Nova, Jazz Radio, Nostalgie et consorts sont certes de bonnes radios, et on peut y écouter de la bonne musique. Mais voilà, dans leurs playlists, les artistes sont soit très connus, soit très loin, soit très morts. Du coup, quand il s’agit de pouvoir les voir en concert, les choses se compliquent. Heureusement pour vous, chers lecteurs, j’ai la solution et elle se nomme Les Enfants du Rhône.
Mise en ligne par Aymeric Eustache le 31 janvier 2013, cette webradio associative se veut d’abord être un moyen de diffusion des artistes de notre scène locale. Ainsi, plus de 200 groupes et artistes rhônalpins sont répertoriés sur le site de la radio, et on peut écouter leurs créations tout au long de la journée, par une programmation tantôt calme, tantôt pêchue le soir, et toujours soignée. Toutefois, les membres de l’association ne se contentent pas de se borner à envoyer une playlist en boucle toute la journée. Des émissions donnent aussi vie à cette radio, musicale bien sûr, mais qui tend à devenir pluriculturelle. L’une d’elles, Buzzique, animée par Arnaud Bonpublic, le loup blanc de la musique lyonnaise, est notamment intéressante du fait qu’elle enregistre des live au Jack Jack à Bron avant d’en interviewer les artistes. L’association propose également une dimension sociale puisqu’elle organise des chantiers d’accompagnement radio, qui permettent à des jeunes en centres d’hébergement, ou dans des MJC, de pouvoir apprendre à monter une émission radio, et au-delà, qui leur donnent la parole. Tout ceci et bien plus amène Aymeric à qualifier, à juste titre, la webradio de « média associatif alternatif ».
C’est d’ailleurs lui qui parle le mieux du projet, et puisqu’il a ouvert à Arlyo les portes de son studio radiophonique, nous nous sommes permis de lui poser trois questions pour mieux vous définir ce que représente Les Enfants du Rhône :
Puisque Les Enfants du Rhône est une association, quelles valeurs et revendications portez-vous ?
Le respect des artistes. Par exemple, on ne va pas couper des morceaux sur la radio parce qu’on considère que c’est une œuvre dans son intégralité. Une autre valeur, c’est… Il y a certains médias qui vont faire gaffe à ce que les gens ont envie d’écouter et à leur donner à manger ce qu’ils ont envie de manger. On va plutôt leur proposer des choses qu’ils ne connaissent pas, pour provoquer une curiosité chez eux, sur la culture locale. Parce que l’origine des Enfants du Rhône, c’était le constat que les gens pouvaient s’intéresser plus à la culture locale si les médias en parlent un peu plus. On ne va pas s’intéresser à ce qui se passe à la Halle Tony Garnier, mais plutôt aux petites salles de Lyon qui ne bénéficient pas forcément souvent d’une couverture médiatique, et on trouve qu’ils méritent, que ce soient les musiciens, les gens du théâtre… Dans la culture de manière globale, il y a énormément de choses qui se passent à Lyon, et si la culture est un panier, il ne faut pas s’occuper que du haut mais du panier de manière globale : chacun est à sa place, et œuvre à son niveau.
Ça recoupe un peu ma deuxième question : la musique est le vecteur premier de la webradio…
C’est en effet ce avec quoi on a commencé la webradio, du fait que je sois ingénieur du son et qu’Arnaud [Bonpublic] connaisse la scène locale, mais dès le départ, je comptais élargir la chose à la culture globale, mais ça prend du temps. Il faut rencontrer des gens. Là, il y a Clara qui est arrivée récemment dans l’équipe, qui vient du théâtre. Ça ouvre donc des possibilités pour couvrir de manière plus globale la culture de Lyon.
En quoi peut-on dire que Lyon mérite que l’on s’intéresse à sa musique ?
Déjà, pour faire ce constat, il faut la connaître ! D’après mon confrère Arnaud, il y a un bon millier de groupes professionnels ou semi-pro sur Lyon et la région. C’est une richesse culturelle énorme. Et on travaille là-dessus : on a les oreilles dedans, on est en connexion avec les autres asso qui travaillent comme matière première la scène locale, que ce soit la FEPPRA, 1d-rhonealpes ou des lieux comme le Ninkasi… C’est juste pas connu parce que les médias ne relaient pas, mais il y a des choses magnifiques, que je trouve parfois plus intéressantes que ce que certaines radios commerciales peuvent nous envoyer. C’est la musique authentique. Il y a un côté authentique à Lyon, mais qui doit être la même chose dans les scènes locales des autres villes, où les artistes croient en ce qu’ils font, ils travaillent leurs textes et leurs musiques, et ont des influences précises avec un vrai travail de recherche. Mais c’est pas la musique qui va être créée pour qu’un maximum de gens la digèrent.