Lyonnaise depuis une vingtaine d’années déjà, je me suis (enfin) décidée à mettre à profit mes talents de guide touristique. C’est dans cette optique que j’ai créé un itinéraire littéraire pour arpenter les rues de Lyon. L’objectif : découvrir (ou redécouvrir) ces grands auteurs à l’histoire ancrée dans le paysage urbain. Rendez-vous sur la presqu’île !
« Je fuis la ville, et temples, et tous lieux », Louise Labé
De Louise Labé à Maurice Scève en passant par Saint-Exupéry, je vous propose de découvrir dans les rues de Lyon les hommages qui leur sont rendus. La visite peut-être virtuelle ou physique. C’est vous qui voyez ! Retrouvez l’itinéraire en bas de page.*
Place Louis Pradel, en face de l’opéra
C’est au pied des pentes de la Croix Rousse, place Louis Pradel, que je débute mon périple. On ne sait pas grand chose de Louise Labé, poétesse de l’École lyonnaise. Certains en sont même venus à se demander si elle avait réellement existé. Ce dont on peut être sûrs, c’est qu’elle est omniprésente (bien qu’assez discrète) sur la place qui fait face à l’opéra de Lyon. Vous ne l’aviez peut-être jamais remarquée (et moi non plus d’ailleurs). Le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy lui a pourtant rendu un double hommage, sur une hauteur totale de sept mètres de haut (quand même).
Voyez-vous une statue imposante au corps désarticulé, morcelé ? Ses trois mètres cinquante de bronze représentent la Belle Cordière. Surnommée ainsi en raison de l’activité professionnelle de son père (marchand de cordes), elle paraît enveloppée de ses draperies. La gorge nue, elle symboliserait l’amour et la passion. Un écho assez équivoque au très célèbre « Je vis, je meurs ». Elle semble s’enrouler sur elle-même, éternellement animée. L’opération Le Murmure des statues dont nous avions déjà parlée dans Arlyo lui a même donné une voix. Écoutez son histoire.
Plus loin sur la place
Mais ce n’est pas tout, puisqu’on retrouve Louise Labé un peu plus loin sur la place. C’est sur la fontaine, également réalisée par Ipoustéguy, que figure cette phrase : « Permets mamour, penser quelques folies ». Le fantasme demeure fantasme, de l’ordre de l’innocente suggestion. La sculpture se compose d’un large disque de bronze, de trois mètres cinquante de diamètre, qui représente le soleil. Il repose sur un bassin de forme elliptique.
On peut poursuivre notre itinéraire jusqu’au 28 rue Paufique, du côté de la place de l’Hôpital. Une plaque domine la lourde porte de bois : « La poétesse Louise Labé La belle cordière vécut en ces lieux au XVIe siècle » (et pratiquait selon certains, l’équitation du côté des jardins de Bellecour).
À l’angle de la rue de la Platière et du quai de la Pêcherie
Ce ne sont pas moins de 300 écrivains et des extraits de leurs textes qui se trouvent sur ce célèbre mur. Le trompe l’œil représente une immense bibliothèque, toute en ombre et lumière. Sont représentés des extraits d’écrivains lyonnais, régionaux, ou tout simplement de ceux qui ont rendu hommage à la ville dans leurs œuvres. La vaste fresque s’étend sur 400m2 et a été réalisée par la Cité de la Création en 1998. Elle représente également l’occasion d’adresser un clin d’œil aux bouquinistes en contrebas. On pourra lire des extraits du romancier Frédéric Dard, l’auteur de San Antonio, de Louis Calaferte, à l’origine du sulfureux Septentrion, de Rabelais, Voltaire ou encore du poète Roger Kowalski.
À l’angle du 49 quai Saint Vincent et du 2 rue de la Martinière
Non loin de là, le Mur des lyonnais, lui aussi, constitue une fresque aussi grandiose qu’incontournable, plus connu encore que la bibliothèque de la Cité. Ce sont 31 célébrités qui se partagent 800m2 de mur peint. Les écrivains y sont bien représentés. Antoine de Saint-Éxupéry tient la main d’un Petit Prince perché sur sa planète. Louise Labé (encore) et Maurice Scève, un peu plus haut, partagent un balcon.
Place Bellecour, côté Saône
Enfin, du haut de sa colonne de marbre blanc, la statue de cuivre d’Antoine de Saint-Éxupéry, créée par Christiane Guillaubey, nous domine. La sculpture de l’artiste d’origine lyonnaise a été inaugurée le 29 juin 2000, à l’occasion de la célébration du centenaire de sa naissance. Saint-Éxupéry, une nouvelle fois au côté de son Petit Prince, y est représenté. La statue mesure plus de 5 mètres et pèserait 7 tonnes. Sur la base figurent 3 phrases extraites de son œuvre et sur le socle la dernière page du Petit Prince. En effet, Antoine de Saint-Éxupéry est né le 29 juin 1900 au 8 rue Saint-Éxupéry (ancienne rue Alphonse Fochier & rue du Peyret) et a habité au 1 place Bellecour. Là encore, la statue s’est vue octroyée un souffle. Écoutez son murmure.
Nous voici finalement arrivés au terme de ce périple lyonnais. J’espère qu’il aura su vous séduire. Et vous ? D’autres itinéraires à nous proposer ?
*L’itinéraire dans son intégralité :