Quand Alice entre au service du maire de Lyon, tout est flou. Elle ne sait ce qu’elle est supposée faire, lui n’a plus une seule idée. Il lui faut de l’aide. Entre le politicien et la jeune philosophe se crée alors un lien, un dialogue intellectuel.
Un film politique classique et net
Dès le départ, on sent dans le long-métrage de Nicolas Pariser une patte classique, posée. Rien n’est précipité, les temps sont pris pour nous raconter les personnages. Tant mieux, car même sans aller dans des intrigues complexes, il s’agit malgré tout d’un film politique, qui explore les rouages de l’administration, et il ne manquerait pas de nous perdre, sinon. Il évite aussi l’écueil du bavardage, ce qui n’est pas évident comme ça. Une maîtrise parfois un peu au détriment de la fougue, mais très appréciable cependant.
De l’amour d’un comédien avant celui du sujet
Le metteur en scène explique qu’avant toute chose, ce qui l’a motivé à faire ce film sur un maire désœuvré, c’est l’envie de travailler avec Fabrice Luchini. Il y a aussi, bien sûr, celle de réaliser un film politique, avec les thèmes qui le traversent. Mais Alice et le Maire ne part pas du désir de filmer Lyon et sa vie publique. En effet, n’en déplaise aux locaux qui espéreraient avoir inspiré le long-métrage, Lyon n’est pas vraiment un choix « de cœur ». Il s’agissait surtout de trouver une ville où Luchini soit crédible dans le rôle du maire, et qui ne soit pas Paris où le maire est loin d’être roi. Des choix « de raison », donc ? Cela peut étonner.
La part belle à l’humain et à l’esprit
Autre surprise, le ton général du film. Car même si certains passages savoureux mettent l’accent sur le vide intellectuel de la vie politique, le sujet, finalement, n’est pas tant la politique. Non, le sujet, c’est l’homme. Le sujet, c’est la façon dont l’esprit humain est broyé par les calculs d’influence, par le pouvoir, par la lumière. En se raccrochant aux philosophes et à la pensée, le maire tente de renouer avec ses idées, avec sa vie intérieure. Un thème plus intéressant encore que la vie politique, qui est parfois reléguée au second plan.
Les comédiens au rendez-vous
Nous n’avions aucun doute du potentiel de Luchini à porter un rôle de maire qui a perdu les pédales. Il est même plutôt en détente, et ne tombe pas dans la caricature. Anaïs Demoustier joue la délicatesse dans ce tourbillon procédurier et plein de faux-semblants. On ne peut pas dire que la tension monte vraiment, et la direction d’acteurs, terme que Pariser n’affectionne pas, se fait discrète, à tort ou à raison. Le film est moins tendu que prévu, moins à vif sur le fond, plus léché sur la forme. Certains en seront déçus, d’autres l’aimeront d’autant plus.