Urban Jungle : interview du réalisateur Nicolas Duval

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Peu de temps après le visionnage de la « digital series » Urban Jungle, j’ai pu poser quelques questions à Nicolas Duval, son réalisateur, sur les coulisses et les soucis qu’il a pu rencontrer.

Comment as-tu connu le projet, et qu’est-ce qui t’a motivé à le faire ?

J’avais entendu parler des digital series courant mai 2015. Beaucoup d’amis producteurs venaient vers moi pour me demander si j’avais des projets en cours sur ce type de support.

En parallèle, un ami, Damien MARIC, avec qui j’avais travaillé sur les VFX de PETER m’a contacté car ils avaient un projet de digital serie sur l’attaque d’animaux d’une ville et qui avait été validé par STUDIO +.

Il voulait qu’on retravaille ensemble et comme il savait que je connaissais bien tout ce qui était réalisation avec beaucoup de VFX, il m’a appelé.

Il m’a contacté en août et j’ai lu la version du scénario que je trouvais super ambitieuse.

Au début j’étais un peu sceptique, car je travaille sur un long métrage avec plus de budget et moins d’action, et je me demandais si c’était possible avec de si petites économies. Mais je me suis dit que ça pouvait être une super expérience et j’ai finalement dit « ok ». En plus tournage à l’étranger avec des acteurs français, anglais, tchèques ; et une équipe tchèque qui avait travaillé sur des longs métrages prestigieux.

Pareil, m’essayer à de la réalisation avec plein d’animaux… C’est assez jouissif !

Du coup, en septembre je faisais les premières réunions de prod’ et mi-octobre j’étais à Prague pour un mois de préparation avec toute l’équipe.

Est-ce que c’est une décision des deux auteurs de faire une sorte de réponse à la série Zoo ?

L’auteur est Damien MARIC, et Samy BAAROUN et Josselyn BOSSENNEC sont les scénaristes.

Damien avait cette idée depuis très longtemps et du coup Zoo est sorti juste un peu avant.

Pour ma part, je n’ai pas été intégré par l’écriture, ça m’a juste donné quelques idées par-ci par-là, surtout questionné en terme de faisabilité.

Le scénario a été écrit en 1 mois et demi. Quand je suis arrivé dans l’aventure, ils avaient tout écrit et validé.

On a surtout fait des réunions pour voir la faisabilité des scènes car je devais partir très peu de temps après pour la préparation.

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Ce qui frappe quand on voit la digital series, c’est toutes les références conscientes ou non à ce genre de cinéma, et qui parfois tournent autour du film d’attaque/révolte animalière ainsi que du cinéma d’horreur, au détour de certains plans. Est-ce que c’était déjà voulu dans la note d’intention ou est-ce que tu as suggéré certaines références ?

En fait oui. L’écriture était déjà marquée par des scènes très référencées (de par Damien qui est un grand adorateur de cinéma de genre), et cela m’a aussi amusé de jouer là-dessus tout en apportant une touche personnelle. C’est avec un projet comme ça que je me suis dit « autant essayer de montrer mon amour pour tous ces films que j’aime et qui m’ont bercé ».

De plus, avec Damien nous nous sommes dit que ce serait rigolo de faire des clins d’œil à tous ces films.

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On dit souvent que les trois choses les plus dures à faire au cinéma sont : diriger des enfants, diriger des animaux et gérer des effets spéciaux, est-ce que tu es d’accord ? Et malgré ton expérience, qu’est-ce qui a été le plus difficile à gérer ?

Je suis d’accord, les animaux, c’est hyper dur. Ils font ce qu’ils veulent et dans une config’ comme celle-ci où on a 15 jours de tournage pour rentrer 10x10mn, c’est stressant car on ne peut pas imposer à un animal de faire tout ce qu’on souhaite.

Mais grâce a la prépa’ en amont et à l’équipe de dresseurs (la meilleure équipe d’origine tchèque), tout a super bien roulé.

Le pire, ce sont les chats, même le grizzli a été plus facile à gérer !

Pour ce qui est des enfants, nous n’en avions pas ; donc une contrainte en moins !

