Bertrand Tavernier, cinéaste-cinéphile lyonnais – Partie 2

PARCOURS EN PARALLÈLE DE LA RÉALISATION

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Depuis 1982, Bertrand Tavernier est président de l’Institut Lumière.

Au début des années 1960, il fonde avec des amis un ciné-club, le Nickel Odéon, pour promouvoir les genres dédaignés ou peu représentés comme les westerns, les films noirs ou les comédies musicales. Les critères de projection reposent uniquement sur la qualité des films, la variété des genres est étendue, ils veulent montrer le plus de films possible.

Après le bac, il devient critique à Cinéma 59 ou 60, puis il va créer un journal, avec des amis, appelé l’Étrave (revue d’étudiants sur le cinéma). Passionné d’écriture, il publie des livres sur le cinéma notamment l’éminent Amis américains. Il rédige beaucoup d’articles, un dictionnaire et écrit de nombreux scénarios.

FILMOGRAPHIE

Dans ses films, la fiction et le documentaire sont souvent mêlés. Tavernier imagine un cinéma personnel traitant, de manière radicale, des thèmes sociaux et politiques. Il fait énormément d’adaptations de livres, d’écrivains qu’il souhaite porter à l’écran. Il aborde tous les genres sauf le western et la comédie loufoque, malgré son admiration pour ces thèmes. Son œuvre met en avant le sujet de la famille, de la collectivité… mais aussi du temps qui passe, de la figure paternelle qui amène la transmission et la mémoire. L’auteur montre souvent des antihéros, des exclus ou des marginaux, des personnages qui font face à des réalités qu’ils doivent réussir à comprendre. Ses personnages sont toujours en mouvement, Tavernier est contre l’individualisme des films contemporains, il filme les personnages en plan large, au centre d’un groupe, rarement seuls, il filme le collectif et les rapports humains. Quantité de ses longs métrages sont appuyés sur des faits historiques, il y a beaucoup de films réalistes. L’auteur est engagé mais souhaite éviter le voyeurisme cinématographique et les jugements moraux, il se base principalement sur les relations émotionnelles, le rapport de la vérité et du mensonge. Avant tout, il souhaite troubler les codes, « obscurcir ce qui est clair et éclairer les zones d’ombre ». Selon lui, la violence est le sujet le plus intéressant pour un cinéaste. Il donne extrêmement d’importance aux lieux et à la musique (collaboration avec Sarde). Le réalisateur a tourné dans le monde entier (Asie, Afrique, Europe, Amérique) et a reçu de nombreuses récompenses.

arton911COLLABORATIONS

Bertrand Tavernier fréquente tout le monde du cinéma, il sera ami avec Volker Schlöndorff. Plus tard, il travaille avec Jean-Pierre Melville, il va devenir son protégé, ensemble, ils font maintes sorties, des virées nocturnes, des visionnages de films… Tavernier est ébloui par le réalisateur qu’il décrit comme à la fois dictatorial et fascinant, il va devenir son assistant sur certains films. Il travaille également avec Claude Sautet, avec qui il réalise ses premières interviews. Il se rapproche de nombreux critiques tels Tailleur ou Delahaye. Plus tard, il sera engagé comme attaché de presse par le producteur Georges de Beauregard (qui a produit, par exemple, les réalisateurs Godard ou Schoendoerffer). C’est avec lui qu’il commence à faire ses débuts de cinéaste pour deux films à sketchs, qui sont très éloignés de la Nouvelle Vague et plus proche du cinéma américain. Il va côtoyer par la suite Godard, Chabrol, Belmondo, Demy… Il est ami avec Resnais et Rissient, et travaille avec ce dernier pour mettre en valeur les films qui méritent de la reconnaissance et qui sont méconnus. Le réalisateur va faire des rencontres avec des monuments du cinéma américain  tels que John Ford, Don Siegel, Clint Eastwood (à qui il remet le premier Prix Lumière à Lyon), Quentin Tarantino, Stanley Kubrick… Il sera même attaché de presse pour Howard Hawks et Raoul Walsh. Il effectue plusieurs collaborations avec Philippe Noiret et travaille avec des actrices comme Isabelle Huppert, Nathalie Baye, Romy Schneider… Il fait également des films avec des grands acteurs américains : Harvey Keitel, Tommy Lee Jones ou encore John Goodman.

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Grand spécialiste et amoureux du cinéma français et américain, Bertrand Tavernier est un cinéaste qui marque l’histoire, qui aborde le monde de façon très humaine et qui représente mondialement la passion cinéphile lyonnaise.