Chan Marshall, alias Cat Power, connue et reconnue dans le milieu du folk et du blues, notamment avec son mythique album The Greatest, sortait son dixième album – Wanderer – il y a maintenant un an, soit six années après Sun. Une production qui a fait du bruit dans le monde de la musique, puisqu’elle fut à l’origine du divorce entre la chanteuse et le label Matador après 24 ans de travail commun. C’est dans le cadre des Nuits de Fourvière que nous avons eu la chance de la retrouver pour nous interpréter cet album qui, selon ses confidences, n’est autre que le récit de sa vie.
Mesdames et messieurs : Cat Power
En ce vendredi soir, le théâtre antique romain, qui chaque année s’anime à la même période à l’occasion de l’illustre festival des Nuits de Fourvière, fourmille d’un public prêt à braver la chaleur écrasante de ce mois de juillet pour assister au concert de l’artiste qu’on ne présente plus et qui nous fait l’honneur d’être à Lyon.
Avant que le concert ne commence, nous nous frayons un chemin dans ces gradins empreints d’histoire en espérant trouver une place. Il nous faut repérer l’endroit qui offrira une vue imprenable pour pleinement en profiter.
Les lumières s’éteignent sous les cris et applaudissements de la foule. Les premières notes résonnent. Mesdames et messieurs, Cat Power prend place.
Cat Power enveloppe l’historique site de sa douceur folk et blues
Sous les reflets bleus et parme qui s’entrecroisent, la chanteuse, vêtue d’une robe mi-longue noire en velours (mais comment peut-elle supporter une telle tenue par cette chaleur ?!), pose immédiatement les bases et nous plonge tête la première dans cet univers qui lui est propre. L’assemblée attentive se délecte de cette voix si atypique, reconnaissable entre mille, et du talent des musiciens qui l’accompagnent. Le calme et la douceur viennent envelopper l’ancienne agora, et pas même les gouttes de pluie ne perturberont ce moment (vous vous doutez aisément qu’elles étaient les bienvenues, comme un cadeau tombé du ciel pour rafraîchir la foule).
La troupe entame progressivement des notes un peu plus « pêchues », que suivent des corps qui se surprennent à remuer en rythme. Le concert sera ponctué d’un instant d’émotion lorsqu’elle dédiera à toutes les femmes sa chanson Woman, pour laquelle elle avait fait appel à Lana Del Rey, égard salué par des mains qui s’entrechoquent et des sifflements approbateurs de l’assistance conquise.
Douceur et simplicité… mais un peu plus aurait été apprécié
La soirée touche à sa fin malgré un public qui souhaiterait voir se prolonger ce temps de douceur mélancolique.
Cat Power remerciera maintes fois ceux qui peuplent les gradins entourant la scène (« Thank you! Thank you! Merci! Merci France! »), avant de s’éclipser comme elle était arrivée : assez soudainement. Ce qui n’empêchera pas l’auditoire de lui faire une ovation ponctuée par des coussins qui voleront de toutes parts.
Nous repartons cependant mitigés. Car si l’artiste est une magnifique interprète qui sait transmettre émotions et douceur, nous sommes un brin déçus du défaut d’interactions ou même de storytelling. La scénographie aurait pu être légèrement plus poussée (ou juste pensée). Il faut bien avouer que son entrée en scène comme sa sortie manquaient d’introduction, de mise en contexte, et furent quelque peu… brutales.
Malgré tout, nous ne pouvons nier avoir passé une belle soirée, et devons admettre que certains artistes sont faits pour interpréter sobrement leurs créations et non pas pour faire le show… Cette soirée prouve que parfois la simplicité a du bon et est capable d’offrir, tout comme les spectacles bien travaillés, d’admirables moments.