Et pour les VFX, disons que j’ai toujours fait cela. Je viens de l’animation 3D, puis j’en ai fait pas mal pour des clips et des pubs… Mes courts métrages et autres réalisations en ont toujours eu ; je me sens plutôt à l’aise avec tout cela.

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Justement, pour les effets visuels, est-ce que tu t’es restreint ou canalisé ? Est-ce que tu t’es-tu dit à des moments que tu n’aurais pas le temps ou l’argent pour obtenir ce que tu voulais ?

J’ai dû intégrer le staff de VFX car sinon on en avait trop.

Du coup, j’ai réalisé près de 100 plans moi-même sur un total de 550 et j’ai travaillé avec les jeunes infographistes car notre budget était limité.

Je ne pouvais pas me permettre de ne vérifier qu’une fois par semaine.

Nous n’avions pas de temps à perdre et les décisions devaient être prises en temps réel pour ne pas les épuiser et, surtout, nous n’avions que 1 mois et demi pour rentrer 550 plans. Donc j’allais tous les jours à la société Wip Studio — on m’avait donné les clés ; j’ouvrais et je fermais la boutique. J’étais à l’écoute de tous les infographistes et je les dirigeais justement pour ne pas perdre de temps et avoir directement ce que je voulais avec nos maigres moyens. Nous ne pouvions pas nous permettre de tester des choses : il fallait que ça marche du premier coup.

Mais, du coup, j’ai eu moins de temps pour la gestion de la musique et autres effets sonores. J’ai dû faire un choix : on nous avait donné des délais de livraison très courts.

Et nous avons réussi à tout rentrer avec autant de résultats que possible, en dépit du temps et du budget.

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J’ai noté que la première partie arrivait bien à gérer les séquences animalières mais que, passé l’épisode 5 et sa scène de la moto, tu avais eu du mal à gérer tout ce qui est money shots… et cela dure quelques épisodes. Je voulais savoir d’où est-ce que cela provenait, cette retombée de souffle ?

En fait, à un moment donné de la narration, nous avons dû revoir nos ambitions un peu à la baisse pour expliquer des choses. Car voilà : les premiers épisodes montrent certes des attaques, mais après celles-ci les deux héros ont une quête individuelle chacun et doivent se séparer. Du coup, effectivement, c’est un peu moins tendu que les premiers épisodes.

Il s’agit aussi aussi bien sûr d’économies, car, comme dit plus haut, nous n’avions que peu de jours à disposition et il fallait prioriser les scènes les plus fortes ; en conséquence, les autres ont été faites avec moins de budget. Au final, je trouve tout de même que l’équilibre se tient bien.

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Je voulais aussi savoir si le fait d’avoir une ambiance aussi pesante était voulue dès le départ, et si les producteurs étaient ok sur ça ? Si je te pose la question, c’est qu’on observe quand même une tendance générale, dans ce genre de séries (et de films), à vouloir « alléger » l’ambiance par des vannes.

Oui, tout à fait. Nous nous sommes dit : « Il faut directement entrer le spectateur dans cette ambiance pesante », et Studio + et la production ont suivi car c’était le but de la série.

Une sorte de fin du monde animalière ; et même si de mon côté j’ai donné un côté fun, on a tout de même gardé ce côté pesant pour qu’on ait peur pour les héros et qu’on se dise : « Et si cela arrivait ? Et si tous les animaux s’en prenaient subitement à l’Homme ? ».

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Tu me parlais enfin des différents projets que tu as en ce moment. La saison 2 d’Urban Jungle en fait-elle partie ou tu passes la main ?

Il n’y a pas de saison 2 pour l’instant, ça dépendra du succès rencontré. Mais je développe d’autres digital series en parallèle, car c’est un type de projet que j’adore. Déjà pour l’exercice, et parce que cela ne prend pas autant de temps qu’un long métrage.

Je suis donc en ce moment sur 3 digital series, et mon 1er long métrage avec les boîtes de prod’ La Petite Reine et Les Partenaires.

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Philippe Orlandini

Chroniqueur cinéma, séries et actu geek en général. On me dit le sosie de quentin tarantino et de voldemort.