Bertrand Tavernier, cinéaste-cinéphile lyonnais – Partie 1

 Bertrand Tavernier est un des plus grands cinéphiles français et le metteur en scène lyonnais le plus influent de l’histoire. Né en 1941 à Lyon, il est à la fois réalisateur, historien du cinéma, auteur, attaché de presse et président de l’Institut Lumière.

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LYON

La ville de Lyon est récurrente dans sa filmographie.

En 1988, il réalise un documentaire dessus : Lyon, le regard intérieur. Son premier long métrage se déroule également dans sa ville natale : L’Horloger de Saint-Paul, il y présente d’ailleurs le restaurant réputé Le Garet (1er arrondissement) qui était un lieu de la Résistance lyonnaise. Son père, René Tavernier, a eu par ailleurs un rôle actif dans la Résistance et a participé à la Libération de Villeurbanne.

Dans chacun de ses films, il y a des références lyonnaises, par exemple dans Le Juge et l’Assassin, il évoque Vinatier. Il souligne l’importance de la lumière extraordinaire de Lyon notamment dans Une semaine de vacances, il en aime les intérieurs, les allées, les immeubles, les appartements…

Dans un ouvrage dirigé par Noël Simsolo, Le Cinéma dans le sang, il décrit les cinémas lyonnais qu’il a fréquentés : il y avait des cinémas avec des salles spécialisées dans l’érotisme soft qui présentaient un strip-tease à l’entracte, des salles où l’on mangeait, où l’on se tenait debout, celles avec des loges pour les couples… Mais surtout les cinémas qui passaient des films clandestinement, ceux qui étaient attaqués par la censure. Tavernier est un grand amoureux de la ville Lumière, il s’est longtemps battu pour la mettre en avant (notamment face à la concurrence parisienne dans le domaine de la culture). Avant lui, il n’y avait rien pour les frères Lumière, aucune cinémathèque, pour la cité qui a vu naître le septième art, aucune institution n’existait. Grâce au soutien de Jacques Oudot (adjoint à la culture), ils ont pu mettre en valeur la station de métro de Monplaisir par exemple. Quant à l’Institut Lumière, ils voulaient un lieu qui éviterait le sectarisme, un endroit humain et vivant qui serait accessible à tous. Le Hangar recevra des critiques au tempérament opposé et projettera des films historiques, classiques ou oubliés.

CINÉPHILIE

On qualifie le réalisateur de cinéphage, comme pour Scorsese ou Tarantino en Amérique. Tavernier est avant tout un amoureux du cinéma, sa culture est immense et il considère qu’aucun genre, réalisateur ou époque ne soit pas digne d’intérêt. Il voue une grande admiration à John Ford et au western en général, il est aussi spécialiste de la Nouvelle Vague. Il passe une grande partie de sa vie au cinéma et à la cinémathèque, et écrira de nombreux ouvrages et articles en rapport avec les films.

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CULTURE

Bertrand Tavernier est un lecteur insatiable, il porte beaucoup d’écrivains à l’écran. Le cinéma l’amène aux livres, à la musique et au monde social. Il possède une prodigieuse culture littéraire. Sa curiosité lui ouvre le monde des arts, il est également très connaisseur de jazz. Il a longtemps étudié la société américaine qui le fascine depuis toujours.

ENGAGEMENTS ET COMBATS

L’auteur est très engagé politiquement, ancré à gauche, il lutte pour de nombreux faits sociaux (contre le sexisme, pour la mise en valeur du prolétariat…). Néanmoins, il assure que ses films ne sont pas politiques et ne visent pas à donner des jugements moraux.

Le plus grand combat mené par le réalisateur est la préservation du patrimoine culturel et la mise en valeur des œuvres oubliées ou méprisées. Durant une certaine époque, la censure au cinéma est une véritable plaie, de plus, Tavernier doit alors batailler contre la critique sectaire et élitiste. Il se bat pour la défense et la réhabilitation de nombreux cinéastes et écrivains. Il défend aussi le droit d’auteur, il est pour l’authenticité, la mémoire de tous les films de l’histoire sans exception et contre le mercantilisme des sociétés de production.

À demain pour la deuxième partie de l’article dédiée à son parcours, sa filmographie et ses collaborations.