Borderline(s) Investigation #1, les frontières qui rapprochent et les ponts qui séparent

Avec Borderline(s) Investigation #1, la compagnie Vertical Détour nous offre un spectacle con(férencé), rythmé, risqué et engagé. Quel cerveau saura survivre à ce qui nous apparaît tout d’abord comme un Kamoulox de 1 h 30 ?

La pièce

Le lien entre… le changement climatique, les Schtroumpfs, l’anthropisation du monde, les Vikings, la disparition des espaces de vie, des vélos d’enfants, l’effondrement de la biodiversité, une oreille coupée, la plastification des océans, une dinde la veille de Noël, la monoculture intensive, les Bretons, les pesticides, fongicides, herbicides ?

Frédéric Ferrer, auteur, metteur en scène, interprète et géographe, interroge au travers de ses spectacles les notions de dérèglement du monde et de folie. Borderline(s) Investigation #1 s’inscrit dans la continuité de ses précédents travaux : Kyoto Forever (2008), Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le réchauffement climatique (2011). Préoccupé par des problématiques écologiques, Frédéric Ferrer nous propose un théâtre documenté sans être documenteur.

La pièce s’ouvre sur la présentation d’un rapport très attendu ; un groupe de chercheurs dévoilent au public les premiers résultats de ses travaux. Entre références populaires et thèses économiques, les conférenciers ont un message : la croissance destructrice aura pour conséquence la chute de l’humanité.

A priori pas très funky comme conférence, mais c’était compter sans la fine équipe de chercheurs qui s’enfoncera dans des démonstrations, inductions et conclusions de plus en plus ubuesques.

 

Un piège abscons

Def. : Le piège abscons est une situation irrationnelle dans laquelle on continue d’investir à perte, pensant que chaque nouvelle perte permettra de rattraper les précédentes.

Les quatre conférenciers avec leur message quasi apocalyptique endossent tour à tour différentes paroles, sans jamais sortir de leur personnage ; les chercheurs se laissent emporter par le sujet, déploient tous les moyens du théâtre et jouent à la conférence.

Big up aux comédiens qui pendant 1 h 30 n’ont pas de texte écrit : « Tout est calé avec des projections d’images précises mais le texte n’est pas figé. Je préfère les profs sans notes », confie le metteur en scène. (cf. interview de Frédéric Ferrer avec Nadja Pobel)

Entre crise de la complexité, caricatures et piège abscons, difficile de discerner le vrai du faux dans cette conférence loufoque à l’humour volontairement absurde.

Borderline(s) Investigation #1, ou l’art de faire passer la vérité pour un mensonge

Mais où veulent-ils en venir ? Eh bien, c’est très simple : si je vous apprenais que tout était VRAI ?

Le théâtre est un miroir de la société : la pièce est absurde ? Non, c’est notre monde qui l’est ! Absolument tout dans ce Kamoulox de niveau 16 est réel, avéré, et provient de sources sérieuses.

Un impressionnant jeu sur le vrai et le faux, le théâtre dans le théâtre. Un spectacle qui vous fera rigoler, puis réfléchir, puis faire des recherches sur Google, puis arrêter de rigoler.

Borderline(s) Investigation #1, Cie Vertical Détour, mise en scène Frédéric Ferrer. Au TNG, du 6 au 9 novembre, dans le cadre du festival Nos Futurs.

Vous voilà tentés par l’esprit Boderline(s) Investigation #1 ?
Il est encore temps d’entrer dans l’univers de Frédéric Ferrer avec quatre conférences au théâtre des Ateliers :

Mercredi 21 novembre : À la recherche des canards perdus
Mardi 18 décembre : Les Vikings et les satellites
Mercredi 23 janvier : Les Déterritorialisations du vecteur
Mercredi 30 janvier : De la morue