Amsterdam l’Amour à l’Espace 44 : des femmes, des choix.

A quelques jours des toutes premières dates de son nouveau spectacle, nous avons rencontré Fany Burgard, accompagnée de ses comédiennes et danseuses Tiffany Léonard et Morgane Roussel. Avec elles, nous avons abordé Amsterdam et l’amour, bien sûr, mais aussi les femmes et la création. Création à découvrir à l’Espace 44 du 17 au 22 décembre prochain.

Fany Burgard, autrice et metteuse en scène

ARLYO – De quoi ça parle, Amsterdam l’Amour ? 

Le spectacle raconte l’histoire de Roxanne, 14 ans, qui se retrouve dans ce qui pourrait être le quartier rouge d’Amsterdam.  Elle va s’émanciper en regardant vivre les femmes autour d’elle, et à leur contact, partir à sa propre rencontre. Elle va découvrir que la vérité est parfois loin des apparences, et que c’est difficile de se réaliser sous le regard des autres. Ça parle beaucoup plus de choix que d’autre chose.

Comment est née l’idée de ce spectacle ?

Ça fait 5 ou 6 ans que je porte ce projet en moi. J’avais envie de partir à la rencontre de femmes qui exercent un métier tabou. J’ai choisi de parler des femmes du quartier rouge d’Amsterdam car la prostitution est là-bas considérée comme un vrai métier. Je suis allée recueillir des témoignages de femmes là-bas, pour essayer de comprendre s’il y a un fond commun dans leurs histoires, des passés difficiles derrière le choix de faire ce métier. J’avais une vraie curiosité sur ce choix de vie, sans vouloir donner un point de vue arrêté. Le spectacle tente d’ailleurs de répondre à cette interrogation : peut-on exercer un tel métier par choix ?

Tiffany Léonard, Fany Burgard et Morgane Roussel

Et pourquoi ce sujet ? 

En fait, je n’écris pas sur la prostitution à proprement parler. J’écris sur les choix de vie, les choses qui nous mettent sur un chemin ou sur un autre. La prostitution, au fond, c’est un prétexte pour envisager mon sujet. Et la mettre en scène était un vrai défi car c’est un sujet tabou. Je voulais prouver qu’on pouvait en parler sans la mettre en scène frontalement.

Comment se sont passées l’écriture et la création ?

L’écriture a pris près de 2 ans et demi en tout. Nous sommes partis d’improvisations autour du corps, pour découvrir l’équipe en scène, avec les idées et schémas que j’avais. Comme base de travail, les comédiennes-danseuses ont eu un point de départ à leur personnage : un péché capital et une vertu capitale. C’était le socle de leur personnage, à partir duquel elles ont fait des recherches, improvisé… Ensuite sont venues les lectures, et assez rapidement, le travail au plateau. Les chorégraphies, elles, ont été travaillées en parallèle, et le spectacle n’a formé un tout qu’à la toute fin.

D’ailleurs, d’où part l’idée de mêler théâtre, danse, musique originale ? 

C’est un choix qui vient de mon parcours. Je suis danseuse et chorégraphe, et j’aime beaucoup le mélange. Cela permet aussi des moments sans parole, qui amènent une respiration, une lecture différente, plus libre. La musique en est le complément. Elle a été créée par Diego Munoz, qui est parti de sons, de musiques, d’envies que j’avais en tête, et qui a réussi à synthétiser, unifier le tout pour inventer notre univers sonore.

Les comédiennes sont 7 au plateau, ce qui est déjà un défi en soi. Mais elles ont aussi des profils très différents. Pourquoi ce choix ?

J’ai voulu mettre en scène des personnes qui m’avaient touchée, en audition ou dans la vie. Bien sûr, j’ai été attentive aux capacités en danse et en théâtre, mais j’ai surtout marché au coup de cœur. J’ai fait danser et jouer les comédiennes comme les danseuses, et cela crée une belle cohésion, une bienveillance dans les improvisations et généralement dans le travail. Nous avons aussi deux jeunes femmes de 14 ans, dans le rôle de l’adolescente, qui collent parfaitement au personnage.   C’était une vraie décision de prendre des vraies « enfants ». Bien sûr, il y a des ajustements à faire dans le travail, du point de vue légal. Mais elles ont une forme de naïveté, elles sont beaucoup moins cérébrales que les adultes, c’est très intéressant. Et quelque part, cela force aussi l’équipe à se discipliner, à « montrer l’exemple ».

Quelle vie va vivre le spectacle ? 

Après la programmation à l’Espace 44, une nouvelle date est prévue au Gaïa Coffee House (Lyon 4) le 29 janvier 2020. Et ensuite, j’aimerais entamer une tournée. C’est une grosse équipe, ce qui ne facilite pas les choses, mais on aimerait se déplacer au niveau régional, et pourquoi pas ensuite au niveau national. On nous a proposé de faire des représentations scolaires, mais il faut prendre des précautions. Notamment concernant le sujet que l’on aborde, il faut être sûr que les jeunes aient le bon message, quand on parle du corps de la femme et de la prostitution.

Pour terminer, et en lien avec cette question-là : est-ce que ce n’est pas un sujet très en vogue que vous abordez? 

Quand le travail d’écriture a commencé, ce n’était pas tellement le cas ! Bien sûr, notre propos est renforcé par l’actualité. Après, la question du choix que l’on se propose dans son existence est un sujet dans l’air du temps, mais aussi dans l’air de tous les temps !

Espace 44 – 44 rue Burdeau 69001 LYON 

Du 17 au 22 décembre. Le mardi, le vendredi et le samedi à 20h30. Le mercredi et jeudi à 19h30 et le dimanche à 16h. 

Réservations Billetréduc / 04 78 39 79 71 

www.6themes.com // Un spectacle de Fany Burgard, avec Lou Delanoue, Apolline Joly, Tiffany Léonard, Loreena Lopez-Haro, Lison Martin ou Rose Pruvot, Morgane Roussel et Rozenn Simonet.