Ce mois-ci, Arlyo a décidé de vous soumettre son film coup de cœur : Café Society, le nouveau film de Woody Allen avec Kristen Stewart, Jesse Eisenberg ou encore Blake Lively. Retour sur ce film qui a fait l’ouverture de la 69e édition du festival de Cannes.
« La vie est une comédie écrite par un auteur sadique », Café Society.
Woody Allen est réputé pour sa névrose intemporelle, sa peur irrationnelle de la mort ou encore son ironie bien servie. Celui qui a refusé d’assister à la cérémonie des Oscars pour cause d’une répétition avec son groupe de jazz signe ici un film à la hauteur du personnage.
Comme Midnight In Paris qui fit l’ouverture du festival de Cannes en 2011, Woody Allen joue sur la nostalgie des années 30, où il faisait bon vivre. La musique jazz, elle, était à son apogée. Hollywood présentait désormais des films parlant et le soleil rayonnait sur Los Angeles, autrement dit la belle époque. Jouant entre le cruel et le brillant, Café Society conte l’histoire d’un jeune juif new yorkais un peu gauche venant à Los Angeles pour y trouver un emploi auprès de son oncle qui lui-même travaille pour le cinéma. Tombant alors amoureux de la belle Vonnie (Kristen Stewart), il décide de la conquérir mais, malheureusement pour lui, elle en aime un autre. Réinventant le concept du triangle amoureux, Woody Allen se plonge aussi dans le Californian Dream où passions et déceptions se font sentir.
« Si je tourne avec Scarlett Johansson ou Emma Stone et que je ne peux pas être celui qui les séduit, je ne veux pas être dans le film », Woody Allen.
C’est ainsi qu’on ne peut qu’identifier le jeune Bobby (interprété par Jesse Eisenberg) à Woody Allen lorsque lui-même tournait dans ses propres films quand il était plus jeune. Jeune juif éperdument amoureux d’une jeune femme et préférant New York aux autres villes, frêle, peu sûr de lui, indulgent et naïf à souhait, cela dresse incontestablement le profil de son personnage dans Annie Hall, sorti en 1977. De plus, on connait l’amour fou qu’il porte pour le jazz et les années folles, ici les décors et les costumes sont de toute beauté ainsi que les prises de vues si bien réfléchies, qui contrastent d’ailleurs avec la superficialité d’Hollywood qu’il essaye de mettre en avant. Comme quoi les grandes maisons à Beverly Hills et les bijoux ne fournissent pas le bonheur escompté.
« Sartre disait qu’une vie sans introspection ne vaut pas d’être vécue… mais quand on l’a fait… c’est pas de la tarte… », Café Society.
Dans les films de Mr. Allen, il y a toujours un personnage orienté plus sur la philosophie ou sur la psychanalyse, symbole d’une longue vie parsemée de séances chez le psy, pour se résoudre finalement à affronter la fin commune à tout le monde qu’est la mort. Tel que George le psychanalyste dans Magic in the Moonlight, ici nous retrouvons le beau-frère de Bobby qui fait part de ses analyses philosophiques tout le long.
À la fois sensuel, lumineux, irrésistible et dramatique, ce film qui explore la société des années 30 et qui observe des destinées sentimentales nous montre bien que malgré ses 80 ans, Woody Allen n’est pas près de s’arrêter là. Grâce à lui, nous retournons dans la belle époque, ce qui fait du bien, étant donné notre génération mélancolique de cette période pleine de promesses, où tout est à créer et à réaliser. Enfin, ce qu’on peut retenir aussi de ce film, c’est qu’il n’y a jamais d’heure pour écouter du jazz, même après 2h du matin.