d’être témoin de déplacements dans l’espace. Le visiteur est invité à re-considérer sa manière d’appréhender ses propres mouvements dans le musée. L’expérience nous encourage à comprendre le musée comme un espace dans lequel le spectateur doit être mobile face aux œuvres. Loin de moi l’idée de vous inciter à danser à votre prochaine visite au musée bien entendu ! Cependant, inviter la danse au musée peut être compris comme une volonté de la part du MAC d’établir un parallèle entre la mobilité des danseurs et la dynamique qui peut s’opérer entre l’œuvre et le regardeur. En somme, on invite le visiteur à construire un dialogue avec les œuvres, comme le font les danseurs et les musiciens.
Une interrogation sur les lieux de la performance artistique
Les deux commissaires, Julien Malland et Hervé Perdriolle, de WALL DRAWINGS, en concevant l’exposition, se sont questionnés sur la légitimité de proposer du street art sur des murs intérieurs. En effet, cette forme d’art est généralement conçue dans des lieux communs pour que chacun puisse en profiter. En élaborant l’exposition à la fois dans le musée et dans des lieux publics de Lyon, les deux commissaires ont interrogé les lieux de production que les street artists peuvent s’approprier. Le Musée d’Art Contemporain, en invitant la danse et la musique dans les salles du musée, nous interpelle sur les lieux de performance que ces deux disciplines peuvent investir.
La rencontre de plusieurs disciplines permet au visiteur de repenser l’expérience du musée
En invitant la danse et la musique dans ses salles, le Musée d’Art Contemporain invite les spectateurs à repenser leur manière de se comporter au musée. Cette visite guidée par les étudiants du CNSMD nous a ouvert de nouvelles perspectives pour appréhender une exposition que l’on avait déjà appréciée dans sa forme classique. Une réussite donc.